Les stigmates de saint François sont « le signe de la victoire pascale: c’est précisément à travers les plaies que la miséricorde du Crucifié ressuscité, comme à travers des canaux, coule jusqu’à nous », a déclaré le pape François en recevant en audience ce vendredi 5 avril 2024 les Franciscains de l’Alverne et de Toscane à l’occasion des 800 ans des stigmates de saint François d’Assise (le 17 septembre 1224).
« Ils rappellent la douleur subie pour notre amour et notre salut par Jésus dans sa chair », a dit le pape. Il a souligné que « le chrétien est en conséquence appelé à s’adresser de manière particulière aux ‘stigmatisés’ qu’il rencontre: ceux qui sont ‘marqués’ par la vie, qui portent les cicatrices de la souffrance et de l’injustice subie ou des erreurs commises ».
« Et dans cette mission, a poursuivi le pape, le saint de l’Alverne est un compagnon de chemin, qui nous soutient et nous aide à ne pas nous laisser écraser par les difficultés, les peurs et les contradictions, les nôtres et celles des autres. »
Le saint de l’Alverne
L’Alverne, dans les Apennins toscans, est le lieu où saint François a reçu les stigmates le 17 septembre 1224. Le complexe monastique comprend aujourd’hui la petite église de Santa Maria degli Angeli construite par saint François lui-même, le couloir et la Chapelle des Stigmates ainsi que la Basilique dédiée à Santa Maria Assunta.
Tout a commencé au début du XIIIe siècle lorsque saint François a rencontré le comte Orlando Cattani, le seigneur féodal qui a décidé de donner la montagne de l’Alverne au frère. Le sanctuaire se dresse sur un rocher entouré de la forêt du Casentino.
Le grand poète italien Dante Alighieri a exprimé son admiration pour le saint de l’Alverne dans sa Divine comédie (Paradis, chant XI, vv.106-108) ou il a fait référence aux stigmates que François avait reçus deux ans avant sa mort :
« … il prêcha le Christ et ceux qui le suivirent,
ne trouvant pas mûr pour la conversion
les gens, et pour ne pas rester en vain,
il revint cueillir le fruit de l’herbe italique;
sur l’âpre rocher entre Tibre et Arno,
du Christ il reçut l’ultime sceau,
porté deux années sur ses membres. »
Les stigmates
Du latin « stigma » (« piqûre au fer rouge »), les stigmates sont les plaies infligées au Christ lors de sa Passion. L’apparition de stigmates chez un mystique qui désire ardemment s’identifier aux souffrances du Christ est un phénomène connu depuis le XIII siècle. Saint François d’Assise est en effet le premier saint de l’histoire à recevoir les stigmates.
Le célèbre théologien suisse du XXe siècle, Hans Urs von Balthasar, a vu dans cet événement « une expression de l’amour du Crucifié ». Dans son livre La gloire et la Croix, Balthasar a écrit: « L’amour de l’homme amollit la cire du cœur, l’amour de Dieu y imprime son sceau. » Saint François reçoit les stigmates dans un moment d’extase, qui « n’est pas un survol ni un abandon du monde, mais l’ouverture du monde à Dieu ou, plus exactement, la manifestation du fait que le monde est déjà embrassé par Dieu », note Balthasar.
Le franciscain Éric Bidot explique que « ces marques des clous de Jésus imprimées dans la chair de François, nous pouvons les comprendre comme les signes – ou sceau – de la conformité de la vie de François avec celle de Jésus. François a cherché à aimer et, dans son initiative gratuite, Dieu a comme confirmé cet amour par ces signes visibles ».
L’ouverture solennelle des célébrations des 800 ans des stigmates de saint François a eu lieu le 5 janvier dernier à l’Alverne.
Photo : franciscains.fr