Light
Dark

Éducation: encourager l’unité entre les familles et l’école (traduction complète)

Photo : © gruppolascuola.it

Le pape François recommande une unité nouvelle entre les familles et les écoles, de façon à surmonter les défis de cette époque de changements profonds, et il encourage une éducation complète qui implique toute la personne.

Le pape a en effet rappelé ce principe simple auquel il tient: il faut éduquer en même temps la sensibilité, l’esprit et le corps, le codeur, la tête et la main. Il s’agit d’apprendre les « trois langages » humains et universels: « Le langage du cœur – bien ressentir–, le langage de la tête – bien penser –, le langage des mains – bien faire –. Mais tous en harmonie : faire ce que l’on ressent et ce que l’on pense ; ressentir ce que l’on pense et ce que l’on fait ; penser ce que l’on ressent et ce que l’on fait. »

Le pape François a reçu au Vatican, une délégation de la maison d’édition « La Scuola » [« L’École », gruppolascuola.it] et il s’est adressé à elle en italien, le 21 novembre 2024.

Voici notre traduction du discours du pape François sur cette question qui lui tient à cœur de l’éducation.

GK

Excellences, Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Le 28 juin 1965, saint Paul VI, recevant les représentants de La Scuola Editrice, à la fondation de laquelle son père avait contribué, concluait ainsi son discours : « Nous rendons hommage à votre science pédagogique consommée ; nous encourageons votre activité au service de l’École […] ; nous reconnaissons votre sensibilité moderne aux problèmes scolaires ; nous louons les fruits que nous avez déjà obtenus si abondamment ; et nous votons pour les intentions fortes qui poussent votre activité, non seulement à la préservation de l’efficacité atteinte, mais aussi à l’audace de nouveaux développements et de nouvelles conquêtes. »

En observant aujourd’hui la condition de votre Société, qui a audacieusement acquis deux autres maisons d’édition d’inspiration catholique, SEI et Capitello, afin d’avoir un plus grand impact sur l’école, on pourrait dire que vous réalisez les vœux de votre grand concitoyen. L’interprétation qu’il a donnée alors de la situation, en reconnaissant le développement et la vitalité de votre groupe, est, grâce à Dieu, encore d’actualité aujourd’hui.

Vous n’avez pas eu peur de prendre des risques dans des moments difficiles, dus à la concurrence des grandes maisons d’édition et de la transformation culturelle en cours, marquée par la dislocation de la recherche religieuse et l’indifférence généralisée. Après tout, les fondateurs de « La Scuola » avaient été courageux lorsque, afin d’assurer le soutien à la revue « Scuola Italiana Moderna » et de réaliser une présence pédagogique d’inspiration catholique dans l’école italienne, ils avaient uni les intelligences de prêtres et de laïcs passionnés par l’éducation des nouvelles générations.

La passion pour l’éducation et la formation des formateurs sont les piliers sur lesquels reposent vos activités. Des manuels scolaires pour les élèves de tous les niveaux, des revues destinées aux enseignants, des ouvrages de pédagogie, des cours de formation pour les enseignants, des collaborations avec l’Université catholique du Sacré-Cœur : tout cela dit la prise de conscience que former les enfants et les jeunes aux valeurs de l’Évangile signifie offrir une contribution essentielle à une société de personnes responsables, capable de construire des liens de fraternité avec tous.

Être catholique, comme j’ai essayé de le montrer surtout dans l’encyclique Fratelli tutti, signifie être capable de voir et aussi d’assumer le bien que l’Esprit Saint répand partout, sans craindre de perdre sa propre identité. C’est ce qu’a enseigné Vatican II, par exemple dans la Constitution sur l’Église, où il est dit : « Depuis […] le Royaume du Christ n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36), l’Église, c’est-à-dire le peuple de Dieu, en introduisant ce royaume, n’enlève rien au bien temporel d’un peuple, mais au contraire favorise et accueille toutes les richesses, les ressources et les formes de vie des peuples dans ce qu’ils ont de bon et, en les acceptant, les purifie, les fortifie et les élève » (Lumen gentium, n. 13).

