Évoquant le Jubilé extraordinaire de la miséricorde, le pape François déclare que « nous ne devons jamais penser que l’un de nos péchés, l’une de nos erreurs ou l’une de nos actions puisse nous éloigner définitivement du Seigneur ». « Son cœur a déjà été crucifié pour nous, écrit-il. Et Dieu ne peut que nous pardonner. »
Ce sont les paroles du pape tirées de sa préface du livre de Dale Recinella, ancien avocat et aumônier laïc américain, qui accompagne spirituellement depuis 1998 les condamnés à mort dans les prisons de Floride, indique Vatican News. Intitulé « Un chrétien dans le couloir de la mort. Mon engagement aux côtés des condamnés », l’ouvrage est publié par Libreria Editrice Vaticana (LEV) et sort le mardi 27 août 2024.
Dans la préface, le pape affirme – comme il a déjà fait à plusieurs reprises – que « la peine de mort n’est en aucun cas la solution à la violence qui peut s’abattre sur des innocents ». « Les exécutions, écrit-il, loin de rendre justice, nourrissent un sentiment de vengeance qui se transforme en un poison dangereux pour le corps de nos sociétés civilisées. » Le pape appelle « les États » à « se préoccuper de donner aux prisonniers la possibilité de changer véritablement de vie, plutôt que d’investir de l’argent et des ressources pour les réprimer, comme s’ils étaient des êtres humains qui ne méritent plus de vivre et dont il faut se débarrasser ».
Le pape cite un extrait du roman « L’Idiot », de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski, qui « résume impeccablement l’insoutenabilité logique et morale de la peine de mort, en parlant d’un homme condamné à la peine capitale ». « C’est une violation de l’âme humaine, rien d’autre! écrit Dostoïevski. On dit: « Tu ne tueras pas », et au lieu de cela, parce qu’il a tué, d’autres le tuent. Non, c’est quelque chose qui ne devrait pas exister. »
Le pape caractérise « l’action » de Dale Recinella, comme « une mission très complexe, risquée et ardue » qui « touche au mal dans toutes ses dimensions: le mal fait aux victimes, qui ne peut être réparé; le mal que vit le condamné, qui se sait destiné à une mort certaine; le mal qui, avec l’application de la peine capitale, est instillé dans la société ».
Le pape souligne également que « cette infinie miséricorde divine » qui « pardonne tout » « peut aussi scandaliser, comme elle a scandalisé tant de gens à l’époque de Jésus, quand le Fils de Dieu mangeait avec les pécheurs et les prostituées ». Il note que « Frère Dale lui-même fait face à des critiques, des remontrances et des rejets pour son engagement spirituel auprès des condamnés ». « Mais n’est-il pas vrai que Jésus a accueilli dans ses bras un voleur condamné à mort? se demande le pape. Bien, Dale Recinella a réellement compris et témoigne de sa vie, chaque fois qu’il franchit la porte d’une prison, en particulier celle qu’il appelle « la maison de la mort », que l’amour de Dieu est sans limite et sans mesure. Et que même le plus grand de nos péchés ne défigure pas notre identité aux yeux de Dieu: nous restons ses enfants, aimés par lui, chéris par lui et considérés comme précieux. »
Photo : amnistie.ca