Photo : © Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice
Missionnaire en Équateur pendant 47 ans, la bienheureuse Maria Troncatti vivait et travaillait au milieu du peuple autochtone Shuar. « Elle était la “ petite mère” active et courageuse pour aider qui se trouvait dans le besoin, lit-on dans sa biographie. Elle était médecin pour les corps et pour les âmes: en même temps elle soignait, conseillait et évangélisait. »
Le 25 novembre 2024, au cours de l’audience accordée au cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints, le pape François a autorisé le Dicastère à promulguer le décret concernant le miracle attribué à l’intercession de la bienheureuse Maria Troncatti, professe de la Congrégation des Filles de Marie Auxiliatrice, née à Córteno Golgi (Italie) le 16 février 1883 et décédée à Sucúa (Équateur) le 25 août 1969. Cela ouvre la voie à la canonisation de la religieuse.
« Cette nouvelle est un motif d’action de grâce envers Dieu et une grande joie pour toute la Famille Salésienne, en particulier pour l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, pour le diocèse de Brescia, qui a donné naissance à la future sainte, et pour le Vicariat apostolique de Méndez (Équateur), où Maria Troncatti a vécu son aventure missionnaire, commente le père Pierluigi Cameroni, postulateur général. La canonisation de Maria Troncatti est un signe d’espérance pour son fort témoignage de transmettre vie et foi aux nouvelles générations et aux peuples autochtones de la forêt amazonienne, devenue sa ‘patrie du cœur’. Elle était une femme de réconciliation et de paix, avec le don d’une maternité qui touchait les cœurs. »
Miracle
Le 2 février 2015, M. Juwa, un indigène de la province de Morona Santiago, en Équateur, a eu un accident alors qu’il affûtait ses outils de menuiserie : il a été frappé à la tête par un gros fragment de pierre, lit-on en italien sur le site du Dicastère pour les causes des saints. Après les premiers soins précaires, le blessé, inconscient, car de la matière cérébrale s’était échappée de son crâne, a été transporté d’abord en pirogue, puis par ambulance aérienne, à l’hôpital de Macas, pour être transféré de là à l’hôpital d’Ambato, où il a subi une longue opération.
Devant la gravité du pronostic, le beau-frère du blessé a placé une image de Maria Troncatti sur sa poitrine et a commencé à l’invoquer. Les missionnaires salésiens, informés de ce qui s’était passé, lui ont confié le rétablissement de Juwa, malgré le mauvais pronostic.
Le 13 février, le patient s’est réveillé du coma et est sorti de l’hôpital, bien que dans un état grave, privé de la capacité de parler et de bouger. Entre fin mars et avril 2015, M. Juwa a rêvé que Maria Troncatti le soignait, prédisant sa guérison, et quand il s’est réveillé, il a commencé à bouger et a également prononcé quelques mots au grand étonnement de sa famille. À partir de ce moment, son état s’est progressivement amélioré, à tel point que l’année suivante, il a pu parler, raisonner, marcher et même recommencer à travailler.
Un contrôle médical réalisé en 2022 a établi « une guérison à cent pour cent », sans séquelles ni états cognitifs défectueux ou autres déficits imputables à l’accident survenu.
Biographie de Maria Troncatti
Sœur Maria Troncati est née à Corteno Golgi (Brescia) en 1883. Elle grandit dans une famille nombreuse, partageant son temps entre les travaux agricoles et le soin de ses petits frères et sœurs.
Chaque dimanche Maria participe avec ses parents à l’Eucharistie, au catéchisme, aux vêpres et à la bénédiction du Saint Sacrement. « Elle acquit une profonde formation chrétienne, et cela l’aida à ouvrir toujours plus son cœur à la grâce de la vocation religieuse et à cultiver un fort élan missionnaire pour servir Dieu dans les pauvres. »
Maria commence à connaître la Famille Salésienne grâce au Bulletin Salésien que l’enseignante de son école reçoit chaque mois et qu’elle lui permet de lire en classe.