De là découle une attitude d’ouverture, une attitude de dialogue envers tous : en effet, l’école est d’abord et avant tout un lieu où l’on apprend à ouvrir son esprit et son cœur au monde. « L’éducation ne consiste pas à remplir la tête d’idées, mais à accompagner et à encourager les étudiants sur le chemin de la croissance humaine et spirituelle, en leur montrant comment l’amitié avec Jésus ressuscité élargit le cœur et rend la vie plus humaine. » Éduquer, c’est « aider à bien penser, à bien entendre […], et à bien faire » (Catéchèse, 28 juin 2023).

Les trois langages : le langage du cœur – bien ressentir–, le langage de la tête – bien penser –, le langage des mains – bien faire –. Mais tous en harmonie : faire ce que l’on ressent et ce que l’on pense ; ressentir ce que l’on pense et ce que l’on fait ; penser ce que l’on ressent et ce que l’on fait.

Ces trois langages sont unis, tous. « Cette vision est tout à fait pertinente aujourd’hui, alors que nous ressentons le besoin d’un pacte éducatif capable d’unir les familles, les écoles et toute la société » (ibid.). Voilà la clé : l’unité de l’école et de la famille. Je crois que cela a disparu ces derniers temps.

Mais je me souviens qu’à notre époque, il y avait une grande unité et il y avait aussi une collaboration. Une fois, j’ai dit un gros mot – j’avais neuf ans – à l’enseignant. L’enseignante, une dame que j’adore: je suis allé lui rendre visite jusqu’à sa mort – elle a appelé maman, ils ont parlé et puis ils m’ont appelé. Ma mère m’a dit : « Excuse-toi auprès du professeur ». Je me suis excusé. Et je suis retourné dans la salle de classe, heureux que cela se soit passé si facilement, mais ce n’était pas vrai. Le deuxième acte de l’opéra, c’est quand je rentre à la maison et là, ils m’ont donné la deuxième partie ! Il y avait une unité. Aujourd’hui, c’est souvent le contraire, n’est-ce pas? Les parents vont se plaindre parce que l’enseignant a fait ça à l’enfant, c’est terrible. Revenir à ces souvenirs est bon pour nous.

Les activités que vous menez avec courage et détermination, en préparant des manuels qui aident les étudiants à réfléchir, à élargir leur esprit et leur cœur aux diverses formes de connaissance, à élargir l’esprit à l’histoire qui nous a générés, à comprendre la valeur sociale de la religion, attestent que vous procédez dans le sillage commencé par les membres fondateurs. Les défis qu’ils ont relevés avec courage et détermination sont en bonne partie semblables à celles que vous rencontrez actuellement. Le changement d’époque, loin d’être un motif de lamentation et de peurs, est une opportunité nouvelle: l’avenir appartient aux nouvelles générations. Pensez au début de notre culture européenne: la défaite de Troie. Qu’a fait Enée? Se plaindre? Non. Il prend l’enfant, il prend son papa et ils avancent. Voilà un peu l’attitude: ce « sublato montem patre petivi » (Énéide, II, 804). C’est la façon d’avancer, c’est toujours une opportunité, dans les mauvais moments comme dans les bons moments.

L’avenir appartient aux nouvelles générations et elles sauront le construire si les enseignants que vous formez savent leur transmettre leur confiance et leur audace, si les textes que vous préparez réussissent à développer une soif de connaissance et de sagesse.

Frères et sœurs, la Bible nous enseigne qu’en temps de crise, la voix des prophètes a su indiquer des horizons d’espérance. Les membres fondateurs de « La Scuola » ont fait leur cet enseignement. Je vous souhaite donc de continuer à le faire votre également, conscients que l’humanité fraternelle s’apprend sur les bancs de l’école, grâce à des textes efficaces, des enseignants compétents et passionnés, et des outils techniques adaptés à la condition des élèves. Avec l’aide de Dieu, soyez à la hauteur de votre histoire ! Je vous bénis de tout cœur, vous et votre travail. Et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci!

[Texte original: italien]

© Traduction, tous droits réservés, vaticaninfo.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *