La Conférence des évêques de France « tient à dire son effroi » face à de « nouvelles révélations » « mettant en cause l’abbé Pierre » (1912-2007) et « faisant état en particulier d’agressions sexuelles sur des jeunes filles mineures », indique un communiqué de la CEF publié vendredi 6 septembre 2024. La CEF exprime « surtout sa profonde compassion envers toutes les personnes victimes de ces agissements ». Elle « comprend les décisions prises par les trois organisations d’Emmaüs concernant la référence à l’abbé Pierre ».
Le même jour, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont rendu publics « de nouveaux faits graves commis par l’abbé Pierre » et ont annoncé « plusieurs mesures relatives à la place de l’abbé Pierre au sein de leurs organisations ».
En juillet dernier, lit-on dans un communiqué conjoint de ces trois organismes, après avoir reçu « des témoignages de plusieurs femmes faisant état de comportements qui peuvent être qualifiés d’agression ou de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005 », Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont « mis en place un dispositif d’écoute géré par le groupe Egaé ». Ce dispositif « a reçu de nombreux témoignages concernant des agissements de l’abbé Pierre » et dont 17 témoignages sont présentés dans une synthèse élaborée par Egaé. Ils « concernent des violences sexuelles commises par l’abbé Pierre sur des femmes mineures et majeures. Ces témoignages s’ajoutent aux 7 rendus publics en juillet 2024 ».
« La violence et l’extrême gravité de certains de ces nouveaux témoignages ont suscité un nouveau choc au sein de nos organisations », indique un communiqué citant un extrait de la synthèse du rapport d’Egaé :
“La majorité des témoignages font état de comportements qui ressemblent à ceux identifiés dans les premiers récits transmis au groupe Egaé [en juillet 2024]. Il s’agit de contacts non sollicités sur les seins ou de baisers forcés. Plusieurs témoignages font état de faits graves d’une autre nature : des contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable, des actes répétés de pénétration sexuelle sur une personne de plus de 18 ans, ainsi que des propos à caractère sexuel, baisers forcés et autres contacts sexuels sur une enfant. Les faits décrits se sont déroulés des années 50 aux années 2000.“
Dans leur communiqué, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre réaffirment leur « soutien total aux victimes » : « Nous saluons leur courage et les remercions de leur confiance. Nous les croyons et nous sommes à leurs côtés. »
Le dispositif d’écoute et d’accompagnement mis en place dès juillet restera ouvert et disponible jusqu’à la fin de l’année 2024.
La Fondation Abbé Pierre change de dénomination
Le Mouvement Emmaüs « a pris plusieurs décisions qui seront mises en œuvre dans les plus brefs délais. Elles concernent l’héritage de l’abbé Pierre, sa place au sein des organisations et la pérennité des missions du Mouvement » :
« La Fondation Abbé Pierre a décidé de changer de dénomination et a initié les démarches prévues à cet effet.
Le conseil d’administration d’Emmaüs France a décidé de proposer le retrait de la mention « fondateur abbé Pierre » du logo d’Emmaüs France à l’occasion d’une Assemblée générale extraordinaire, qui se réunira au mois de décembre prochain.
Le lieu de mémoire dédié à l’Abbé Pierre à Esteville restera définitivement fermé, et l’avenir du centre fera l’objet d’un travail collectif entre ses différentes organisations membres au cours des prochaines semaines.
Sous la conduite d’Emmaüs International, une commission d’expert.e.s indépendant.e.s sera constituée, afin notamment de comprendre et d’expliquer les dysfonctionnements qui ont permis à l’abbé Pierre d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans.
Notre Mouvement sait ce qu’il doit à l’abbé Pierre. Il a inspiré nos organisations et les a incarnées durant de nombreuses années. Il a porté une voix, un élan, qui ont entraîné des vagues de solidarité. L’importance de son action constitue un fait historique. »
Photo : le site de la CEF