Photo : le cardinal Farrell, administrateur du Fonds de pensions; © press.vatican.va
« Il est urgent de prendre des mesures structurelles qui ne peuvent plus être différées pour assurer la durabilité du Fonds de pensions », écrit le pape François dans une lettre, en italien, publiée par le Vatican ce 21 novembre, mais en date du 19.
Le pape François recommande une réforme « urgente » de façon à assurer « une couverture sociale adaptée pour les employés actuels et futurs, dans une perspective de justice et d’équité entre les différentes générations ».
Le pape reconnaît que les décisions à prendre ne seront « pas faciles » et demanderont de la part de tous « une générosité et une disponibilité à faire des sacrifices ».
Il nomme le cardinal Kevin Farrell à la tête du Fonds de pensions pour assumer en quelque sorte la fonction de catalyseur de la réforme que le pape veut « rapide ».
Le 3 avril 2023, le pape avait lui-même rappelé aux responsables de la Caisse de retraite nationale italienne (INPS) que «la retraite est une forme de bien-être qui maintient les différentes générations ensemble » et qu’ «un lien solide entre les générations est une condition préalable au bon fonctionnement des régimes de retraite ».
Voici notre traduction de la lettre du pape François.
GK
Lettre du pape François au collège cardinalice et aux préfets et chefs des institutions de la curie, des bureaux de la curie romaine et des institutions liées au Saint-Siège
Aux vénérables frères du collège cardinalice,
Aux préfets et aux responsables des institutions curiales, des bureaux de la curie romaine et des institutions liées au Saint-Siège,
Éminences révérendissimes, chers frères,
Dans la lettre du 16 septembre dernier au collège cardinalice, nous avons eu l’occasion de rappeler le concept de « déficit zéro » comme l’un des principaux objectifs à poursuivre avec détermination pour assurer la durabilité économique de notre organisation.
Par cette lettre, j’entends attirer votre attention aujourd’hui sur une autre question qui me tient particulièrement à cœur, car nous devons faire face à des problèmes graves et complexes qui risquent de s’aggraver s’ils ne sont pas traités rapidement. Je veux parler de la gestion de notre Fonds de pensions, déjà considéré comme l’un des thèmes centraux de la réforme économique, constituant un sujet au centre de la « préoccupation » des papes qui se sont succédé depuis sa création.
Tous ceux qui se sont penchés sur cette question au fil du temps ont été animés de manière responsable par le souci d’assurer un modèle de sécurité sociale équitable au profit de la communauté qui est au service du Saint-Siège et de l’État [de la Cité du Vatican, ndlr] et de s’acquitter de la responsabilité morale de fournir des services dignes à ceux qui y ont droit, en tenant compte des ressources économiques disponibles. À cette fin, on a réalisé différentes études dont on a déduit que la gestion actuelle des retraites, compte tenu du patrimoine disponible, génère un déficit important.
Malheureusement, les données qui émergent maintenant, en conclusion des dernières analyses approfondies effectuées par des experts indépendants, indiquent un grave déséquilibre prospectif du Fonds, et sa taille tend à se creuser au fil du temps, en l’absence d’interventions : concrètement, cela signifie que le système actuel n’est pas en mesure de garantir à moyen terme l’exécution de l’obligation de retraite pour les générations futures.
Nous sommes aujourd’hui tous pleinement conscients qu’il est urgent de prendre des mesures structurelles qui ne peuvent plus être différées pour assurer la durabilité du Fonds de pensions, dans le contexte plus général des ressources limitées dont dispose l’ensemble de l’organisation, et une couverture sociale adaptée pour les employés actuels et futurs, dans une perspective de justice et d’équité entre les différentes générations. Il s’agit de prendre des décisions qui ne sont pas faciles et qui exigeront de la part de tous une sensibilité particulière, une générosité et une disponibilité à faire des sacrifices.
À la lumière de cela, et tout bien considéré, je tiens donc à vous informer de la décision, que j’ai prise aujourd’hui, de nommer Son Éminence, le cardinal Kevin Farrell, en tant qu’administrateur unique du Fonds de pensions, estimant que ce choix représente, à ce stade, une étape essentielle pour répondre aux défis auxquels notre système de retraite doit faire face à l’avenir. Bien que j’aie apprécié la contribution de ceux qui se sont penchés avec pondération sur cette question délicate au cours de ces dernières années, je crois maintenant qu’il est essentiel d’avancer dans cette nouvelle phase, fondamentale pour la stabilité et le bien-être de notre communauté, avec rapidité et unité de vision, afin que les interventions nécessaires soient réalisées rapidement.
À vous tous, je demande une collaboration particulière pour faciliter cette voie de changement nouvelle et inévitable. Confiant dans le soutien et le soutien de tous, je vous demande d’accompagner ce moment par vos prières.
Du Vatican, 19 novembre 2024
FRANÇOIS
[Langue originale: Italiano]
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