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Le diaconat féminin dans le patriarcat d’Alexandrie: fake news?

Réponse du métropolite Job

Gabriel Klum

Le patriarcat d’Alexandrie aurait-il institué – restauré ? – un diaconat féminin? Le métropolite orthodoxe de Pisidie, Job (Getcha), coprésident de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, pour le patriarcat œcuménique, est en effet un « délégué fraternel » au synode. Il est également professeur à l’Université catholique de Paris. Il a répondu à une question sur les « diaconesses » lors d’une rencontre avec la presse organisée au Vatican le 10 octobre 2024.

Le métropolite a rappelé que « la question des diaconesses dans l’Église ancienne » est actuellement discutée au sein des Églises orthodoxes.

Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, en français, « le patriarcat d’Alexandrie a souhaité considérer que la restauration des diaconesses pourrait être prise en considération à cause des besoins missionnaires en Afrique, pour pastorale ».

Mais c’est « une décision unilatérale d’un évêque du patriarcat d’Alexandrie » qui a institué une femme diaconesse, et non pas plusieurs. Cette décision a suscité, a-t-il commenté, « des discussions » et elle a été « parfois critiquée ».

Le métropolite affirme en effet que d’une part « la question ne fait de consensus » au sein de l’orthodoxie, et que, d’autre part, contrairement à certaines affirmations qui ont circulé, les Églises en sont seulement à une « étape de discussion » sur la question.

La date de Pâques

Pour ce qui concerne la possibilité pour les Églises chrétiennes de célébrer Pâques à la même date, en Orient et en Occident, elle a été « évoquée », a-t-il précisé, lors du concile de l’Église orthodoxe en Crête en 2016, puis elle a été « enlevée de l’ordre du jour ».

Or, la question a été reposée à l’approche des « 1700 ans du concile œcuménique de Nicée ».

Rappelons que le premier concile de Nicée est un concile général des évêques de l’Empire romain qui s’est tenu à Nicée, en Bithynie (aujourd’hui İznik, en Turquie), du 20 mai au 25 juillet 325, sous l’égide de l’empereur Constantin Ier.

Surtout, il est considéré comme le premier concile œcuménique du christianisme primitif. Il forme en effet, avec le premier concile de Constantinople de 381, l’un des deux conciles considérés comme « œcuméniques » par l’immense majorité des Églises chrétiennes.

Le métropolite a par ailleurs rappelé qu’en fait, déjà, « tous les chrétiens déterminent la date de Pâques de la même manière », mais « avec des données de calendriers différents », ce qui donne par conséquent des « résultats différents ».

La question pourrait-elle être réglée? La préparation de la « célébration commune » de Pâques a été envisagée à la faveur de cet anniversaire de Nicée, mais pour le moment « aucune décision » n’a été prise, il s’agit uniquement d’un « souhait » de pouvoir « arriver à une date commune pour Pâques ».

Une ecclésiologie fondée sur le baptême

Pour ce qui concerne la « synodalité », il a constaté que le synode constitue une « mise en œuvre de la théologie de l’ecclésiologie de Vatican II »: « Le concile Vatican II a opéré une révolution copernicienne en ne commençant pas par le sommet de la pyramide, mais par la base, le peuple de Dieu. »

Il s’agit, a précisé le métropolite, d’une ecclésiologie « basée sur le baptême », et qui insiste « sur l’importance des baptisés dans l’Église ». Avec pour conséquence de « renvoyer au fait qu’il y a d’autres baptisés dans d’autres Églises chrétiennes ».

Voilà pourquoi, a-t-il souligné, Vatican II a ouvert « portes et fenêtres pour une ouverture au dialogue », avec « la mise en place de dialogues bilatéraux ».

Plus précisément, « avec l’Église orthodoxe, notre dialogue a passé plus de 20 ans sur la question de l’autorité, de la synodalité, de la primauté, des ministères » et dans ce sens, « le dialogue théologique bilatéral est profitable aussi pour rapprochement et la réconciliation et la vie interne de nos Églises ».

À propos du rapport entre primauté et synodalité, le métropolite Job a salué la « publication récente du recueil L’évêque de Rome ». Il a salué aussi « les autres dialogues bilatéraux avec d’autres Églises chrétiennes », car l’on peut « voir la convergence de ces dialogues bilatéraux ».

Il a fait notamment observer que « le dialogue catholique-orthodoxe a beaucoup approfondi la question » et « d’autres dialogues bilatéraux » aussi.

Les convergences ont été consignées dans le recueil  « L’évêque de Rome. Primauté et synodalité dans les dialogues oecuméniques et dans les réponses à l’encyclique Ut Unum sint » : c’est un document du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, publié le 13 juin 2024.

Il se trouve ici en français: http://www.christianunity.va/content/dam/unitacristiani/Collezione_Ut_unum_sint/The_Bishop_of_Rome/L%20Eveque%20de%20Rome.pdf

Pour le métropolite Job, « on voit les fruits de ce travail des dialogues dans L’Instrument de travail du synode: la primauté y est abordée dans le contexte de la synodalité à plusieurs niveaux ».

« Les dialogues bilatéraux peuvent contribuer à l’édification de l’Église aujourd’hui », a affirmé le métropolite.

Et il a expliqué: « Le dialogue bilatéral ne recherche pas simplement à trouver un accord, un compromis, mais il peut devenir la base de notre vie commune et nous conduire vers une Église chrétienne. »

La communion eucharistique

Pour ce qui est de « l’hospitalité eucharistique », la question de savoir si des catholiques peuvent communier lors de la sainte liturgie orthodoxe ou des orthodoxes lors de la messe catholique, il a précisé qu’en dehors du synode il y a 10 groupes de réflexion: la question y est évoquée.

Il a estimé que dans le cadre du caractère ecclésial de l’Église orthodoxe et de ses sacrements, « l’hospitalité eucharistique n’est pas un problème ».

Enfin, à une question sur la douloureuse fracture entre Moscou et Constantinople, il a tenu à préciser que la prise de position du patriarche de Moscou, Cyrille, n’est pas d’ordre « théologique », mais « politique », et que par conséquent « l’Église du Christ demeure » et le dialogue, « théologique », entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, « donne des bases solides pour l’avenir ».

Photo : © Capture Gabriel Klum, une rencontre avec la presse le 10 octobre 2024

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