Un point sur le synode avant la dernière ligne droite
Gabriel Klum
La région des rives de la Méditerranée pourrait susciter à son tour un synode, comme l’a fait en son temps l’Amazonie, a expliqué le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et représentant pour l’Europe à la Commission pour la rédaction du document final du synode.
Le cardinal français est en effet intervenu lors de la rencontre avec la presse qui s’est tenue au Vatican à la mi-journée ce vendredi 18 octobre 2024.
Il a précisé que la Méditerranée constitue un « espace particulier dans le monde »: avec 5 rives, 3 continents, l’Église latine, l’Église catholique orientale, un dialogue œcuménique, un dialogue interreligieux, plusieurs routes migratoires meurtrières, des défis environnementaux, des défis de disparités économiques, entre les rives, entre les pays, et à l’intérieur des pays, avec des « tensions géopolitiques », notamment « l’ombre apportée par le conflit israélo-palestinien qui s’étend au -delà de la zone concernée ».
Avec « tellement de défis », la région méritera peut-être, selon l’archevêque français, « son synode, comme l’Amazonie », car ses préoccupations « nous touchent tous ».
Des jalons pour la région méditerranéenne
Le cardinal Aveline a rappelé que la Conférence épiscopale italienne est, avec le Saint-Siège, à l’origine de la première rencontre méditerranéenne qui a rassemblé à Bari, en 2020, une quarantaine d’évêques du pourtour méditerranéen. C’était, a-t-il insisté, « une première »: « on ne se connaissait pas beaucoup, mais on avait beaucoup à échanger », car si la « mer est commune », les pasteurs présents représentaient des « situations très différentes »
Il y a eu ensuite la rencontre de Florence, en février 2022, et celle de Marseille en septembre 2023.
Après Marseille, on s’est demandé comment « avancer », « comment coordonner le travail, soutenir réseaux à coordonner, écouter les Églises en grande difficulté », a-t-il précisé.
Or, les pays du pourtour méditerranéen représentent des « zones du monde dramatiques », marquées par les « guerres », une « liberté non respectée », avec des populations qui « cherchent à traverser », les « personnes migrantes », a rappelé l’archevêque de Marseille.
L’action de l’Église
Il a aussi souligné que l’Église « aide les personnes migrantes arrivées de l’autre côté ». Une réunion a eu lieu à ce propos en avril dernier à Marseille.
Mais des efforts sont aussi consentis par des « facultés de théologie au service peuple de Dieu », le « réseau de sanctuaires mariaux de la Méditerranée, qui constituent des oasis, même pour des gens de différentes religions », les « réseaux d’éducation », et d’autres réseaux « à créer ou à consolider », en favorisant « la coordination avec les autres ».
Le cardinal Aveline a aussi mentionné une rencontre en Albanie, à Tirana, avec des jeunes et les évêques: c’est important, a-t-il affirmé, « d’échanger entre nous et avec d’autres », comme les maires, à Florence, les jeunes professionnels et les étudiants de religions ou de confessions différentes.
Il conclut que ce travail est « en lien avec processus synodal » qui examine comment l’Église apporte une contribution à « ceux qui travaillent pour paix et justice dans cette zone », pas seulement des chrétiens.
La place des Conférences épiscopales
À une question sur le débat au synode sur la « place des conférences épiscopales » et leur « autorité compétence », il est convenu qu’il a été « surprenant », mais que la question est « présente depuis le début du processus synodal », « à chaque étage », depuis les conseils pastoraux des paroisses, etc.
Et d’interroger: « Dites-moi comment vous faites pour qu’on prenne les décisions ensemble dans les paroisses? » Ou bien, « quel rapport y a-t-il entre Rome et les Conférences épiscopales? »
Et il a ajouté que les réflexions des Conférences épiscopales continentales sont « importantes », en particulier dans la mesure où dans certaines Conférences épiscopales nationales les évêques sont 3 et dans d’autres 100.
Quant à leur « compétence doctrinale », on n’a « pas fini de discuter », a admis l’archevêque: « On voit bien ce que représente leur compétence pastorale, expression du dépôt de la foi ajusté à chaque culture. Cet ajustement est-il une « autonomie »: « on discute ».
La dernière semaine du synode
Enfin, pour la rédaction du document final, il rappelle que la Commission a déjà commencé son travail à partir des résultats des débats.
Et, la semaine prochaine, un schéma doit être « validé par la commission de synthèse ». Cette commission « vérifie que ce qui sera proposé au vote ne s’écarte pas trop des débats »: le texte final sera ensuite « proposé » puis il y aura des « amendements ».
Une question se pose, a-t-il ajouté: « faut-il des propositions plus courtes plutôt qu’un paragraphe ?». Ce serait plus facile à présenter à un vote par « oui » ou « non ».
Puis le cardinal Aveline a tenu à faire observer que « quelque chose a évolué par rapport à la première session »: « Nous avons gagné en liberté de parole, en confiance mutuelle… ça bouge beaucoup. Cette liberté de parole peut faire que la méthode bouge aussi un peu. On va vivre une semaine de confiance dans la liberté que nous avons. »
Photo : © Capture Gabriel Klum, la rencontre avec la presse du 18 octobre 2024