Entretien avec le cardinal Ignazio Suharyo de Jakarta
À l’approche de la visite du pape François en Asie du Sud-Est et en Océanie, du 2 au 13 septembre prochains, le cardinal Ignazio Suharyo de Jakarta, en Indonésie, affirme que les relations des catholiques « avec la communauté islamique sont très bonnes ». « L’islam est arrivé en Indonésie non pas par les armes, raconte-t-il dans l’entretien avec l’agence vaticane Fides, mais par le commerce », et il a « un visage spécifique que nous appelons ‘Islam Nusantara’, c’est-à-dire l’islam de l’archipel ». C’est un islam « très indonésien », ajoute-t-il : « C’est-à-dire profondément tolérant, profondément accueillant, qui sait construire la fraternité et qui s’engage dans un ‘dialogue de vie’. »
Le pape François séjournera dans la capitale indonésienne Jakarta du 3 au 6 septembre 2024, avant de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour, dans le cadre de son 45e voyage apostolique. Selon le recensement officiel de 2010, indique Wikipédia, 87,2 % des Indonésiens sont musulmans, 7 % protestants, 2,9 % catholiques, 1,7 % hindouistes.
Le cardinal Suharyo souligne une « relation harmonieuse » entre catholiques et musulmans qui « remonte » « à l’origine de la nation et a été maintenue depuis ». L’« emplacement de la cathédrale et de la mosquée Istiq’lal », selon lui, représente « le symbole de cette relation », à Jakarta. Elles « se font face pour transmettre à tous un message de dialogue fructueux et d’harmonie », explique le cardinal Suharyo. « La cathédrale a été construite au début des années 1900, puis la mosquée a été intentionnellement construite en face », raconte-t-il. Sukarno, « le premier président, voulait qu’elle soit construite à cet endroit pour deux raisons : un château hollandais se trouvait sur ce terrain et le souvenir du colonialisme était ainsi remplacé ; deuxièmement, la présence de la cathédrale et de la mosquée sur la grande place de l’indépendance deviendrait un symbole puissant de notre harmonie religieuse. C’est un symbole de notre amitié. »
Le cardinal ajoute aussi qu’ « en tant qu’archevêque », il a « un lien d’estime et d’amitié avec l’imam de la mosquée ». « Mais même au niveau des gens ordinaires, les relations sont bonnes, affirme-t-il : il y a une atmosphère de partage et d’amitié qui se manifeste lors des fêtes religieuses respectives. » Il cite quelques exemples : « Lors de la fête islamique du sacrifice, chaque année, en tant que communauté catholique, nous offrons à la communauté musulmane d’en face une vache, et l’imam ne manque pas de dire aux fidèles que c’est notre cadeau, ‘il vient de nos frères’ …. Lors de nos fêtes de Noël et de Pâques, les croyants musulmans viennent à l’église, saluent les gens et leur offrent des vœux : une pratique qui est devenue courante dans de nombreuses églises indonésiennes, et pas seulement ici. Ce sont des gestes qui sont diffusés dans les médias et qui racontent l’âme de l’Indonésie. »
Photo : © Adobe stock, la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption et la mosquée Istiqlal, Jakarta