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Nouvelle étape pour la cause de béatification de Pierre Goursat, fondateur de la Communauté l’Emmanuel (France)

Photo : © capture-vaticaninfo.com; Pierre et l’Emmanuel, Emmanuel Play

Anita Bourdin

Le pape François a approuvé, ce 18 décembre 2024, la publication d’un décret du Dicastère pour les causes des saints reconnaissant le caractère « héroïque », c’est-à-dire évangélique, des vertus humaines et chrétiennes vécues par Pierre Goursat (15 août 1914-25 mars 1991), fondateur de la Communauté de l’Emmanuel et de la Fraternité de Jésus.

Pour sa béatification, il faudrait la reconnaissance d’un miracle attribué à son intercession. Il en faudrait un autre, après sa béatification, pour qu’il soit canonisé. Une vocation d’adorateur laïc consacré dans le célibat.

Thérèse de Lisieux comme guide

Pierre Goursat est né le 15 août 1914 à Paris. Il y demeurera toute sa vie. Enfant, il perd son unique frère dont il était très proche. Il est le neveu de Sem, célèbre caricaturiste du début du xxe siècle.

Jeune homme brillant, il entreprend des études d’art. Sa conversion à une foi catholique personnelle se situe à l’âge de 19 ans alors qu’il était soigné pour tuberculose au plateau d’Assy. Il raconte avoir entendu son frère décédé lui dire « tu es devenu orgueilleux ». Il dira que ces quelques instants le « remplirent d’humilité ». Il enseignera toute sa vie la « petite voie » de sainte Thérèse de Lisieux, son modèle de sainteté.

Un adorateur de Jésus Eucharistie

Pendant la Seconde de guerre mondiale, il rencontre le cardinal Suhard, archevêque de Paris, dont il devient proche. Celui-ci le confirme dans sa vocation d’adorateur laïc consacré dans le célibat.

Engagé dans le monde culturel, il reste marqué par une santé très fragile. Il se consacre à l’évangélisation à travers les livres, les revues et la participation au Cercle Catholique des Intellectuels. Il s’oriente ensuite vers le cinéma. Il devient l’ami et parfois le conseiller de plusieurs metteurs en scène et exerce pendant dix ans la fonction de secrétaire de l’Office catholique du cinéma. En 1970, il prend sa retraite dans une vie très simple.

Le Renouveau charismatique catholique

Le 11 février 1972, quarante personnes, dont Pierre Goursat et Martine Laffitte, sont réunies pour entendre un témoignage et des explications de Xavier Le Pichon qui revient d’un voyage aux États-Unis où il a découvert le renouveau charismatique. Plus tard, ils invitent quelques personnes à venir prier avec eux à Paris dans la mouvance de ce renouveau catholique. Au départ, ils sont cinq. Un an plus tard, ils sont cinq cents. Ainsi naissent les prémices de la Communauté de l’Emmanuel dont il devient le premier « modérateur ».

La branche sacerdotale de l’Emmanuel

Grâce au frère Albert-Marie de Monléon, O.P., dominicain français – futur évêque de Pamiers puis de Meaux (1937-2019), qui avait connu lui aussi le Renouveau aux États-Unis -, il fondra la branche sacerdotale de l’Emmanuel: « Frère Albert », comme on l’appelait dans l’Emmanuel sera également le premier responsable des prêtres et séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel et de la Fraternité de Jésus, de 1983 à 1988

L’amour du Cœur de Jésus

En 1986, le pape Jean-Paul II, en visite à Paray-le-Monial, dit à Pierre Goursat : « Merci d’avoir fondé l’Emmanuel ». C’est en effet à l’occasion du tricentenaire des apparitions du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie, au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, il avait eu l’intuition de faire de Paray-le-Monial et du Coeur du Christ le lieu de ressourcement de l’Emmanuel. Une intuition bien en harmonie avec la dernière encyclique du pape François « Dilexit nos ». Paray-le-Monial vit encore actuellement une année jubilaire des 350 ans des apparitions (cf. https://sacrecoeur-paray.org/agenda-jubile/ ). En effet, c’est entre 1673 et 1675 que sainte Marguerite-Marie a trois grandes apparitions du Sacré-Cœur de Jésus.

Le dialogue avec la Vierge Marie

Pierre Goursat meurt le 25 mars 1991, habituellement en la fête de l’Annonciation, mais cette année-là c’était le Lundi Saint. Ses obsèques ont eu lieu en l’église de la Sainte-Trinité de Paris, présidées par le cardinal Jean-Marie Aron Lustiger. Il a été inhumé au cimetière de Paray-le-Monial.

Né un 15 août et décédé un 25 mars: toute l’existence de Pierre Goursat a été à l’école de la Vierge Marie: il avait été membre de la Légion de Marie à Paris. Il voudra, pour les jeunes de l’Emmanuel, une maison à Lourdes, et il la trouvera grâce une sainte demoiselle, Gabrielle Bonnafous: le « Pavillon Sainte-Thérèse », situé rue du Sacré-Coeur, à Lourdes: cela ne s’invente pas!

Quatre autres décrets

Le pape a aussi approuvé deux décrets concernant le martyre d’un jésuite, administrateur apostolique d’Estonie, Édouard Profittlich (1890-1942), mort des suites de son incarcération par le communisme soviétique à Kirov (Russie), et d’un prêtre italien de la Société de saint François de Sales, Elia Comini (1910-1944), tué sous le fascisme. Ils pourraient être béatifiés prochainement, le martyre suffit: aucun autre miracle n’est requis. Mais il en faudrait un pour leur canonisation.

Le pape a aussi reconnu les « vertus héroïques » d’un évêque roumain, Mgr Aron Marton (1896-1980), et d’un prêtre italien Rédemptoriste, Giuseppe Maria Leone (1829-1902).

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