Light
Dark

L’œcuménisme au synode ou « l’échange des dons », par le card. Koch

Et la sainteté, « voie la plus sûre pour l’unité »

Gabriel Klum

« Aucune Église n’est riche au point de ne pas avoir besoin être enrichie par les dons des autres, aucune n’est pauvre au point qu’elle ne puisse pas apporter sa contribution à l’Église universelle », affirme le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens.

L’œcuménisme est synodal, le synode est œcuménique, c’est cela l’« échange de dons », a affirmé le cardinal suisse, jeudi 10 octobre 2024, lors d’une rencontre avec la presse au Vatican.

 Il a rappelé que l’an dernier le pape François et les responsables des Églises mondiales ont confié le chemin œcuménique à l’Esprit Saint, et que ce vendredi soir 11 octobre, les participants au synode, les délégués fraternels et des représentants des traditions chrétiennes présentes à Rome allaient de nouveau se retrouver pour prier au cours d’une veillée œcuménique en présence du pape François.

C’est la date anniversaire de l’ouverture, le 11 octobre 1962, par saint Jean XXIII, du Concile Vatican II, qui allait publier la constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, le 21 novembre 1964, en même temps que le décret Unitatis redintegratio sur le dialogue et l’engagement œcuméniques.

Soulignant que la prière était prévue sur la place de Protomartyrs de Rome, non loin du lieu du martyre de saint Pierre, il a aussi souligné que « la sainteté est voie la plus sûre pour l’unité ».

Les délégués fraternels

Le cardinal Koch a exprimé sa gratitude au pape François pour avoir augmenté le nombre de représentants du monde chrétien au synode, et aux participants pour leur « participation active travaux ».

En effet, a-t-il révélé, l’an dernier, des « lamentations » étaient parvenues au Vatican de la part de représentants d’autres communautés chrétiennes manifestant leur désir de participer elles aussi aux travaux de Rome. Voilà pourquoi le pape François a décidé d’augmenter leur nombre et le cardinal Koch voit dans leur désir d’« être présents à même table » des travaux « un bon signe » pour les relations œcuméniques.

À une question sur les conséquences œcuméniques de la dégradation des relations à l’intérieur de l’orthodoxie, le cardinal Koch a reconnu que la division entre Moscou et Constantinople « est triste aussi pour nous ». Il a ajouté que cela ne dit pas tout: « Il y a 15 Églises orthodoxes et toutes sont présentes et ont travaillé en commission, dans le comité de coordination », donc, « le dialogue continue, je ne peux pas dire qu’il y a une ‘crise’ mais ‘défi’ ». « Et nous préparons un bon avenir, pour la prochaine plénière. Il s’agit de continuer le dialogue. On a des défis, mais je ne peux pas parler d’une crise. »

La primauté, pas un obstacle, mais une opportunité

À une question sur la relation entre synodalité et primauté, le cardinal Koch a répondu que le rapport entre synodalité et primauté impliquait que « l’un ne va pas sans l’autre » et ceci « à tous niveaux dans l’Église ».

Plus encore, a-t-il ajouté, « la synodalité pas contraire à primauté: sans la primauté, il n’y a pas de synodalité, sans synodalité, il n’y a pas de primauté »: ce sont deux réalités constitutives pour l’Église. C’est ce qu’affirmait déjà le document « L’évêque de Rome« , publié le13 juin 2024.

Le document, a expliqué le cardinal Koch à Radio Vatican lors de sa publication, offre une synthèse des récents développements œcuméniques sur le thème de la primauté et de la synodalité. Son origine à l’invitation adressée à tous les chrétiens par saint Jean-Paul II dans son encyclique Ut unum sint (25 mai 1995) à trouver, « évidemment ensemble », les formes dans lesquelles le ministère de l’évêque de Rome « peut réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres ». Cette invitation a été réitérée à plusieurs reprises par Benoît XVI puis par le pape François.

