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350 ans du diocèse de Québec : les quatre appels du cardinal Aveline

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, lance quatre appels à l’Église de Québec. Les voilà : « Église de Québec! » « Tiens-toi en priorité sur les lignes de fracture qui traversent la société québécoise aujourd’hui, qu’elles soient d’ordre économique, culturel ou religieux », aime « les hommes et les femmes qui constituent le Québec d’aujourd’hui, non pas un Québec rêvé, mais le Québec réel », « décentre-toi ! Mets au centre le Christ et les pauvres », « n’aie pas peur de te dépouiller de ce qui t’encombre et de t’attacher sans réserve au Christ dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, pour le salut du monde ».

Le cardinal français – nommé par le pape François comme son envoyé spécial pour les célébrations du 350e anniversaire de la création de l’archidiocèse de Québec, au Canada, fêté du 20 au 22 septembre 2024 – a prononcé une homélie à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec le dimanche 22 septembre. Le pape lui-même a salué l’anniversaire de la « fondation de l’illustre archidiocèse de Québec » dans une lettre rédigée en latin et adressée au cardinal Aveline.

Au cours de l’homélie, l’archevêque de Marseille s’est adressé à plusieurs reprises à l’« Église de Québec » : « Église de Québec, a-t-il dit, n’oublie pas que ta mission n’est pas de devenir un musée, afin de conserver un patrimoine ! Même s’il te revient de faire mémoire des actes des apôtres qui t’ont précédée sur cette terre … ta mission, aujourd’hui, c’est de te laisser, comme eux, envoyer sur les routes, ouverte à toutes rencontres. » Et il a poursuivi : « Prends ta part de la lutte contre l’injustice. Sois proche de ceux qui souffrent d’être abandonnés, incompris, rejetés, méprisés. Souviens-toi, comme le disait le saint Jacques dans son épître, que les guerres et les conflits proviennent, la plupart du temps, de la convoitise et de la jalousie. »

Le cardinal a invité à méditer « l’exemple » donné par le premier évêque de Québec, saint François de Laval, « qui multiplia les visites pastorales dans son immense diocèse pour se rendre proche, au prix de longues marches, épuisantes et périlleuses, de tous ces peuples divers, en particulier les autochtones, que le Seigneur lui confiait ». Il a rappelé que « beaucoup, parmi les Québécois d’aujourd’hui, ne connaissent pas le Christ, ou, ce qui est pire, n’en connaissent que des caricatures ». Le cardinal a appelé l’Église de Québec à les aider : « À vous d’écouter avec patience leurs joies et leurs tristesses, leurs espoirs et leurs angoisses, a-t-il dit, à vous de les porter dans votre prière et de leur offrir la force qui vient du Christ et que vous recevez à chaque eucharistie. »

« Église de Québec, a poursuivi le cardinal français, c’est bien d’élaborer des projets missionnaires, mais ne reste surtout pas rivée sur tes problèmes internes d’organisation. Décentre-toi ! Mets au centre le Christ et les pauvres : ainsi, tu es sûre de ne pas te tromper ! »

L’envoyé du pape a souligné que l’Église québécoise ne devait pas « rester bloquée sur une culpabilité morbide » : « Le pèlerinage pénitentiel du pape François t’a encouragé à scruter les traces du désir de Dieu dans l’histoire culturelle et religieuse de l’humanité, spécialement chez les peuples autochtones, a-t-il noté. Continue ce travail, sans rester bloquée sur une culpabilité morbide, mais en ayant le courage, après avoir reconnu tes torts, d’aller avec joie à la découverte du travail de l’Esprit dans ces cultures qui, certes, ne sont ponctuées d’aucun signe chrétien, mais qui peuvent cependant t’aider, et aider toute l’Église, à découvrir comment le mystère de Dieu est encore plus grand que ce que l’on croyait savoir à son sujet. C’est cela, apprendre à devenir catholique ! »

Évoquant le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, le card. Aveline a dit à l’Église de Québec : « N’oublie pas que ce mystère de salut te dépasse, car ‘l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal’, comme l’exprimaient nos pères au Concile Vatican II (Gaudium et spes, 22, 5). Mais n’oublie pas non plus que ce mystère de salut te requiert, car, avec tes précarités et tes faiblesses, avec tes errances et même tes déviances, Dieu t’a pourtant appelée à être, dans ce pays, le ‘sacrement du salut’, c’est-à-dire, dans le Christ, ‘le signe et le moyen de l’union intime de l’homme avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain’ (Lumen gentium, 1). »

Photo : capture, Webtélé ECDQ

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