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Québec : saint François de Laval, «Hariaouagui», «l’homme de la grande affaire du salut»

Photo :  © vaticaninfo.com; tombeau de saint François de Laval; la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

Nommé par les Hurons « Hariaouagui », « l’homme de la grande affaire du salut », saint François de Laval (1623-1708) est le premier évêque de Québec, le pays auquel il consacra 50 ans de sa vie et où il voulut mourir.  Cette année 2024 marque le 10e anniversaire de sa canonisation (par le pape François, en 2014). Une exposition présentant la vie de ce pasteur, éducateur, fondateur des séminaires de Québec, est en cours dans la cathédrale Notre-Dame de Québec.

Issu d’une famille noble et riche, saint François de Laval décide de devenir missionnaire et en 1659, à l’âge de 36 ans, débarque en Nouvelle-France. Le territoire de son diocèse s’étend alors de l’Acadie à la Louisiane. Pasteur dévoué, il ne reste pas sur place : il entreprend de longs voyages parcourant son diocèse à pied, en canot et en raquettes.

Saint François de Laval fonde le Petit Séminaire pour les jeunes garçons, le Grand Séminaire pour les futurs prêtres et l’école de la Grande Ferme pour les travailleurs artisans.

Pour assurer la stabilité du séminaire, il achète, en 1668, avec son propre argent (8 900 livres) la seigneurie de Beaupré. La Côte-de-Beaupré et l’île d’Orléans (dont il devient aussi le propriétaire) « étant déjà bien peuplées et développées, les redevances seigneuriales qu’il peut en tirer représentent la meilleure façon de subvenir aux besoins du Séminaire et de poser les bases de l’Église canadienne ».

« Homme de foi et de principes », lit-on dans sa biographie, il lutte « toute sa vie pour la dignité des peuples amérindiens, en s’opposant aux commerçants qui les exploitaient par la traite de l’eau-de-vie ‘pour tirer d’eux des castors’ ». Il interdit la vente de l’eau-de-vie aux Amérindiens sous peine d’excommunication.

Dans les notes explicatives de l’exposition de la cathédrale de Québec, on lit que la spiritualité de saint François se fonde sur l’idée « que l’amour de Dieu doit s’exprimer par les gestes concrets » : l’évêque « reste au chevet d’une vielle Amérindienne mourant; il s’empresse de vêtir un jeune qu’il trouve pieds nus l’hiver;  il affirme qu’il ‘faut se faire aimer par sa douceur, sa patience et sa charité et se gagner les esprits et les cœurs pour les gagner à Dieu; souvent une parole d’aigreur, une impatience, un visage rebutant, détruiront en un moment ce que l’on avait fait en un long temps ».

Il vit dans la spiritualité de désappropriation, qui est « l’abnégation de soi-même, non pas dans un aspect restrictif et privatif, mais qui ouvre plutôt un espace de liberté pour le partage, la fraternité, le soutien mutuel et la rencontre ».

Il « mène la vie la plus austère qui soit, lit-on. Au Séminaire, il ne s’est réservé que quelques pièces où il vit sans chauffage. Il est d’une fidélité remarquable à ses pratiques d’oraison, à la visite des pauvres et des malades. Sa porte est toujours ouverte pour ses prêtres. »

Les organisateurs de l’exposition rappellent qu’au décès de saint François de Laval, il compte 50 ans d’épiscopat, « dont trente passées à la tête de l’Église de Québec ». « Pendant tout ce temps, il accomplit une œuvre missionnaire dont l’influence est décisive pour l’avenir de la religion catholique dans cette partie de l’Amérique. »

Saint François meurt à l’âge de 85 ans. Depuis 1993, son corps repose dans la chapelle funéraire de la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.

Il a été béatifié par le pape Jean-Paul II en 1980 et canonisé par le pape François en avril 2014.

Instructions aux missionnaires

Voici quelques citations der saint François de Laval de ses « Instructions aux missionnaires » écrites en 1668 :

« Soyez tous persuadés qu’étant envoyés pour travailler à la conversion du monde, vous avez l’emploi le plus important qui soit dans l’Église, ce qui vous oblige à être de dignes instruments de Dieu. »

« Qu’ils (les missionnaires) tâchent d’éviter deux extrémités qui sont à craindre en ceux qui s’appliquent à la conversion des âmes : de trop espérer ou de trop désespérer. Ceux qui espèrent trop sont souvent les premiers à désespérer de tout à la vue des grandes difficultés qui se trouvent dans l’entreprise de la conversion des infidèles, qui est plutôt l’ouvrage de Dieu que de l’industrie des hommes. »

« N’avoir rien dans notre vie et dans nos mœurs qui paraisse démentir ce que nous disons ou qui mette de l’indisposition dans les esprits et dans les cœurs de ceux qu’on veut gagner à Dieu. »

« La langue est nécessaire pour agir avec les gens; c’est toutefois une des moindres parties, de même que dans la France, de bien parler français n’est pas ce qui fait prêcher avec fruit. »

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