Le document fait la synthèse d’une trentaine de réponses et il présente une cinquantaine de textes des dialogues œcuméniques sur le sujet.

En 2020, le dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens a vu dans le 25e anniversaire de l’encyclique Ut unum sint l’occasion de faire le point sur la discussion.

Pour le cardinal Koch, « ce document est le résultat d’un véritable travail œcuménique et synodal. Dans sa réalisation, il a impliqué non seulement les officials, mais aussi les membres et les consulteurs du Dicastère qui l’ont discuté lors de deux assemblées plénières. De nombreux experts catholiques et érudits de diverses traditions chrétiennes, orientales et occidentales, ont été consultés, en collaboration avec l’Institut d’études œcuméniques de l’Angelicum (Université des Dominicains, à Rome, ndlr). Enfin, le texte a été envoyé à divers dicastères de la Curie romaine et au Secrétariat général du Synode. Au total, plus de cinquante avis et contributions ont été pris en compte. Notre document tient également compte des dernières interventions dans le processus synodal. »

Il insistait sur le pape que la primauté n’est plus perçue comme il y a cinquante ans: « En 1967, Paul VI affirmait que «le Pape […] constitue sans aucun doute l’obstacle le plus grave sur la route de l’œcuménisme». Cependant, cinquante ans plus tard, la lecture des documents de dialogue et des réponses à Ut unum sint atteste que la question de la primauté pour toute l’Église, et en particulier du ministère de l’évêque de Rome, n’est plus perçue seulement comme un problème, mais plutôt comme une opportunité pour une réflexion commune sur la nature de l’Église et sa mission dans le monde. En outre, dans notre monde globalisé, il y a sans aucun doute un sens croissant de la nécessité d’un ministère d’unité au niveau universel. La question qui se pose est de se mettre d’accord sur la manière d’exercer ce ministère, défini par Jean-Paul II comme un ‘service d’amour’. »

La question de la primauté est donc devenue, a insisté le cardinal Koch le 10 octobre, « non pas un obstacle, mais une opportunité ». Alors se pose la question de savoir « quel est le devoir, la responsabilité, de l’évêque de Rome ».

Pas de « pause » dans le mouvement œcuménique

C’est pourquoi le cardinal Koch a réaffirmé qu’il n’y a pas de « pause », mais que le « mouvement » œcuménique se poursuit. Il a aussi rappelé que « l’unité ne vient pas seulement à la fin du mouvement œcuménique, mais elle se fait en cheminant, c’est un mouvement en chemin », il s’agit de « cheminer, prier, collaborer ensemble pour retrouver l’unité qui se fait déjà en cheminant ».

Et il a ajouté immédiatement: « C’est ce que nous faisons dans ce synode, cheminer, prier, voilà le fondement de tout mouvement œcuménique, selon la prière sacerdotale de Jésus en Jean 17 »: « Il est impressionnant que Jésus n’ordonne pas l’unité, mais prie pour l’unité. Prier pour l’unité c’est confesser que nous, les hommes, nous ne pouvons faire l’unité, alors que nous pouvons faire la division. L’unité est le don de l’Esprit Saint. Pour la recevoir, il faut prier l’Esprit. Et collaborer pour retrouver l’unité. »

Quant aux groupes d’études mis en place par la Doctrine de la foi, le cardinal Koch a expliqué que certaines questions posées « nécessitent du temps et de la patience ». Ainsi, le fait de créer ces groupes d’étude « n’est pas en opposition au synode », mais c’est reconnaître la nécessité « d’approfondir théologiquement » certaines questions.

C’est, a reconnu le cardinal pour l’unité, « un grand défi », mais il faut « approfondir » les questions pour lesquelles il n’y a pas de « consensus » dans « l’Église universelle ». Il faut du « temps », de la « passion » pour la question et de la « patience » pour son « étude ».

Photo : © Capture Gabriel Klum, conférence de presse du 10 octobre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *