Photo : Baudouin, roi des Belges, 16 sept. 1960; © Domaine Public
Anita Bourdin
Le Vatican annonce l’ouverture de la cause de béatification du roi Baudouin (1930-1993). Un communiqué, en italien, pubié samedi 21 décembre 2024, rappelle que c’était la volonté exprimée par le pape François lors de son voyage en Belgique (26-29 septembre 2024).
Le Dicastère pour les causes des saints donne par conséquent suite à la demande du pape François, indique ce communiqué: « Le Saint-Père François, lors de son récent voyage apostolique en Belgique, a annoncé le lancement de la cause de béatification et de canonisation de Baudouin, roi des Belges. Par la suite, la Secrétairerie d’État a communiqué que le Dicastère pour les Causes des Saints devait promouvoir et initier d’office la Cause en question. »
La première étape du travail, c’est l’enquête des historiens, précise la même source: « Souhaitant donner suite aux dispositions, le Dicastère a entamé le processus prévu en créant le 17 décembre 2024 la commission historique régulière, composée d’illustres experts en recherche archivistique et en histoire de Belgique, pour collecter et évaluer la documentation concernant le roi Baudouin. »
Le roi Baudouin a régné de 1951 – il avait 21 ans – à 1993. Il est notamment connu pour avoir abdiqué pendant trente-six heures, en 1992, afin de ne pas devoir signer la loi sur la légalisation de l’avortement dans son pays. La reine Fabiola – il se sont mariés le 15 décembre 1960 – et le roi Baudouin n’ont pas pu avoir d’enfants: la reine a souffert de différentes fausses-couches après avoir mis au monde un enfant mort-né. Le couple royal se sentait de ce fait aussi plus particulièrement responsable de tous les enfants de Belgique, dont les enfants à naître.
Lors de son voyage à Bruxelles, le pape François est allé se recueillir sur la tombe de Baudouin dans la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken. Le roi actuel, Philippe, neveu du roi Baudouin, et son épouse, la reine Mathilde, étaient présents.
Le pape a tenu à saluer « le courage de Baudouin lorsqu’il a choisi de quitter son poste de roi pour ne pas signer une loi assassine ».
Pour le pape, le roi des Belges constitue un exemple pour cette époque « où l’on élabore des lois criminelles », avait alors expliqué un communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège. À cette occasion, le pape François a souhaité que « sa cause de béatification avance ».
Il en a fait l’annonce officielle après la prière de l’angélus, au terme de la messe finale de son voyage, dans un stade portant le nom du roi défunt, non sans provoquer quelque polémique: le travail des historiens consistera à examiner tous les aspects de l’action du roi Baudouin.
Le pape a souhaité « que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants » et il a demandé aux évêques belges « de s’engager à mener à bien cette cause », puisque la cause en béatification démarre toujours par une enquête dans le diocèse dans lequel le baptisé est décédé.
Le roi Baudouin est mort d’un arrêt cardiaque le 31 juillet 1993 – jour de la fête de saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites -, lors de vacances dans sa villa de Motril, en Espagne, à l’âge de 62 ans.
L’annonce publique a provoqué une vague d’émotion populaire: jusqu’à 500 000 Belges, de toutes les régions du pays, francophone, néerlandophone ou germanophone, se sont rendus devant le palais royal pour y déposer des fleurs et des bougies et rendre hommage au roi défunt. Les scouts ont alors formé un immense B avec les fleurs. Les gens campaient jour et nuit, les files d’attente pouvant durer 10 heures pour lui rendre un dernier hommage, malgré les fortes chaleurs. On a alors vu en lui un « représentant symbolique de la conscience et de l’identité collectives de la Belgique ».
Ses funérailles ont eu lieu le 7 août 1993 en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles: la reine Fabiola était vêtue de blanc en signe de la résurrection promise, et couleur de deuil des reines catholiques. Elle a voulu une « célébration de gloire et d’espérance », avec des témoignages poignants de l’action du roi.
Parmi les personnalités présentes: la reine Élisabeth II et l’empereur Akihito du Japon, lesquels traditionnellement n’assistent pas à des funérailles de chefs d’État étrangers, et le président français François Mitterrand. Le roi Baudouin a ensuite été inhumé dans la crypte royale auprès des rois et des reines belges.
En décembre 2005, le roi Baudouin a même été élu au 2e rang des « plus Grands Belges de tous les temps » par le public de la RTBF.