Le 14 décembre 2023
En accordant ce jeudi 14 décembre 2023 une audience au cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les causes des saints, le pape François a autorisé la promulgation des décrets reconnaissant deux miracles, le martyre de six serviteurs de Dieu ainsi que les vertus héroïques de trois personnes, dont deux laïcs.
Parmi les deux bienheureux pour lesquels un miracle, dû à leur intercession, a été reconnu, il y a une carmélite déchaussée espagnole, Anne de Jésus, née Ana de Lobera y Torres (1545-1621). Elle est fondatrice du Carmel dans plusieurs villes européennes, dont Bruxelles, ou le monastère des carmélites est présent depuis 1607 jusqu’à aujourd’hui.
La rencontre avec Thérèse d’Avila
Ana de Lobera y Torres naît le 25 novembre 1545 à Medina del Campo. « Elle grandit sourde et muette et se met à parler à sept ans. Elle est orpheline très jeune », lit-on dans sa biographie publiée sur le site des carmélites de Bruxelles.
Son père spirituel, P. Pedro Rodriguez, lui parle de Thérèse d’Avila et de ses fondations. Thérèse elle-même l’invite à entrer au carmel San Jose d’Avila, où elle est prieure. « Ana prend l’habit le 1er août 1569. En novembre 1570, elle part avec Thérèse pour fonder à Salamanque où elle fait profession. » En route, à Mancera, Ana rencontre Jean de la Croix.
En 1571, elle fait profession perpétuelle. Quatre ans plus tard, elle devient prieure au Carmel de Beas.
Dans sa biographie, on lit : « Avant de partir pour Séville en mai 1575, Thérèse d’Avila échange son manteau blanc avec celui d’Anne de Jésus comme souvenir et héritage. Elles ne se reverront plus, mais la correspondance sera très abondante. »
En 1578, Anne est réélue prieure de Beas et en octobre de la même année, elle accueille Jean de la Croix après sa fuite du cachot de Tolède. Jean de la Croix dédie à Anne de Jésus la première rédaction de son Cantique spirituel en 1584.
« Le 4 octobre 1582, Thérèse meurt au monastère d’Alba de Tormes, lit-on sur le site. Son combat de la fondatrice du Carmel touche à sa fin. Le combat d’une autre fondatrice va commencer. Il sera long et rude. Son compagnon de lutte sera Jean de la Croix. »
En 1586, Anne est élue prieure du Carmel de Madrid. Vers 1587, elle prépare de Madrid les fondations de Valence et Huete.
En septembre 1594, Anne part pour Salamanque où elle est élue prieure en mars 1596.
Anne est nommée première prieure du Carmel à Paris, où le 18 octobre 1604 le monastère de l’Incarnation est inauguré.
Le 21 septembre 1605 est la date de la fondation du Carmel de Dijon par Anne de Jésus.
Le 25 janvier 1607, le Carmel de Bruxelles est fondé, avec Anne de Jésus comme prieure, Béatrice de la Conception comme sous-prieure, Léonor de Saint-Bernard comme maîtresse des novices.
Le 4 novembre 1607, Anne de Jésus fonde un Carmel à Louvain. En décembre 1607, elle part pour la fondation à Mons.
Les carmélites de Bruxelles
En mars 1611, les carmélites de Bruxelles sont transférées dans leur couvent définitif (22, rue de Lausanne).
En 1612, Anne de Jésus est réélue comme prieure de Bruxelles. Un an plus tard, commence sa « longue maladie ». En 1615, Anne « est confirmée dans sa charge de prieure pour la 3e fois à la demande des archiducs et de la communauté contre sa volonté ». En 1618, elle est réélue prieure pour la 4e fois.
Le 2 mars 1621, Anne de Jésus se confesse une dernière fois au P. Hilaire de Saint-Augustin.
Le 4 mars 1621, elle meurt au Carmel de Bruxelles.
Le procès de canonisation
Déjà dans les années 1621-1642 le procès de canonisation s’ouvre dans les diocèses de Malines, Tournai, Cambrai, Arras et Anvers, mais il ne va pas très loin.
L’infante Isabelle Claire Eugénie, gouvernante des Flandres, « charge dom Angel Manrique, abbé des moines Bernardins d’Espagne, de rédiger la biographie d’Anne de Jésus qui est publiée en 1632 ».
En 1872, P. Berthold-Ignace de Sainte-Anne, carme de Bruxelles et définiteur général, fait débloquer le procès de canonisation. Il rédige une biographie documentée en deux volumes (1876-1882) et un guide des documents sur Anne de Jésus. Il réussit même à porter lui-même la cause jusqu’à l’introduction canonique à la Congrégation des rites en 1878.
En 1904 est donné le décret sur la validité du Procès apostolique « sans pour autant déclarer l’héroïcité des vertus ».
Au chapitre général de l’Ordre des carmes déchaux à Rome en 1991, il est demandé l’introduction de la cause en béatification d’Anne de Jésus.
Le 28 novembre 2019, le pape François reconnaît les vertus héroïques d’Anne de Jésus, la déclarant vénérable.
Photo : portrait d’Anne de Jésus, le XVII siècle
