Photo : © Mgr Éric de Moulins-Beaufort, FB / catholique-reims.fr
Les relations des évêques de France avec les évêques africains sont au programme de l’assemblée plénière de la CEF qui a commencé à Lourdes lundi 4 novembre 2024.
L’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, est marquée par la présence d’une délégation d’évêques africains: le cardinal Antoine Kambanda, archevêque de Kigali (Rwanda), le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa (République Démocratique du Congo), Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupela (Burkina Fasso), et Mgr Inácio Saure, archevêque de Nampula (Mozambique).
Leurs interventions, ce 6 novembre, ont été précédées par une allocution de Mgr de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la Conférence des évêques de France, qui a notamment affirmé: « Nous espérons ce matin vous entendre nous dire ce que vous voulez nous dire, à nous évêques français, réunis en assemblée plénière. Tout ce que vous pourrez nous dire nous intéressera. »
Allocution de Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Éminences, Excellence, vous accueillir en notre assemblée plénière de novembre est pour nous, évêques de France, un honneur et une joie.
Nos diocèses ont quasiment tous des relations avec des diocèses africains. Parfois, ces relations sont nées des liens de connaissance mutuelle et d’amitié entre deux évêques ; parfois, elles viennent d’un prêtre envoyé comme missionnaire, soit un prêtre français ou en coopération, soit un prêtre africain envoyé chez nous. Aux fidei donum présents chez nous s’ajoutent des prêtres étudiants, étudiant la théologie ou le droit canonique, ou étudiant des sciences profanes. S’ajoutent parfois des relations moins claires et moins précises. Mais ces échanges se vivent aussi avec les religieuses et les moniales, ils se vivent aussi avec les laïcs, qui sont nombreux, venus de différents pays africains, dans nos paroisses et nos quartiers. Ils sont parfois une part importante de nos assemblées eucharistiques. Leur présence, dans certains quartiers de nos villes notamment, transforme la vie ecclésiale, offre des possibilités nouvelles, et pose des questions pastorales inédites : l’influence des évangéliques, la liturgie et le chant, le recours à l’exorcisme…
Mais ces échanges s’inscrivent désormais dans un contexte beaucoup plus large.
Tous les pays d’Afrique ont entrepris d’une manière ou d’une autre de remettre en cause les liens avec l’ancienne puissance coloniale tels qu’ils s’étaient poursuivis après les décolonisations. La France en a fait récemment l’expérience, la France ou du moins la politique menée par ses gouvernements successifs, surtout lorsqu’elle s’est traduite par une présence militaire continuée.
D’autre part, le continent africain apparaît à certains observateurs comme le continent de l’avenir : par la jeunesse de sa population, par ses ressources naturelles, par les transformations technologiques qui permettent d’étendre l’accès à l’électricité à l’intégralité des territoires et rendent possible une circulation rapide de l’information.
Pour le moment sans doute, le continent africain est aussi celui des migrations les plus fortes : entre pays du Sud, avec les déplacés et les réfugiés de plusieurs pays. Trop de guerres, trop de troubles, notamment l’offensive islamiste mais aussi la prédation dans la région des Grands Lacs, poussent des populations nombreuses à partir chercher un environnement plus sûr. Beaucoup de jeunes tentent l’aventure de la migration, parce qu’ils ne trouvent pas de travail chez eux ou seulement des postes médiocres. Une part de rêve de vie plus facile accompagne souvent ces migrants.
Nos liens ecclésiaux sont marqués par ces constats. Ils sont cependant d’une autre nature. Il est vraisemblable que, pendant des décennies, nos diocèses ont assuré une part de formation de vos prêtres et religieux ou religieuses ; puis nos diocèses ont été bien contents de trouver chez vous les prêtres que les familles françaises et les établissements scolaires ne donnaient plus. Aujourd’hui, dans les grandes transformations pastorales que nous vivons, alors que nous ne sommes plus en capacité de mettre un prêtre par paroisse, nous sommes reconnaissants aux évêques qui nous envoient des prêtres. Plusieurs diocèses de France ont désormais un vicaire général prêtre africain. Nous comprenons aussi qu’il ne serait pas juste que ces prêtres viennent seulement pour faire ce que nous ne pouvons plus faire. Il nous faut recevoir les dons propres, les charismes, de vos Églises, dont vos prêtres, religieux, religieuses, enracinés dans leurs peuples et leurs histoires, sont les porteurs pour la gloire de Dieu.
Enfin, l’épisode Fiducia Supplicans a montré que l’Église en Afrique entendait bien faire entendre sa voix dans le collège épiscopal pour garder l’unité de la foi reçue des Apôtres et veiller à la manière de la proclamer.
Nous espérons ce matin vous entendre nous dire ce que vous voulez nous dire, à nous évêques français, réunis en assemblée plénière. Tout ce que vous pourrez nous dire nous intéressera. Après vos prises de parole et un temps d’échanges, le cardinal Abomgo participera à la table ronde par laquelle nos délégués nous rendront compte du synode. En début d’après-midi, des ateliers divers seront proposés, dont quelques-uns auprès de vous. Enfin, les temps de pause ; le déjeuner, le dîner, la soirée, pourront permettre des échanges plus approfondis.
De tout cela, Éminences, Excellences, je vous remercie pour votre présence et votre disponibilité,
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF