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Niger: quatorze veuves pacifiques victorieuses face aux groupes armés, rapporte Fides

Photo : Zone_des_trois_frontières, Wikipedia®

L’agence missionnaire vaticane Fides témoigne de la « victoire » de quatorze veuves pacifiques du Niger, victorieuses face aux groupes armés, dans ce récit signé par Mauro Armanino.

« Leurs maris et même certains de leurs enfants ont été tués par des groupes armés qui terrorisent et vident les villages de la zone des Trois Frontières, qui comprend le Burkina Faso-Mali-Niger, des populations qui leur sont hostiles. Les 14 veuves en question sont originaires de villages de la zone adjacente au Burkina Faso. Sans le savoir, elles ont quitté les rares distributions de nourriture dans les zones de déplacés créées à Makalonde et Torodi, pour rejoindre les champs de leurs villages respectifs abandonnés par la population. En bonnes paysannes, pour ne pas vivre de la charité étrangère, elles ont choisi d’aller récupérer les sacs de mil et de sorgho qui étaient conservés dans les villages.

À leur retour, elles ont été interceptées par des « bandits », comme on appelle les groupes armés, et dépouillées des précieux sacs de nourriture qu’elles avaient cultivés, récoltés et placés dans les greniers avec leurs familles. Les jeunes armés se sont contentés de confisquer la nourriture sans faire le moindre mal aux 14 veuves sur le chemin du retour. Le peu d’argent qu’elles gardaient ne leur a pas été retiré. Sauvées, les veuves ont retrouvé les conditions de vie précaires des milliers de personnes déplacées par les attaques et les menaces des groupes armés mentionnés ci-dessus. Au Niger, elles sont plus de 500 000, auxquelles s’ajoutent les réfugiés.

Les 14 veuves qui ont défié les groupes armés ont, contrairement à ce que l’on pourrait penser, gagné la bataille sans armes. Le mil et le sorgho sont les aliments de base des populations frontalières et contribuent à renforcer leur identité culturelle. Elles ont été menacées et spoliées du fruit de leur travail. Elles ont fait ce que leurs maris auraient fait. Elles ont défié à mains nues les règles imposées par une idéologie religieuse dépossédée par la violence contre les faibles. Les veuves ont gagné parce que, par leur action, elles ont démasqué le dieu violent.

Ce qui s’est passé dans un village isolé de la savane sahélienne n’entrera pas dans les statistiques désormais habituelles des morts et des blessés à la suite d’incursions de groupes armés. Il passera inaperçu comme la plupart des violences cachées et silencieuses qui blessent le fragile tissu social des populations. Rendu invisible par la pauvreté et l’oubli des autorités politiques et militaires, le peuple survit grâce à une force et une dignité extraordinaires dont seuls les paysans ont le secret. Les 14 veuves qui portaient sur leurs épaules la nourriture pour leurs enfants portaient en réalité aussi notre avenir. »

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