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Réflexions dominicales : éduquer l’esprit et le cœur à l’attente de Verbe de Dieu qui se fait chair, par Mgr Follo

Photo : © 2024 Amis du Saint-Siège à l’UNESCO

Ancien observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO (2002-2021), journaliste, professeur de philosophie et d’anthropologie culturelle, Mgr Francesco Follo réfléchit sur les textes bibliques du dimanche 1er décembre 2024 – Premier dimanche de l’Avent – dans son blog  Riflessioni domenicali.

Mgr Follo rappelle que le texte de l’Évangile sur la venue du Seigneur « est emblématique et n’admet aucune confusion » : « Nous sommes certains de cette venue, écrit-il. C’est pour cela que nous sommes appelés à nous préparer par la prière. Il ne s’agit pas de multiplier les temps de prière, mais de vivre dans une attitude de prière constante. De fait, seul celui qui se présente avec l’humilité du cœur devant Dieu et met sa confiance en lui, peut attendre la venue du Christ sans peur ni ébranlements. Mais, en plus de la prière, il est encore plus nécessaire de faire de son mieux dans la vie, concrètement par des comportements et des attitudes dignes de la lumière. »

Mgr Follo invite à ouvrir « notre cœur pour accueillir celui qui est attendu du monde entier : Jésus ». « Levons les yeux vers le Seigneur et vivons dans l’attente, vigilants dans la prière parce que chaque moment nous porte vers le salut », écrit-il.

Voici les réflexions de Mgr Follo :

Ier Dimanche de l’Avent – Année C (Rite Romain)

Jr.33, 14-16 ; 1 Th. 3, 12-4, 2 ; Lc. 21,25-28, 34-36


Un cœur d’Avent

Cette année encore, l’Avent, l’attente du Sauveur se répète de manière ponctuelle à la considération des chrétiens, comme une sorte d’échéance habituelle, jamais répétitive, parce qu’il marque la nouvelle étape d’un chemin qui rend la foi dans le Rédempteur, plus forte et plus claire. Il s’agit d’un chemin qui a une suite toujours plus parfaite, jusqu’ à ce qu’on arrive à la rencontre définitive avec le Seigneur Jésus.

Dans l’Évangile de ce premier Dimanche de l’Avent, tout est décrit comme s’il s’agissait d’une catastrophe cosmique, qui change la trajectoire des étoiles et crée la plus grande confusion parmi les hommes (Lc. 21, 25-26).

Luc n’a pas l’intention d’annoncer la fin du monde. Il a recours au genre littéraire des apocalypses pour dire que la chute de Jérusalem sera une étape décisive pour instaurer le Règne de Dieu sur le monde.

Concernant l’évènement de la destruction de Jérusalem, les premiers chrétiens en ont tiré cette conclusion : la fin de la ville sainte n’a pas coïncidé avec le retour final du Seigneur. Le retour du Seigneur n’est donc pas facile à prévoir mais les signes de son arrivée peuvent être reconnus par qui a  » un cœur d’Avent  » (Don Primo Mazzolari), un cœur tendu vers Dieu qui vient et qui se donne, un cœur d’Avent qui se prépare pour accueillir dignement le Sauveur, le  » Désiré  » des peuples, celui qu’attend le peuple élu.

Le Christ est ce  » germe  » dont parle Jérémie, l’homme nouveau, l’envoyé de Dieu qui rétablit la justice, non pas une justice punitive, mais un don de miséricorde qui redonne dignité de fils à chaque homme, et renouvelle la communion avec Dieu qui est notre Père.
La liturgie de la Parole de Dieu de ce jour – don toujours nouveau qui nous fait comprendre la foi de Dieu – nous propose ce message de préparation à la venue du Seigneur, de l’Emmanuel : Dieu est avec nous. Le texte de l’Evangile est emblématique et n’admet aucune confusion.
Le Christ viendra sur les nuées du ciel avec la puissance divine qui est la sienne.
Nous sommes certains de cette venue. C’est pour cela que nous sommes appelés à nous préparer par la prière. Il ne s’agit pas de multiplier les temps de prière, mais de vivre dans une attitude de prière constante. De fait, seul celui qui se présente avec l’humilité du cœur devant Dieu et met sa confiance en lui, peut attendre la venue du Christ sans peur ni ébranlements.
Mais, en plus de la prière, il est encore plus nécessaire de faire de son mieux dans la vie, concrètement par des comportements et des attitudes dignes de la lumière, comme nous le rappelle l’apôtre saint Paul : « L’heure est venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour » (Lettre aux romains 13, 11b.12-13a). 

Un cœur d’Avent qui devient comme un berceau

L’invitation de l’Avent est principalement celle-ci : « quand ces évènements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21,28), ouvrons donc notre intelligence et notre cœur pour accueillir celui qui est attendu du monde entier : Jésus.
Levons les yeux vers le Seigneur et vivons dans l’attente, vigilants dans la prière parce que chaque moment nous porte vers le salut. La liturgie nous dit d’où nous venons et où nous allons. Lorsqu’on célèbre un baptême, il y a au début, un dialogue entre le prêtre et les parents du nouveau-né : »Que demandez-vous à l’Eglise pour cet enfant ? « . La réponse est « la vie éternelle« . Depuis le début nous connaissons l’arrivée. Le début et la fin sont inextricablement liés. Notre vie ne sera donc pas l’odyssée d’Ulysse mais l’exode d’Israël de l’esclavage à la liberté vers une Terre Promise, où l’on pratique la liberté de l’amour désintéressé envers Dieu et le service généreux envers nos frères.

Dieu se fait chair par amour et est livré à nos mains, si fragiles et à notre cœur qui devient berceau. Si nous vivons dans la charité, chaque moment est celui de la présence, de la venue du Seigneur en nous. Si nous vivons la charité, Dieu reste toujours dans notre cœur, le soir, à minuit, au chant du coq, le matin.

