Photo: le reliquaire de sainte Thérèse; audience générale; © capture-vaticaninfo.com; Vatican Media
« L’entrée du Fils de Dieu dans l’histoire »: c’est le thème de la première catéchèse du pape François pour le Jubilé 2025, donnée en italien, mercredi dernier, 18 décembre 2024, dans la salle Paul VI du Vatican.
Le thème du Jubilé 2025, qui marque l’anniversaire du concile de Nicée (325) est « Jésus-Christ notre espérance ». Le pape consacre son premier cycle de catéchèses jubilaires à « l’Enfance de Jésus » et « la généalogie de Jésus ».
Au terme de sa catéchèse, le pape François a évoqué, à l’adresse des francophones, une salutation pour les pèlerins qui accompagnent les reliques de sainte Thérèse de Lisieux, présentes à l’audience et Rome pendant le jubilé.
Le pape a exprimé sa joie pour sa journée en Corse, dimanche dernier, 15 décembre. Il a redit sa solidarité avec la population de Mayotte frappée par le cyclone Chido, et il a lancé un appel à la prière pour la paix dans le monde.
L’audience a été égayée par la présence d’une fanfare.
Voici la traduction officielle de la catéchèse du pape, y compris des parties non lues qui sont également données comme prononcées.
GK
Cycle – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance.
I. L’enfance de Jésus
1. La généalogie de Jésus (Mt 1,1-17). L’entrée du Fils de Dieu dans l’histoire
Nous commençons aujourd’hui le cycle de catéchèse qui se développera tout au long de l’Année jubilaire. Le thème est « Jésus Christ notre espérance »: c’est Lui, en effet, qui est le but de notre pèlerinage, et Lui-même est la voie, le chemin à suivre.
La première partie traitera de l’enfance de Jésus, qui nous est racontée par les évangélistes Matthieu et Luc (cf. Mt 1-2; Lc 1-2). Les Évangiles de l’enfance racontent la conception virginale de Jésus et sa naissance dans le sein de Marie; ils rappellent les prophéties messianiques qui se sont accomplies en lui et parlent de la paternité légale de Joseph, qui a greffé le Fils de Dieu sur le « tronc » de la dynastie davidique. Jésus nous est présenté nouveau-né, enfant et adolescent, soumis à ses parents et, en même temps, conscient d’être entièrement dévoué au Père et à son Royaume. La différence entre les deux évangélistes est que si Luc raconte les événements à travers les yeux de Marie, Matthieu le fait à travers ceux de Joseph, en insistant sur cette paternité si inédite.
Matthieu ouvre son Évangile et tout le canon néotestamentaire par la « généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » (Matthieu 1, 1). Il s’agit d’une liste de noms déjà présents dans les Écritures hébraïques, pour montrer la vérité de l’histoire et la vérité de la vie humaine. En effet, «la généalogie du Seigneur est constituée d’une histoire vraie, où l’on trouve des noms pour le moins problématiques et où l’on souligne le péché du roi David (cf. Mt 1, 6). Mais tout se termine et s’épanouit en Marie et dans le Christ (cf. Mt 1, 16)» ( Lettre sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église, 21 novembre 2024). Apparaît alors la vérité de la vie humaine qui passe d’une génération à l’autre en délivrant trois choses: un nom qui renferme une identité et une mission uniques; l’appartenance à une famille et à un peuple; et enfin, l’adhésion de foi au Dieu d’Israël.
La généalogie est un genre littéraire, c’est-à-dire une forme appropriée pour transmettre un message très important: personne ne se donne la vie, mais il la reçoit en don des autres; dans ce cas, il s’agit du peuple élu, et ceux qui héritent du dépôt de la foi de leurs pères, en transmettant la vie à leurs enfants, leur transmettent également la foi en Dieu.
