Réflexions de sœur Nathalie Becquart
Gabriel Klum
Pour ce qui concerne la place des femmes dans l’Église, et au synode, cela « bouge », mais « beaucoup reste à faire », constate sœur Nathalie Becquart: c’est aussi une question de « culture » et de « société ».
Nathalie Becquart, X.M.C.J., religieuse xavière française, sous-secrétaire du Secrétariat général du synode, membre de la Commission pour l’Information de ce XVIe synode des évêques, est en effet intervenue lors de la rencontre avec la presse qui s’est tenue au Vatican, lundi 21 octobre 2024. Elle s’est exprimée en anglais.
Nathalie Becquart a souligné la place nouvelle des femmes au synode par rapport à l’an dernier, pour la première session. Elle note plus « d’écoute mutuelle », de « participation ». Plus encore, les femmes exercent « une forme d’autorité par leur contribution »: beaucoup sont « rapporteurs » de leurs groupes de travail.
Une femme représente l’Amérique du Nord pour la préparation du document final.
Elle confie qu’il s’agit de « petits pas » et cite le cardinal préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, Víctor Manuel Fernandez: « rien n’empêche les femmes d’avoir des rôles importants dans l’Église ».
Elle constate: « les choses bougent », en particulier grâce à « l’expérience de relations entre hommes femmes », dans la « diversité des vocations », par « l’échange des dons ».
Pour sœur Nathalie Becquart, même de « très jeunes femmes » ont déjà « des contributions importantes » dans les échanges en groupes.
La religieuse française interroge: « Comment regardons-nous l’Église? » Elle cite les femmes qui sont présidentes d’Universités catholiques, de la Fédération d’universités, à la présidence de la Caritas… Elle invite à montrer aux jeunes femmes que l’Église est « vaste » et que son organisation a de la place pour le « leadership » des femmes.
Elle cite un évêque français qui a nommé une femme « délégué général » à côté de son vicaire général: 15 évêques l’ont fait.
Mais elle conclut: « Beaucoup reste à faire. »
Elle constate en effet des « obstacles culturels ». Comme l’ont constaté des déléguées interreligieuses représentant 12 religions du monde: elles constatent que dans leurs « Écritures sacrées », « l’égalité entre hommes et femmes » existe, mais pas dans la « réalité. »
Elle constate aussi que ces inégalités existent même dans les Églises où l’ordination de femmes existe: « même difficulté, car l’Église est dans la société », et reflète aussi la société.
Autre exemple: il y a 20 femmes qui sont ambassadeurs près le Saint-Siège. Elles avouent: « Nous sommes des femmes ambassadeurs », mais lorsqu’il y a des « commissions sur des sujets sérieux », elles vont aux hommes. Tout cela c’est souvent « très inconscient », remarque sœur Nathalie Becquart.
Et cet autre exemple: « Vous dites quelque chose, mais vous n’êtes pas écoutée. Un homme dit la même chose, et c’est bien accueilli. »
« Le plus important, insiste sœur Nathalie Becquart, c’est la conversion de la mentalité, cela prend du temps, l’Église est dans la société. »
Photo : © capture – Gabriel Klum; sœur Nathalie Becquart; la rencontre avec la presse au Vatican, le 21 octobre 2024