Si vous voulez vraiment vous libérer du péché, dites « ça suffit » en présence de Dieu, tel est le conseil du cardinal Cantalamessa. Dites-lui : « Seigneur, tu connais bien ma fragilité. Me fiant donc uniquement à ta grâce, je te dis que, désormais, je veux me passer de ce contentement, de cette liberté, de cette amitié, de cette rancœur, de ce subterfuge financier, bref, de ce péché que toi et moi connaissons si bien. Je dis « ça suffit » et je viens recevoir ton pardon sacramentel. »
« Vous pouvez tomber de nouveau, explique le cardinal, mais pour Dieu, quelque chose a changé: votre liberté est de son côté. Vous êtes désormais deux à lutter ensemble. Vous verrez combien il est bon de vivre libéré de l’esclavage du péché, en paix avec Dieu et avec soi-même.»
C’est ce que le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, a dit dans son exhortation pour la quatrième méditation des exercices spirituels de Carême, le 22 février dernier. Le cardinal s’est appuyé sur l’Évangile de saint Jean, citant une conversation du Christ avec la femme adultère, après que ses accusateurs sont partis: « »Femme, personne ne t’a condamnée? » « Personne, Seigneur ». « Moi non plus, je ne te condamne pas, et désormais ne pèche plus » » (Jn 8, 10-11).
Cette conversation, explique le cardinal Cantalamessa, porte à une réflexion : « Chacun de nous, s’il s’examine attentivement, se rendra compte qu’à côté des nombreux péchés qu’il commet, il y en a un qui est différent des autres. » Il s’agit du péché auquel on est secrètement un peu attaché, ajoute-t-il.
Le prédicateur cite l’exemple de saint Augustin, qui dans les Confessions, décrit sa lutte pour se libérer du péché de sensualité. Il y a eu un moment, raconte le cardinal, où saint Augustin priait Dieu en disant: « ‘Accorde-moi la chasteté et la continence…’, mais – une petite voix intérieure lui dit – pas tout de suite, s’il te plaît! C’est alors qu’il s’écria: ‘Pourquoi demain? Pourquoi pas maintenant?’ Il lui a fallu dire en lui-même, ‘ça suffit’, pour se sentir libre », affirme le cardinal Cantalamessa.
Photo : La conversion de saint Augustin, Fra Angelico, vers 1430, musée Thomas-Henry de Cherbourg-en-Cotentin, France