Photo : © 2024 Amis du Saint-Siège à l’UNESCO
Ancien observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO (2002-2021), journaliste, professeur de philosophie et d’anthropologie culturelle, Mgr Francesco Follo réfléchit sur les textes bibliques du dimanche 8 décembre 2024 – 2e Dimanche de l’Avent – dans son blog Riflessioni domenicali.
Mgr Follo nous invite à apprendre « de Marie, à aplanir les chemins sur lesquels nous pouvons nous diriger vers le bien, avec le bien et pour le bien ».
Il invite également à apprendre « à dire, à Noël : ‘Jésus est né’, mais avec moins de sentimentalisme, conscients de ce que cela signifie de dire ‘oui’ à Dieu et de ce que cela implique. Marie dit ‘oui’, ‘J’ai confiance en Toi, Seigneur, Tu me défendras et tu me conduiras.’ Faisons de même afin qu’il se passe en nous ce qui s’est passé pour Marie : ‘Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.’ »
Voici les réflexions de Mgr Follo :
II Dimanche de l’Avent (Rite romain) – Ba 5, 1-9; Ps 125; Ph 1,4-6.8-11; Lc 3, 1-6- Un homme vigilant indique la Parole
9 décembre 2024 – Solennité de l’Immaculée Conception – Gn. 3,9-15 20; Eph. 1,3-6 11-12; Lc. 1,26-38 – La Vierge pleine de grâce accueille la Parole
La vérité, la vraie Parole de Dieu entre dans le monde grâce à une femme, Marie, l’Immaculée Conception
La fête de l’Immaculée Conception qui précède immédiatement le Deuxième dimanche de l’Avent, nous permet d’affirmer que ce n’est pas seulement Jean-Baptiste qui a préparé la voie au Messie. C’est d’abord et surtout Marie, Vierge et Immaculée dès sa conception, c’est celle qui de la manière la plus élevée et la plus généreuse a fait en sorte que le chemin vers le Seigneur soit aplani d’une manière définitive en « écrasant la tête du serpent ». Lorsque les voies de Dieu semblent difficiles, perdantes, par rapport à celles que l’apparence et la grosse caisse assourdissante des médias nous fait paraître bonnes, belles et désirables, n’oublions pas que Marie est prête à accourir vers nous, comme chez Elisabeth, pour nous apporter le réconfort et la joie, pour nous aider à redresser nos chemins parfois tortueux. Apprenons de Marie, à aplanir les chemins sur lesquels nous pouvons nous diriger vers le bien, avec le bien et pour le bien.
La rencontre avec le Christ, porté vers nous par Marie comme elle l’a porté jusqu’à sa cousine Elisabeth, nous permet de demander à la Vierge Marie, qui a accueilli et gardé en son cœur le Fils de Dieu, de recevoir et de conserver dans notre cœur Jésus, ce « flot incessant d’amour » fait chair.
La grâce du « oui» de Marie, qui se joint à notre fragile « oui », « transforme la terre en un autel et tout le travail de l’homme devient une offrande de louange » (hymne de louange) de joie et de mission. Ce n’est pas facile, mais c’est merveilleux de dire ce « oui » qui est contraire à ce qu’on appelle le bon sens commun. Il y a deux mille ans, à Nazareth, comme partout dans le monde juif, il y avait des péchés considérés comme les plus grands : l’idolâtrie (= infidélité à Dieu) et l’adultère (= infidélité à son mari). Marie, avec son oui à l’ange « trahit » son mari et dit qu’elle a conçu le Fils de Dieu. Marie s’est abandonnée en toute confiance à Dieu, et Dieu s’est « abandonné » à elle en devenant « le fruit de ses entrailles ». La vierge Marie accepta tout de Dieu, devint le Mère de Jésus, et prit la vérité entre ses bras.
Mais cet abandon total de Marie au vrai Dieu a permis un vrai Noël, selon la bonne volonté de Dieu. Alors préparons-nous à dire, à Noël : « Jésus est né », mais avec moins de sentimentalisme, conscients de ce que cela signifie de dire « oui » à Dieu et de ce que cela implique. Marie dit « oui », « J’ai confiance en Toi, Seigneur, Tu me défendras et tu me conduiras. » Faisons de même afin qu’il se passe en nous ce qui s’est passé pour Marie : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».
