Photo: © Vatican Media; les participants au Synode à la fin des travaux
L’importance du Jubilé 2025, pour l’anniversaire de Nicée (325)
« L’année jubilaire 2025 marquera également l’anniversaire du premier Concile œcuménique, où le symbole de la foi unissant tous les chrétiens a été formulé de manière synodale », et « la préparation et la commémoration commune du 1700e anniversaire du Concile de Nicée devraient être l’occasion d’approfondir et de confesser ensemble la foi christologique et de mettre en pratique des formes de synodalité entre les chrétiens de toutes les traditions ».
Le Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens publie cette lecture du document final du synode sur la synodalité 2024 – publié samedi 26 octobre, en italien – du point de vue des relations avec les autres confessions chrétiennes dont le pape François a reçu les délégués fraternels en audience, le 22 octobre 2024.
Le jubilé sera aussi l’occasion, ajoute la même source, « de lancer des initiatives audacieuses pour une date commune de Pâques, afin que nous puissions célébrer la résurrection du Seigneur le même jour, comme cela se produira providentiellement en 2025, et donner ainsi une plus grande force missionnaire à l’annonce de Celui qui est la vie et le Salut du monde entier ».
GK
Analyse du texte final du synode
Le document final de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, intitulé « Pour une Église synodale : communion, participation, mission », a une forte dimension œcuménique. En effet, « l’intensité de l’élan œcuménique est l’un des fruits les plus significatifs du Synode 2021-2024 » (n. 137). Cette dimension œcuménique est illustrée par de nombreux passages consacrés à l’unité des chrétiens, en particulier à la dimension baptismale de l’œcuménisme et de la synodalité, à l’œcuménisme spirituel, à l’œcuménisme du sang, à l’importance du dialogue œcuménique, à l’échange de dons entre chrétiens, aux relations entre synodalité et primauté, à la contribution des délégués fraternels à l’Assemblée synodale et à la dimension œcuménique de la formation.
Le document fait aussi de nombreuses propositions concrètes, telles que l’insertion dans le calendrier liturgique de la mémoire des saints d’autres traditions chrétiennes, la poursuite de la réflexion œcuménique à partir du document L’Évêque de Rome, la célébration d’un synode œcuménique sur l’évangélisation, la préparation et la commémoration communes du 1700e anniversaire du Concile de Nicée, et le lancement d’initiatives pour une date commune de Pâques.
Dès son introduction, le document souligne que « le chemin synodal nous oriente vers une unité pleine et visible des chrétiens, comme les délégués des autres traditions chrétiennes l’ont témoigné par leur présence » et que « l’unité fermente silencieusement au sein de la Sainte Église de Dieu : elle est une prophétie d’unité pour le monde entier » (n. 4).
Dans la partie I, intitulée « Le cœur de la synodalité », le document souligne la dimension baptismale de l’œcuménisme et de la synodalité. Il affirme que « par le baptême, tous les chrétiens participent au sensus fidei. C’est pourquoi il n’est pas seulement le principe de la synodalité, mais aussi le fondement de l’œcuménisme. « Le chemin de la synodalité, que l’Église catholique est en train de parcourir, est et doit être œcuménique, de même que le chemin œcuménique est synodal » (Pape François, Discours à Sa Sainteté Mar Awa III, 19 novembre 2022) ». Cette dimension baptismale est inséparable de la dimension spirituelle : « L’œcuménisme est avant tout une question de renouveau spirituel. Il exige des processus de repentance et de guérison de la mémoire des blessures du passé, jusqu’au courage de la correction fraternelle dans un esprit de charité évangélique ». L’Assemblée « a résonné de témoignages éclairants de chrétiens de différentes traditions ecclésiales qui partagent l’amitié, la prière, le partage de la vie et l’engagement au service des pauvres et de la communauté ». Le document souligne que « dans de nombreuses régions du monde, il existe surtout un œcuménisme du sang : des chrétiens de différentes appartenances qui donnent ensemble leur vie pour la foi en Jésus-Christ. Le témoignage de leur martyre est plus éloquent que tous les mots : l’unité vient de la Croix du Seigneur » (n. 23).
Dans la même partie, le document réfléchit à l’engagement œcuménique de l’Église catholique, soulignant que « l’appréciation des contextes, des cultures et des diversités, ainsi que des relations entre eux, est une clé pour grandir en tant qu’Église synodale missionnaire et marcher, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, vers l’unité visible des chrétiens ». L’Assemblée réaffirme « l’engagement de l’Église catholique à poursuivre et à intensifier le cheminement œcuménique avec les autres chrétiens, en vertu de notre baptême commun et en réponse à l’appel à vivre ensemble la communion et l’unité entre les disciples pour lesquelles le Christ a prié lors de la dernière Cène (cf. Jn 17, 20-26) ». Elle salue « avec joie et gratitude les progrès des relations œcuméniques au cours des soixante dernières années, les documents de dialogue et les déclarations exprimant la foi commune », soulignant que « la participation des délégués fraternels a enrichi les travaux de l’Assemblée, et nous attendons avec impatience les prochaines étapes sur la voie de la pleine communion par l’incorporation des fruits du cheminement œcuménique dans les pratiques ecclésiales » (n. 40).
