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Lourdes : les mosaïques du P. Rupnik, accusé d’agressions sexuelles, ne seront «plus mises en valeur»

Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes, a décidé que les mosaïques créées par un prêtre et artiste slovène Marko Rupnik, accusé par cinq femmes d’agressions sexuelles, « ne seraient plus mises en valeur comme elles l’étaient jusqu’à présent par les jeux de lumière lors de la procession mariale qui rassemble les pèlerins chaque soir ». « C’est un premier pas », explique l’évêque dans un communiqué rendu public le 2 juillet 2024. « Les pas suivants » suivront.

Selon l’« avis personnel » de Mgr Micas, « il serait préférable de déposer ces mosaïques ». Voici comment il explique son opinion : « De nombreuses personnes victimes de violences sexuelles et d’abus de la part de clercs ont en effet manifesté leur souffrance et la violence que constituait désormais pour elles cette exposition. »

L’évêque de Tarbes et Lourdes affirme que son « rôle est de veiller à ce que le Sanctuaire accueille tout le monde, et tout particulièrement ceux qui souffrent ; parmi eux les personnes victimes d’abus et d’agressions sexuelles, enfants et adultes ». « À Lourdes, poursuit-il, les personnes éprouvées et blessées qui ont besoin de consolation et de réparation doivent garder la première place. C’est la grâce propre de ce Sanctuaire : rien ne doit les empêcher de répondre au message de Notre-Dame invitant à y venir en pèlerinage ». Cependant, à « beaucoup » « cela est devenu impossible » à cause de la présence des mosaïques de Rupnik, souligne Mgr Micas.

Dans son communiqué, l’évêque de Tarbes et Lourdes raconte qu’une commission spéciale a été créée « pour discerner la réponse à apporter à cette question difficile » : « Parmi les membres de cette commission, écrit-il, se trouvaient des personnes victimes (françaises et de nationalité étrangère), mais aussi des experts spécialistes de l’art sacré, juristes, personnes engagées dans la prévention et la lutte contre les abus, chapelains de Lourdes. La commission a travaillé depuis novembre 2023 jusqu’à maintenant. »

L’évêque lui-même a lu et écouté « les avis de très nombreuses personnes qui ont voulu d’elles-mêmes » lui « envoyer leur contribution : cardinaux et évêques, artistes, juristes, personnes victimes, pèlerins, etc… » Mgr Micas constate que « les avis sont très partagés et souvent clivés », « aucune proposition ne fait consensus » et « les prises de position sont vives et passionnées ».

Pour l’évêque, son « opinion personnelle est désormais claire : cette situation n’a rien à voir avec d’autres œuvres dont l’auteur et les victimes sont décédés, parfois depuis plusieurs siècles. Ici, les victimes sont vivantes et l’auteur l’est aussi ». Il a également « compris au fil des mois qu’il n’était pas » de sa « responsabilité de raisonner à partir du statut d’une œuvre d’art, de sa ‘moralité’ qu’il faudrait distinguer de celle de son auteur ».

L’évêque souligne qu’il lui « revient » en tant que « Gardien de la Grotte » « et au-delà de la question précise du devenir de ces mosaïques, d’avancer concrètement, encore et toujours dans l’accueil des personnes victimes et de toutes les personnes blessées, fragiles et pauvres à Lourdes ».

Rappelons que les mosaïques créées par Marco Rupnik ornent l’entrée de la basilique Notre-Dame du Rosaire depuis 2008. Elles ont été installées à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette.

Photo : fr.tripadvisor.ca

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