Photo: © capture-vaticaninfo.com; KTO TV, 29 juin 2020
« À tous ceux qui disent que le pape n’aime pas la France, c’est vraiment quelque chose de faux, une fausse perception, une fausse idée », affirme le nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, dans un entretien exclusif aux médias du Vatican. « C’est la créativité pastorale, la recherche théologique et le témoignage de sainteté que le pape aime dans le peuple de Dieu qui est en France », note-t-il. Le nonce cite le pape François : « Souvent, lorsqu’il reçoit à Rome des délégations françaises, il répète toujours: ‘Vous avez une Église courageuse et créative.’»
Mgr Migliore a été nommé par le pape François nonce apostolique en France le 11 janvier 2020. Avant cette nomination, il a déjà travaillé sur le sol français en tant qu’envoyé spécial avec les fonctions d’observateur permanent auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg (1992-1995), lit-on sur le site du diocèse de Paris.
Dans son entretien avec les médias du Vatican, le nonce apostolique explique des raisons de la non-venue du pape François à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris (le 7 décembre) : « Si le Saint-Père venait à Paris pour l’inauguration, il serait la vedette de ce jour-là. Il souhaite que la vedette soit Notre-Dame. Nous sommes aussi dans un moment synodal. La cathédrale est la cathèdre d’un évêque et donc il veut que ce soit l’évêque du lieu qui préside et qui célèbre ce grand événement. Le pape sera présent bien sûr par un message, par la prière, par son unité, par sa grande estime pour la France. »
Le nonce rappelle que « l’année passée » le pape a visité Marseille et qu’il « privilège » « les périphéries » et « les pays qui n’ont pas encore eu une visite de sa part »: « Certains prétendent que le pape n’aimerait pas la France. Cela fait peut-être vendre dans la presse, mais cela ne correspond pas à la vérité, affirme Mgr Migliore. Le Saint-Père a simplement une conception du monde qui privilégie les périphéries, les pays pauvres, les pays qui n’ont pas encore eu une visite de sa part. »
Le nonce estime que « la France fascine le pape François à cause de ce qu’il perçoit comme un étonnant paradoxe » : « Elle est à la fois l’un des pays où le processus de sécularisation est le plus avancé, au point que Dieu semble avoir disparu du paysage. Mais elle est aussi l’une des terres de sainteté les plus fécondes, et non seulement dans le passé, mais encore aujourd’hui. »
Le nonce parle aussi d’« une connaissance très profonde » de la part du pape François « de la réalité en France » : « Dans un contexte, nous pouvons le dire, de crise, avec la question des abus, nous pourrions dire que le pape exagère. Non, il n’exagère pas, dit le nonce. Il a une perception, une connaissance très profonde de la réalité en France. Il sait qu’il n’y a pas que des abus, qu’il n’y a pas que la baisse de la fréquence à la messe dominicale, mais qu’il y a tout ce que les théologiens ont résumé en deux mots: le passage de l’encadrement à l’engendrement. Si l’encadrement aujourd’hui, en termes de statistiques, est beaucoup plus faible, l’engendrement est vraiment vivant. Il y a des initiatives et des personnes qui s’engagent à l’évangélisation, à favoriser une foi beaucoup plus convaincue, plus personnelle et donc beaucoup plus efficace et créative dans la société. »