La vocation de Maria se clarifie peu à peu et un jour elle parle de cet appel d’abord à sa sœur Caterina en lui disant : “ Je veux être religieuse et missionnaire, mais n’en dis rien à personne …”. À un autre moment, elle parle avec le curé don Bartolo qui lui dit pour l’aider à mieux discerner : “ Tu peux aussi faire beaucoup de bien dans ton village …”
Enfin, Maria en parle à ses parents : « Sa mère se tut comme elle en avait l’habitude, tandis que son père haussa la voix disant: ” Mais… quelle idée extravagante! Qui t’a mis cela dans la tête?”. » Malgré tout cela, « son idéal mûrit ».
À 21 ans, Maria écrit en secret à don Michel Rua (1837-1910, prêtre salésien italien, proche collaborateur et premier successeur de Don Bosco), lui demandant d’être admise dans l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice comme religieuse missionnaire.
Don Rua transmet la lettre à la Supérieure générale, mère Caterina Daghero, et après d’autres démarches pour l’admission à la formation initiale, Maria part à Milan. Marie est admise le 12 août 1906. Le 17 septembre 1908, elle est Fille de Marie Auxiliatrice.
Dans la première communauté de Rosignano Monferrato, où elle est cuisinière, sa santé s’affaiblit. La chronique de la maison dit que les sœurs commencent « une fervente neuvaine à St Joseph pour obtenir sa guérison ».
Sœur Maria est ensuite transférée à Varazza et à Gênes. Plus tard, elle est transférée à Nizza Monferrato, près de son ex Maîtresse des novices, Soeur Rosina Giraldi, qui est provinciale et qui doit l’admettre ou non au renouvellement des vœux.
Le 19 septembre 1914, Sœur Maria célèbre sa profession perpétuelle et en 1922 elle est choisie pour la mission en Équateur.
Dans la forêt amazonienne
En 1922, sœur Maria débarque dans la baie de Guayaquil et arrive à Chunchi où elle travaille comme infirmière et pharmacienne, lit-on dans sa biographie publiée sur le site du Dicastère pour les causes des saints. Peu de temps après, accompagnées du missionnaire Mgr Comin et d’une petite expédition, Sœur Maria et deux autres sœurs entrent dans la forêt amazonienne.
Leur champ de mission est le territoire des Indiens Shuar, au sud-est de l’Équateur. Dès leur arrivée à Méndez, sœur Maria gagne le respect de la tribu Shuar en opérant avec un canif la fille d’un chef blessée par balle.
Les missionnaires s’installent définitivement à Macas, un village de colons entouré des habitations collectives des Shuar, dans une petite maison sur une colline. Les Indiens de Shuar l’appellent « Madrecita » (« mère »).
« Une difficile œuvre d’évangélisation commence au milieu de risques de toutes sortes. Elle est infirmière, chirurgienne, orthopédiste, dentiste et anesthésiste, mais avant tout catéchiste riche de merveilleuses ressources de foi, de patience et de bienveillance salésienne. Son travail pour la promotion des femmes Shuar s’épanouit dans des centaines de nouvelles familles chrétiennes, formées pour la première fois par le libre choix personnel des jeunes époux et non par des mariages arrangés par les familles. »
Elle exerce son activité principalement dans le domaine de la formation et des soins de santé à l’hôpital « Pio XII » de Sucúa et dans de nombreux dispensaires. Elle est « la mère » des missions du Vicariat apostolique de Méndez : Mácas, Méndez, Séville Don Bosco et Sucúa, avec des déplacements infatigables dans la jungle.
Le 25 août 1969, Sœur Maria monte à bord d’un avion pour se rendre à Quito pour participer aux Exercices spirituels, mais tragiquement, l’avion s’écrase peu après le décollage. La radio de la Fédération Shuar annonce la triste annonce : « Notre Mère, Sœur Maria Troncatti, est décédée. »
Sœur Maria a été déclarée vénérable le 12 novembre 2008 et béatifiée sous le pontificat de Benoît XVI à Macas (Vicariat apostolique de Méndez – Équateur) le 24 novembre 2012.