Dans la partie IV, intitulée « Une pêche abondante », le document souligne l’importance de « l’échange de dons » pour l’unité des chrétiens. Il déclare que « l’échange de dons revêt également une importance cruciale dans le cheminement vers l’unité pleine et visible entre toutes les Églises et Communions chrétiennes et, [qu’en outre], il est un signe efficace de cette unité, dans la foi et l’amour du Christ, qui favorise la crédibilité et l’impact de la mission chrétienne (cf. Jn 17, 21) ». Le document rappelle que « Saint Jean-Paul II a appliqué cette expression au dialogue œcuménique : « Le dialogue ne se limite pas à un échange d’idées. En quelque manière, il est toujours un ‘échange de dons’ » (UUS 28) ». L’Assemblée affirme que « c’est en s’engageant à incarner l’unique Évangile dans la diversité des contextes culturels, des circonstances historiques et des défis sociaux que les différentes traditions chrétiennes, à l’écoute de la Parole de Dieu et de la voix de l’Esprit Saint, ont généré au fil des siècles d’abondants fruits de sainteté, de charité, de spiritualité, de théologie et de solidarité au niveau social et culturel ». Elle estime que « le moment est venu de conserver ces précieuses richesses : avec générosité, avec sincérité, sans préjugés, avec gratitude envers le Seigneur, dans une ouverture réciproque, en nous les donnant les uns aux autres, sans penser qu’elles sont notre propriété exclusive ». À cet égard, elle souligne que « l’exemple des saints et des témoins de la foi des autres Églises et Communions chrétiennes est également un don que nous pouvons recevoir, en intégrant leur mémoire dans notre calendrier liturgique, en particulier celle des martyrs » (n. 122).
Le même chapitre, réfléchissant à la question de la primauté, salue la publication du document L’Évêque de Rome. Soulignant que « La nécessité de trouver « une forme d’exercice de la primauté qui […] soit ouverte à une situation nouvelle » (UUS 95) est un défi fondamental à la fois pour une Église synodale missionnaire et pour l’unité des chrétiens », le Synode « se réjouit de la récente publication du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, L’Évêque de Rome. Primauté et synodalité dans les dialogues œcuméniques et les réponses à l’encyclique Ut Unum Sint, qui offre des perspectives pour des approfondissements ultérieurs ». En effet, affirme le Synode, « le document montre que la promotion de l’unité des chrétiens est un aspect essentiel du ministère de l’Évêque de Rome et que le cheminement œcuménique a favorisé une meilleure compréhension de ce ministère. Les propositions concrètes qu’il contient concernant une relecture ou un commentaire officiel des définitions dogmatiques du Concile Vatican I sur la primauté, une distinction plus claire entre les différentes responsabilités du Pape, la promotion de la synodalité et la recherche d’un modèle d’unité basé sur une ecclésiologie de communion, offrent des perspectives prometteuses pour le cheminement œcuménique ». L’Assemblée synodale « espère que ce document servira de base à une réflexion plus approfondie avec d’autres chrétiens, « évidemment ensemble », sur l’exercice du ministère d’unité de l’Évêque de Rome comme « service d’amour reconnu par les uns et par les autres » (UUS 95) » (n. 137).
Le paragraphe suivant réfléchit aux liens entre synodalité et œcuménisme. Le document affirme que « la richesse que représente la participation à l’Assemblée synodale de délégués fraternels d’autres Églises et Communions chrétiennes nous invite à prêter davantage attention aux pratiques synodales de nos partenaires œcuméniques, tant en Orient qu’en Occident » et souligne que « le dialogue œcuménique est fondamental pour développer une compréhension de la synodalité et de l’unité de l’Église ». Ce dialogue œcuménique « nous pousse à imaginer des pratiques synodales authentiquement œcuméniques, y compris des formes de consultation et de discernement sur des questions urgentes d’intérêt commun, telles que la célébration d’un synode œcuménique sur l’évangélisation ». Il nous invite également « à rendre compte les uns aux autres de ce que nous sommes, de ce que nous faisons et de ce que nous enseignons. À la racine de cette possibilité se trouve le fait que nous sommes unis dans l’unique baptême, d’où découlent l’identité du Peuple de Dieu et le dynamisme de la communion, de la participation et de la mission » (n. 138).
L’Assemblée synodale rappelle que « l’année jubilaire 2025 marquera également l’anniversaire du premier Concile œcuménique, où le symbole de la foi unissant tous les chrétiens a été formulé de manière synodale », et souligne que « la préparation et la commémoration commune du 1700e anniversaire du Concile de Nicée devraient être l’occasion d’approfondir et de confesser ensemble la foi christologique et de mettre en pratique des formes de synodalité entre les chrétiens de toutes les traditions ». Ce sera aussi l’occasion « de lancer des initiatives audacieuses pour une date commune de Pâques, afin que nous puissions célébrer la résurrection du Seigneur le même jour, comme cela se produira providentiellement en 2025, et donner ainsi une plus grande force missionnaire à l’annonce de Celui qui est la vie et le Salut du monde entier » (n. 139).
Enfin, dans la partie V, intitulée « Je vous envoie aussi », consacré à la formation synodale, le document souligne d’une part que « la dimension œcuménique de la formation ne peut qu’encourager ce changement de mentalité » (n. 147) et d’autre part que « le style synodal de la formation implique que la dimension œcuménique soit présente dans tous les aspects du cheminement vers le ministère ordonné » (n. 148) Sur la base de ce document, le Groupe synodal d’étude n. 10, coordonné par le Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens et le Secrétariat général du Synode, est chargé de réfléchir à « la réception des fruits du chemin œcuménique dans les pratiques ecclésiales » (n. 8).