Photo : © capture-Gabriel Klum; point de presse, le 26 oct. 2024
Gabriel Klum
Le cardinal Hollerich invite à ne pas se représenter l’Église « comme une pyramide », ni le synode comme un « meeting politique » où l’on chercherait à atteindre une « majorité ».
Le cardinal Jean-Claude Hollerich, jésuite, archevêque de Luxembourg et rapporteur général du synode, a participé à la présentation à la presse du document final de l’assemblée synodale d’octobre 2024, samedi 26 octobre au soir, ensemble avec le cardinal Mario Grech, secrétaire général du synode, sœur Maria de los Dolores Palencia Gómez, C.S.J., présidente déléguée du synode, le p. Giacomo Costa, jésuite italien, et Mgr Riccardo Battocchio, secrétaires spéciaux. Le document a été publié en italien ici: https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2024/10/26/0832/01659.html .
Des communautés vivantes
En effet, la conception de l’Église et la façon de vivre les relations en Église ont été au cœur non seulement des débats, mais de l’expérience synodale de l’assemblée.
« Attention, a fait observer le cardinal Hollerich en anglais, si vous définissez Église comme une pyramide, il n’y aura pas de communauté là où il n’y a pas de prêtres. »
Le cardinal Hollerich a au contraire rappelé que de nombreuses communautés catholiques sont contraintes de vivre sans la présence permanente de prêtres.
Il a invité à penser comment ces communautés peuvent « vivre la foi de l’Église », alors même que l’Eucharistie – qui fait « l’identité catholique » – ne peut pas être célébrée chaque semaine: « on ne doit pas détruire une communauté » sous prétexte que les prêtres ne peuvent pas y demeurer de façon permanente.
Il a cité certaines communautés, en Afrique par exemple, où c’est « une grande fête quand le prêtre vient célébrer », alors qu’habituellement « ce sont des laïcs qui guident la célébration » dominicale.
« Être Église ensemble »
Pour ce qui est de l’expérience ecclésiale au synode, le cardinal luxembourgeois a fait observer que « l’an dernier » on cherchait encore à créer une « majorité », face à des « minorités » et l’on pouvait même « se regarder avec suspicion ».
C’est alors que les « conversations dans l’Esprit » ont permis l’émergence d’une « nouvelle réalité », une nouvelle façon d’« être Église ensemble »: c’est « très différent ».
On en est venu à considérer comme « normal » l’existence au sein de l’assemblée d’« opinions différentes »: on ne voyait plus l’assemblée sur le modèle d’un « meeting politique » où l’on devrait « atteindre une majorité ».
« On a fait l’expérience de la synodalité », a témoigné le cardinal Hollerich, et c’est « un fruit de cette expérience », que « ce soir on était tous remplis de joie (…) Nous avons marché ensemble et l’on sait maintenant que nous devons marcher ensemble ».
Et la tâche des participants du synode est désormais d’être des « ambassadeurs » pour que l’Église tout entière deviennent « une vraie Église synodale en mission »: « on est rassemblés pour être une Église synodale dans la vie quotidienne ».
La place des femmes
À une question sur le « diaconat » des femmes, le cardinal Hollerich a rappelé que c’est l’une des questions qui doivent encore être étudiées.
Il s’agit d’abord, a-t-il précisé, « d’examiner ce que les femmes ont fait dans l’histoire et peuvent faire dans l’Église, sans ordination ».
Ensuite, la commission ad hoc « continuera à faire son travail »: pour le moment, il n’y a pas de « décision pour ou contre » et « la question reste ouverte ».
La liturgie et les cultures
La question de la liturgie doit aussi être débattue, car, a affirmé le cardinal Hollerich, « on a une liturgie, celle de Paul VI »: des choses « peuvent être adaptées » dans telle ou telle culture, et « beaucoup le demandent », mais, a-t-il insisté, « il faut étudier ».
Surtout, le cardinal Hollerich a répété qu’il n’y a « pas de plan pour révolutionner la liturgie »: pas question de la « remplacer », mais il faut étudier « comment la participation » peut être favorisée. Il a cité en exemple des acclamations insérées dans le missel brésilien.
Mais cela doit se faire d’une « façon synodale »: « examiner » et « prendre des décisions, si c’est nécessaire ».
Mais il n’y a pas, a scandé le cardinal Luxembourgeois, toujours en anglais, de « big révolution » qui ait été « planifiée » en ce qui concerne la liturgie.
Les conférences épiscopales
Quant aux Conférences épiscopales, dont il a aussi beaucoup été question au synode, le cardinal Hollerich a constaté que certains continents sont encore en « recherche ».
C’est pourquoi il a invité à « trouver » le chemin propre à chaque Conférence épiscopale, sans faire de « photocopies », même si l’on peut tirer son inspiration de tel ou tel « modèle », « apprendre des autres ».