En discutant avec les étudiants de l’Université catholique de Louvain en Belgique, le pape François a déclaré que « la femme est au cœur de l’événement salvifique ». « C’est par le “oui” de Marie que Dieu en personne vient dans le monde, a-t-il rappelé. La femme est accueil fécond, soin, dévouement vital. C’est pourquoi la femme est plus importante que l’homme, mais il est mauvais que la femme veuille faire l’homme : non, elle est femme, et c’est “lourd”, c’est important. »
Le pape a visité l’Université de Louvain, qui célèbre les 600 ans de la création, et a rencontré la communauté universitaire, samedi 28 septembre 2024. « À cette occasion, lit-on sur le site de UCLouvain, un groupe de 50 étudiant·es, scientifiques et académiques lui a transmis une lettre, lue sur la scène de l’Aula Magna par la dramaturge Geneviève Damas. L’objectif de cette lettre était d’initier un dialogue avec le pape au sujet des préoccupations autour des transitions qui animent la communauté UCLouvain : l’éco-anxiété, les inégalités, les racines philosophiques, la place des femmes dans la société et la sobriété. »
Le pape affirme que « le rôle de la femme dans l’Église » est un « thème » qui lui « tient à cœur ». « Les violences et les injustices pèsent lourd ici, ainsi que les préjugés idéologiques », souligne-t-il, proposant de « redécouvrir le point de départ : qui est la femme et qui est l’Église ? »
« L’Église est femme, déclare le pape. L’Église est une femme, elle n’est pas “il” Église, elle est “la” Église, elle est l’épouse. » Et il poursuit : « L’Église est le peuple de Dieu, pas une entreprise multinationale. La femme, dans le peuple de Dieu, est fille, sœur, mère. Comme moi je suis fils, frère, père. Ce sont les relations qui expriment notre être à l’image de Dieu, homme et femme ensemble et non pas séparément ! »
Citant une Lettre Mulieris dignitatem sur la dignité et la vocation de la femme de saint Jean-Paul II, le pape François souligne que « les femmes et les hommes sont des personnes, et non des individus ; ils sont appelés dès le “commencement” à aimer et à être aimés. Une vocation qui est mission. D’où leur rôle dans la société et dans l’Église ».
Le pape François explique un des mots-clés qui aide à comprendre le thème en question, celui de « la dignité » : « Ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n’est pas déterminé par le consensus ou les idéologies, note-t-il. Et la dignité est garantie par une loi originelle, non pas écrite sur le papier, mais dans la chair. La dignité est un bien inestimable, une qualité originelle qu’aucune loi humaine ne peut donner ou enlever. À partir de cette dignité, commune et partagée, la culture chrétienne élabore de manière toujours renouvelée, dans différents contextes, la mission et la vie de l’homme et de la femme et leur être mutuel, dans la communion. Non pas l’un contre l’autre, ce qui serait du féminisme ou du maculinisme et non pas dans des revendications opposées, mais l’homme pour la femme et la femme pour l’homme, ensemble. »
En concluant sa brève réflexion sur le rôle de la femme, le pape François invite à ouvrir « les yeux sur les nombreux exemples quotidiens d’amour, de l’amitié au travail, de l’étude à la responsabilité sociale et ecclésiale ; de la vie conjugale à la maternité, à la virginité pour le Royaume de Dieu et pour le service ». « N’oublions pas, je le répète : l’Église est femme, elle n’est pas homme, elle est femme », insiste le pontife.
À la suite de la rencontre avec le pape François, L’UCLouvain a publié un communiqué de presse dans lequel les universitaires expriment, entre autres, leur « incompréhension » et leur « désapprobation quant à la position exprimée par le pape François concernant la place des femmes dans l’Église et dans la société ». Après avoir cité le pape qui dit que « la femme est accueil fécond, soin, dévouement vital », le communiqué souligne qu’il s’agit d’ « une position déterministe et réductrice face à laquelle l’UCLouvain ne peut qu’exprimer son désaccord », lit-on : « L’UCLouvain s’affirme comme université inclusive et est engagée dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Elle réaffirme sa volonté pour que chacune et chacun s’épanouisse en son sein et dans la société, quels que soient ses origines, son sexe ou ses orientations sexuelles. Elle appelle l’Église à emprunter le même chemin, sans aucune forme de discrimination. »
Photo : capture d’écran, Vatican Media, la rencontre à l’UCLouvain