Mais contrairement aux généalogies de l’Ancien Testament, où seuls les noms masculins apparaissent, parce qu’en Israël c’est le père qui impose le nom à son fils, dans la liste de Matthieu, parmi les ancêtres de Jésus, les femmes apparaissent aussi. Nous en trouvons cinq: Tamar, la belle-fille de Juda qui, restée veuve, se fait passer pour une prostituée pour assurer une descendance à son mari (cf. Gn 38); Racab, la prostituée de Jéricho qui permet aux explorateurs juifs d’entrer dans la terre promise et de la conquérir (cf. Jos 2); Ruth, la Moabite qui, dans le livre homonyme, reste fidèle à sa belle-mère, prend soin d’elle et deviendra l’arrière-grand-mère du roi David; Bethsabée, avec qui David commet l’adultère et qui, après avoir fait tuer son mari, engendre Salomon (cf. 2 Sam 11); et enfin Marie de Nazareth, épouse de Joseph, de la maison de David: d’elle naît le Messie, Jésus.
Les quatre premières femmes sont unies non pas par le fait qu’elles sont pécheresses, comme on le dit parfois, mais par le fait qu’elles sont étrangères au peuple d’Israël. Ce que Matthieu met en évidence, c’est que, comme l’a écrit Benoît XVI, «par leur biais… le monde des gens entre dans la généalogie de Jésus – sa mission auprès des juifs et des païens devient visible» (L’enfance de Jésus, Milan-Vatican 2012, 15).
Tandis que les quatre femmes précédentes sont mentionnées à côté de l’homme qui est né d’elles ou de celui qui l’a engendré, Marie, en revanche, acquiert une importance particulière: elle marque un nouveau commencement, elle est elle-même un nouveau commencement, parce que dans son histoire, ce n’est plus la créature humaine qui est protagoniste de la génération, mais Dieu lui-même. C’est ce qui ressort clairement du verbe «naquit»: «Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ» (Mt 1, 16). Jésus est fils de David, greffé par Joseph dans cette dynastie et destiné à être le Messie d’Israël, mais il est aussi fils d’Abraham et de femmes étrangères, destiné donc à être la «Lumière des nations» (cf. Lc 2, 32) et le «Sauveur du monde» (Jn 4, 42).
Le Fils de Dieu, consacré au Père avec la mission de révéler son visage (cf. Jn 1, 18; Jn 14,9), entre dans le monde comme tous les fils de l’homme, à tel point qu’à Nazareth il sera appelé «fils de Joseph» (Jn 6, 42) ou «fils du charpentier» (Mt 13, 55). Vrai Dieu et vrai homme.
Frères et sœurs, réveillons en nous la mémoire reconnaissante envers nos ancêtres. Et surtout, rendons grâce à Dieu qui, par notre Mère l’Eglise, nous a engendrés à la vie éternelle, la vie de Jésus, notre espérance.
Salutation en français
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les élèves des différentes écoles de Paris et de Dijon, mais aussi les fidèles qui accompagnent les reliques de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
J’exprime ma sollicitude pour tous les habitants de l’archipel de Mayotte dévasté par un cyclone et je les assure de ma prière. Que Dieu accorde le repos aux personnes qui ont perdu la vie, les secours nécessaires à toutes celles qui se trouvent dans le besoin, et le réconfort aux familles éprouvées.
Le voyage en Corse
Le récent voyage en Corse où j’ai été reçu si chaleureusement, m’a particulièrement touché par sa ferveur populaire où la foi n’est pas un fait privé mais aussi par le nombre des enfants présents : une grande joie et une grande espérance !
Dieu vous bénisse tous !
Appel pour la paix
Et à présent, chers frères et sœurs, prions pour la paix. N’oublions pas les gens qui souffrent à cause de la guerre: la Palestine, Israël, et tous ceux qui souffrent, l’Ukraine, la Birmanie… N’oublions pas de prier pour la paix, pour que les guerres prennent fin. Demandons au Prince de la paix, au Seigneur, qu’il nous donne cette grâce: la paix, la paix dans le monde. La guerre, ne l’oublions pas, est toujours une défaite, toujours! La guerre est toujours une défaite.
© Dicastère pour la communication – Librairie éditrice du Vatican