Photo : © Communication de l’Archevêché de Malines-Bruxelles
« Reconnaître en l’autre et en moi-même la part de vulnérabilité, dans une écoute respectueuse, nous libère du cercle vicieux de la toute-puissance et de l’abus. Cela nous rend véritablement plus forts », affirme Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles, en Belgique. Lors de son homélie, il a cité le titre du dernier ouvrage sur les abus dans l’Église de la médecin et théologienne Marie-Jo Thiel : « Plus forts car vulnérables ! »
Le dimanche 17 novembre 2024, l’Église catholique en Belgique a commémoré les survivants d’abus sexuels, lors d’une cérémonie de prière nationale organisée à la basilique de Koekelberg et présidée par Mgr Terlinden, indique le site cathobe.be Deux victimes ont pris la parole au cours de la cérémonie. L’archevêque a consacré son homélie au thème de la « vulnérabilité ».
Il a rappelé la vulnérabilité des enfants : « C’est vrai aujourd’hui, et ce l’était encore plus à l’époque de Jésus, car dans l’Antiquité romaine, un enfant n’avait pas de statut social et ne comptait pas aux yeux de la société. » Le Christ, a-t-il poursuivi, non seulement « met en lumière l’un des êtres les plus vulnérables », « mais il va encore plus loin : il s’identifie à cet enfant et se révèle lui-même vulnérable, comme il le fera de manière ultime sur la croix » (« Quiconque reçoit en mon nom ce petit enfant me reçoit moi-même », Mt 18:5).
Mgr Terlinden a souligné que « l’humain, par nature, est vulnérable » et que « le véritable drame survient lorsque cette vulnérabilité est refoulée, en particulier chez ceux qui exercent une position d’autorité dans l’Église ». « Ce refoulement, a-t-il dit, laisse place à un sentiment de toute-puissance, qui, chez certains, peut conduire à une déferlante de pulsions et de besoins narcissiques, au plus grand mépris des victimes. »
Ce sentiment de toute-puissance, a noté l’archevêque, « se manifeste aussi dans l’attitude des dirigeants lorsque, par souci de protéger la réputation de l’institution ou de préserver ses structures, les responsables minimisent ou dissimulent la réalité tragique des abus. Trop souvent, l’Église et ses dirigeants n’ont pas été à la hauteur des drames vécus, et ont parfois même couvert les actes les plus odieux ».
Paradoxalement, la vulnérabilité et la force font la paire. Mgr Terlinden a cité l’exemple du Christ : « Cette force, a-t-il dit, c’est aussi celle que le Christ a trouvée dans sa vulnérabilité la plus extrême, sur la croix. Là où la faiblesse semblait triompher, elle est devenue sa force : la puissance de résurrection à l’œuvre. Pour lui, et pour ceux qui mettent leur foi en lui, la croix du Christ est l’échelle qui conduit au ciel. »
Selon l’archevêque de Bruxelles, découvrir sa propre vulnérabilité et celle de l’autre permet de devenir plus « humain » : « Je ne suis pas tout-puissant, j’ai moi aussi ma propre vulnérabilité. En la reconnaissant, je peux m’ouvrir à la vulnérabilité et à la souffrance de l’autre. Plus encore, en l’écoutant, je découvre ma propre vulnérabilité et je deviens plus humain. »
En concluant, Mgr Terlinden a demandé au Christ la grâce de « reconnaître » en nous cette vulnérabilité : « Sœurs et frères, demandons au Seigneur cette grâce : celle de reconnaître en chacun de nous cette part de vulnérabilité et de fragilité. Celle qui nous rend plus humains, plus humbles, plus ouverts aux autres, plus vrais, et finalement, plus lumineux. »