À chaque instant, le moment de la rencontre est caché. Veillez donc à saisir le sens des choses. Veillez sur le sens du temps. Veillez sur les temps de la vie. Parce que l’Avent est le temps béni où Dieu vient. L’Avent, temps de l’attente est le moment de la joie parce que chaque venue du Christ est don de grâce et de salut, qui nous pousse à vivre le présent comme moment de responsabilité et de vigilance. La « vigilance » signifie la nécessité, l’urgence d’une attente vive, active et certaine parce que nous pouvons compter sur Dieu fidèle.

Et si c’était le cœur de Dieu qui nous attendait ?

Pendant l’Avent, l’Eglise nous demande de vivre l’attente de Dieu qui nous rencontre. Il faut un cœur vraiment pur pour reconnaître l’Infini qui s’incarne dans un enfant déposé dans une crèche. Comment ne pas être heureux d’un Dieu si proche, qui naît à Bethléem (ville du pain) pour se faire Pain de Vie.

Un fait est certain : nous pouvons vivre en ignorant Dieu ou en le mettant parmi les choses sans importance, superflues, mais Dieu ne nous abandonne pas. Lui, par égard à notre liberté qu’il nous a donnée, attend que nous ouvrions les yeux afin de découvrir la tromperie que le diable a combinée rendant aveugle notre cœur aux choses (Cfr Soljenitsyne). 

Les choses sans âmes, comme l’argent ou autre, peuvent-elles être le bonheur ? Si nous sommes sincères, nous sentons que « quelqu’ un » nous manque dans notre vie. Rien ne nous fascine, ni ne nous rassasie. Si nous sommes honnêtes, nous devons affirmer ce que dit le livre des Proverbes : « Vanité, tout est Vanité ».

Nous avons réellement besoin de Celui qui nous conduit au-delà de la vanité et de la pauvreté de cette terre. Mais nous ne savons pas ou nous ne voulons pas nous mettre à Sa recherche.
L’Avent est le moment pendant lequel nous devrions ouvrir les portes et les fenêtres de notre âme pour entendre les pas de Dieu qui vient parmi nous. Ce n’est pas le fait d’un sage que de cacher à soi-même la nostalgie du Père, de ce Père qui nous attend comme le Père miséricordieux a attendu chaque jour l’enfant prodigue. 

Le beau jour où le fils perdu (chacun de nous) revint, fut « Noël », parce que le fils mort était revenu à la vie. Vivons l’Avent avec l’assurance d’être attendu par Dieu : dans la grotte de Bethléem, au cénacle, sur le calvaire, dans l’Eglise, et enfin, dans sa maison et dans notre maison. L’attitude du Chrétien n’est pas celle du rêveur naïf parce qu’elle n’est pas basée sur les forces humaines ou sur le hasard, mais de celui qui sait que la vie change avec la rencontre avec la Vie.

L’attente, ce n’est pas vivre repliés sur soi-même, c’est regarder autour de soi et se rendre compte qu’il existe beaucoup de frères et sœurs qui, comme nous, sont des  » mendiants d’amour « . Donc, et nous devons regarder plus haut avec eux

La vie quotidienne peut alourdir le cœur, mais si on vit dans la ferveur envers Dieu et dans le partage avec le prochain, le cœur reste léger.

Pour cela, il y a l’exemple des vierges consacrées qui imitent la consécration de la Vierge Marie et Mère. La Madone, « la Vierge de l’attente et Mère de l’espérance  » (Benoît XVI) est le personnage principal de l’Avent et la « Porte » que le Fils a franchi pour entrer dans le monde. Ces femmes consacrées sont appelées à vivre dans la vigilance (Rituel de la consécration des Vierges, N° 21, Prière conclusive des litanies, avant la décision de virginité, devant l’Evêque qui prie : « Conduis-les dans la voie du salut, pour qu’elles désirent ce qui te plait et soient toujours vigilantes pour l’accomplir ». De ce fait, elles sont appelées à persévérer  dans leur zèle envers Dieu, en se donnant au Christ et elles contribuent ainsi à donner le Christ aux frères et sœurs, en servant Dieu et l’Eglise (Rituel de consécration N° 36 : « que l’Esprit-Saint, qui fut donné à la Vierge Marie et qui a consacré vos cœurs aujourd’hui, vous anime de sa force pour le service de Dieu et de l’Eglise »).

Conseils pratiques

1) En plus de la prière et du jeûne, préparons une couronne de l’Avent, une crèche à la maison. Cela nous aidera à lever les yeux, à nous souvenir du début de la venue de Dieu parmi nous, à ne pas étouffer la nostalgie de Dieu, évitant la sclérose des yeux et du cœur.

2) Pour celui qui a plus de temps, je propose les sermons sur l’Avent de Saint Bernard de Clervaux


http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/jjb.htm#f


Ou la prière du Père de Grandmaison :

Sainte Marie, Mère de Dieu,

garde-moi un cœur d’enfant, pur et transparent comme une source ;

obtiens-moi un cœur simple, qui ne savoure pas les tristesses ;

un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion,

un cœur fidèle et généreux qui n’oublie aucun bienfait et ne tienne rancune d’aucun mal.

Fais-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour,

joyeux de s’effacer dans un autre cœur devant ton divin Fils ;

un cœur grand et indomptable, 

qu’aucune ingratitude ne ferme, qu’aucune indifférence ne lasse ;

un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ blessé de son amour 

et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel. 


Etymologie du mot AVENT : Signification : « arrivée, venue ». Nous attendons l’arrivée, la venue du Seigneur Jésus, c’est très clair.

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