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Le pape François autorise la publication du document final voté par le synode

Photo : © capture-Gabriel Klum; discours du pape François, le 26 octobre 2024

Gabriel Klum

Le pape François décide à la fois de publier le message voté par le synode, et de ne pas publier par la suite une exhortation apostolique « post-synodale » qui aurait noué la gerbe de trois ans et deux sessions du synode sur la synodalité: le pape veut favoriser partout « une Eglise synodale », « à l’écoute de l’Esprit Saint ».

La seconde session du synode s’est achevée, après 4 semaines de débats, par l’assemblée de ce samedi 26 octobre 2024, en la salle Paul VI du Vatican, et demain, dimanche 27 octobre, le pape François présidera la messe finale.

C’est la première fois qu’un pape renonce à proposer une synthèse, un an ou deux après un synode des évêques. Mais le cardinal Mario Grech a précisé que le pape se réservait de se prononcer sur telle ou telle proposition du document par d’autres moyens qu’une exhortation.

Cette seconde session a rassemblé, rappelons-le, 360 participants, dont 264 cardinaux et évêques et 96 non-évêques, répartis en 35 groupes en différentes langues. Le cardinal Grech a souligné que le pape ne voulait pas dépasser les 25% de membres non évêques pour conserver le caractère épiscopal du synode « des évêques ».

Le message final approuvé par vote en assemblée, a été présenté à la presse plus tard dans la soirée, mais d’ores et déjà, le pape François avait annoncé, en concluant les travaux, sa décision que ce document, issu des débats synodaux, serait publié toute de suite et remis au « saint Peuple de Dieu ». Le document, en italien, compte 155 paragraphes (environ 145 000 caractères), il recueille les « orientations » de l’assemblée sur thème de la synodalité.

« Je n’ai pas l’intention », a déclaré le pape en italien, de « publier une exhortation apostolique ». Il a ajouté que le document final contenait les éléments pour donner une « orientation » au Peuple de Dieu, et que le document était publié pour être « soumis à la discussion de tous »: ce n’est pas un document « normatif » mais un document permettant que « l’expérience » du « chemin synodal » soit transmise partout dans l’Eglise. L’annonce du pape a été saluée par une salve d’applaudissements.

Le pape a ajouté que les dix groupes d’études mis en place continuent leur travail « avec liberté » sur les points qui ne sont pas encore clarifiés: « Il faut du temps pour les choix qui impliquent toute l’Eglise », a redit le pape. Et il a précisé que ce n’était pas « une façon de renvoyer sans fin » des décisions, mais de vivre le « style synodal » qui implique d’ « écouter », « convoquer », « discerner », « décider » et « évaluer ». Pour cela, a-t-il insisté on a besoin de « pauses » et de « silences », de « prière », grâce auxquels « on apprend ensemble un peu à la fois » la synodalité, à « comprendre » comme « un processus de conversion ».

Il a exhorté les membres de l’assemblée synodale à communiquer leur expérience à « tout le peuple de Dieu »: à eux de « rendre accessible » ce texte et cette expérience dans les « Eglises locales », car « sans témoignage, l’expérience perdrait beaucoup de sa valeur ».

« Ce que nous avons vécu est un don que nous ne pouvons garder pour nous », a martelé le pape qui a invité au « courage » du témoignage: « Il est possible de cheminer ensemble dans la diversité sans se condamner mutuellement ».

« Tous, tous, tous », a répété le pape à deux moments différents de son discours final. Il a appuyé son allocution sur les enseignements de saint Basile sur l’Esprit Saint, avant de citer deux fois celle qu’il appelle une « mystique des périphéries », Madeleine Delbrêl.

« L’Esprit fait l’harmonie », a répété le pape en invitant à lire le traité de saint Basile le Grand « sur le Saint Esprit » (cf. Sources Chrétiennes, SC 17 bis; cf. en ligne, http://orthodoxievco.net/ecrits/peres/basile/esprit.pdf): l’Esprit Saint « est harmonie », il faut donc chercher « l’harmonie dans l’Esprit Saint », au-delà des « tensions » et des « divisions », jusqu’à la « pleine manifestation du Royaume de Dieu ».

« Tous, tous, tous, personne dehors », a dit le pape en insistant sur un témoignage en direction de « tous les peuples ».

L’harmonie, a encore dit le pape, c’est ce que dit Vatican II quand le concile parle de « l’Eglise comme sacrement ».

Et comme la « grâce de Dieu », a poursuivi le pape, « susurre des paroles d’amour », aux chrétiens à leur tour de « susurrer » pour « ouvrir les portes, sans ériger des murs »: « tous, tous, tous! ».

Il a invité à ne pas « lier les mains du Dieu miséricordieux », en rappelant que l’assemblée avait commencé, début octobre, par une célébration pénitentielle: « On a commencé en demandant pardon, en éprouvant de la honte, et en se rappelant que nous sommes tous ‘‘miséricordiés’’. »

Puis, en citant Madeleine Delbrêl, il a ajouté: « Il y a des lieux où souffle l’Esprit mais l’Esprit souffle en tout lieu ». Il a rappelé comment la mystique française refusait la « rigidité », pour inviter spécialement le « clergé » et les « consacrés » à ne pas se montrer « rigides ». Il citait un passage où Madeleine Delbrêl, dont la cause de béatification est en cours, disait, sous forme de prière à Dieu, qu’il ne faudrait pas être des chrétiens avec « des airs de professeurs », invitant à « vivre notre vie non comme jeu d’échec, mais comme une fête, une fête sans fin où la rencontre [de Dieu] se renouvelle comme bal… dans les bras de ta grâce… »

Voilà, disait le pape, la « musique de fond » sur laquelle « accueillir le document final »… alors on pourrait être des « témoins de la paix « même « en temps de guerre »: « Le Seigneur ressuscité nous invite à être ses témoins par la vie avant que par des paroles ».

Après avoir redit le besoin qu’a « l’évêque de Rome » de l’aide des évêques et des témoins et son propre besoin de « pratiquer l’écoute », sa « volonté » de « pratiquer l’écoute » pour répondre à l’appel du Christ de « confirmer » ses frères et soeurs et de paître ses « brebis », le pape a conclu en demandant de « prier les uns pour les autres ».

Le pape a remercié spécialement le Secrétariat général du synode, et différentes chevilles ouvrières d l’assemblée synodale, elles aussi applaudies, et une « ovation debout » finale a salué son allocution.

L’assemblée s’est recueillie autour de la parole de Dieu, avant le chant du « Te Deum » et de l’antienne à la Vierge Marie « Sub tuum praesidium… »

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