Le miracle attribué à l’intercession du serviteur de Dieu Camille Costa de Beauregard (1841-1910), prêtre français, a été reconnu par le Vatican. « Éducateur et défenseur des orphelins », lit-on sur le site des salésiens à qui a été confiée la postulation de la cause du P. Costa de Beauregard, « il avait un cœur noble, capable d’aimer ceux qui étaient rejetés et blessés par la vie et de leur donner des raisons et de l’espoir pour la vie, inspirés par le Système préventif de Don Bosco ».
L’Église catholique reconnaît en tout trois miracles, seize martyres et sept nouveaux vénérables : le pape François a en effet autorisé le Dicastère pour les causes des saints à promulguer douze décrets en recevant le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère, ce jeudi 14 mars 2024.
Le miracle
Il s’agit d’une guérison d’un petit garçon, René Jacquemond, de Chambéry, qui a eu lieu en octobre 1910. Le 30 mars 2023, la Consulte médicale du Dicastère pour les causes des saints a reconnu comme inexplicable cette guérison d’une « kératoconjonctivite intense avec atteinte de la cornée, forte injection périchératique, rougissement et injection de la conjonctive, photophobie et larmoiement de l’œil droit dus à un traumatisme violent par un agent végétal-bardane. »
En 1904, à l’âge de 5 ans, René Jacquemond entre à l’Orphelinat du Bocage de Chambéry fondé par P. Costa de Beauregard. « Le 26 septembre 1910, alors qu’il était en route vers Chambéry avec ses compagnons, jouant à lancer les fruits épineux de la Bardane (genre Arctium), René fut frappé à l’œil droit par l’un d’eux. » Il est soigné à son retour à l’orphelinat, mais quelques jours plus tard, la sœur infirmière Joséphine Rigaud constate qu’il n’y a pas d’amélioration et le conduit chez l’ophtalmologiste Amédée Denarié qui trouve « la situation grave ».
Le 20 octobre suivant, alors que la gravité de la blessure persiste, Sr Rigaud entame « une neuvaine d’invocation au regretté chanoine de Beauregard, fondateur de l’Institut ». Le garçon blessé et toute la communauté sont impliqués dans la neuvaine.
Le 26 octobre, septième jour de la neuvaine, l’œil semble « s’être aggravé » : le lendemain, la sœur « applique sur l’œil blessé un morceau de tissu qui avait touché les objets utilisés par le regretté abbé de Beauregard, décédé quelques mois plus tôt ».
« Le 28 octobre, dernier jour de la neuvaine, au matin, en retirant le morceau de tissu par lequel elle avait pansé l’œil blessé, on se rendit compte que l’œil était guéri. »
Le 2 novembre 1910 à 9h30 l’ophtalmologiste Denarié constate que « l’œil est complètement guéri : aucune trace d’inflammation sur la conjonctive qui avait retrouvé sa couleur blanche normale, la cornée avait retrouvé sa brillance et son aspect naturel. »
Notes biographiques
Camille Costa de Beauregard est né le 17 février 1841 à Chambéry en Savoie, dans une famille noble. Il est le fils du marquis Pantaléon, haut parlementaire turinois et homme très pieux. « Sa mère, Marthe de Veyrac, amenait régulièrement ses neuf enfants partager leur goûter avec les élèves de l’école-hôpital construit par leur père dans le domaine. »
Le jeune Camille s’éloigne de l’église, passant son temps « avec la jeunesse dorée de Chambéry ». « Mais un jour, alors qu’il est âgé de 22 ans et qu’il a brillamment réussi ses études de philosophie, il est attiré à entrer dans la cathédrale de Chambéry : ce jour signe son retour à la foi. Dès lors, sa vie change. »
En septembre 1863, il entre au séminaire français de Rome, « où il sera ordonné prêtre, après avoir refusé de hautes fonctions ecclésiastiques ». Il revient à Chambéry quatre ans plus tard, décidant « de se consacrer aux ouvriers » et créant « pour eux une caisse d’aide mutuelle ».
Quand, en août 1867, le choléra s’abat sur Chambéry, le prêtre « recueille plusieurs orphelins chez lui. Mais très vite, la place manque ; le comte de Boigne, notable de la région, lui offre alors l’ancien bâtiment des douanes pour loger les orphelins : le Bocage ».
L’orphelinat s’agrandit et accueille « jusqu’à 125 pensionnaires ». Père Costa de Beauregard « s’inspire de la pédagogie de Don Bosco, qu’il va voir à Turin les 28 et 29 mai 1879 ». « Il veille particulièrement à l’éducation des pensionnaires : dès l’âge de 13 ans, les garçons apprennent le métier de jardinier dans les serres du domaine, et aux travaux de la ferme. Dès la fin de leur apprentissage, le prêtre chambérien leur trouve un emploi de jardinier. »
« Fatigué, malade, il s’éteint le 25 mars 1910. »
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