La Parole donnée par un homme, Jean-Baptiste, est aussi accueillie par un autre homme, Joseph, le père légal du Christ
Les lectures de ce deuxième dimanche de l’Avent (rite romain) nous donnent la signification de l’Avent non comme simple attente, mais comme l’attente joyeuse d’une rencontre attendue depuis longtemps qui implique une conversion. L’attente de l’Écriture Sainte est définie dans la joie. Le croyant ne se contente pas d’attendre. D’après notre expérience nous pourrions estimer cette attente passive et même ennuyeuse, mais le croyant se réjouit d’attendre un être cher. Le fidèle qui aime attend avec impatience le moment de la rencontre avec l’être aimé.
Dans l’Évangile, « romain » d’aujourd’hui, nous voyons Jean-Baptiste qui parcourt le désert avec un « impatience » telle qu’elle devient un feu intérieur qui lui fait aplanir les voies du salut. Dans la première lecture tirée du livre du prophète Baruch, il s’agit de Jérusalem, qui voit ses enfants partis dans la douleur, revenir dans la joie « exultant dans le souvenir de Dieu, car Dieu ramènera Israël avec joie dans la lumière de sa gloire« . Dans la deuxième lecture, nous entendons l’Apôtre Paul écrire aux Philippiens de sa prison ; sa première pensée est : »toujours, quand je prie pour vous tous, je le fais avec joie« . Le psalmiste dans le Psaume 125, « le Seigneur a fait de grandes choses pour nous, nous étions remplis de joie« , est tellement imprégné de la joie de Seigneur qu’il fait de ce mot le terme central du Psaume puisqu’on le retrouve dans chacune des quatre strophes.
Toutes les lectures d’aujourd’hui sont inspirées de ce sentiment de joie qui nous envahit, nous les fidèles et il se résume dans la rencontre avec le Seigneur, dont « la miséricorde nous donne la vie » (Hymne des lectures).
Non seulement Marie, l’Immaculée Conception (Fête du 8 décembre), et Jean-Baptiste (cf. Deuxième dimanche de l’Avent romain) ont aplani les voies pour la venue du Christ, mais Saint-Joseph a rendu possible de tout son cœur la mission divine de sa femme, Marie, de qui naîtrait le second Adam, le Christ, notre Seigneur. Le monde reçut une nouvelle origine en Jésus, qui a été pleinement accepté et protégé par cet humble charpentier, un homme juste par excellence, un homme à l’amour héroïque envers Dieu et la Vierge Marie. Saint-Joseph ne doutait pas de Marie, il ne s’est pas senti trahi et a confirmé avec foi sa décision d’être l’époux de Marie. Ainsi s’est formée la Sainte Famille, où les deux époux respiraient l’amour de Dieu, dans la sainteté. Dieu a rempli sa vie. Si nous lui disons « oui », Dieu remplit aussi nos vies, chaque jour et pour toujours. La Sainte Famille est et doit être de plus en plus le modèle de toute famille chrétienne, où, comme à Nazareth, Saint-Joseph était rempli d’amour : « L’amour peut unir le ciel et la terre » (Francis Jammes,1868-1938, poète, romancier et dramaturge français).
Il est cependant très important de rappeler avec le bienheureux Jean-Paul II que « À l’instar d’une femme qui suit la voie du mariage, la vierge consacrée est capable de vivre et d’exprimer l’amour « sponsal», dans un amour semblable, elle devient, dans l’Eglise, un don à Dieu, au Christ Rédempteur, pour chaque frère et chaque sœur. Aimez les enfants de Dieu. Votre amour total et exclusif pour le Christ ne vous écarte pas de l’amour envers tous les hommes et toutes les femmes, vos frères et sœurs, parce que les horizons de votre amour – précisément parce que vous appartenez au Seigneur – sont les mêmes horizons que ceux du Christ … Ayez un cœur miséricordieux et compatissant aux souffrances des autres. Œuvrez pour la défense de la vie, la promotion de la femme, le respect de sa liberté et de sa dignité. Vous le savez : « vous qui êtes vierges pour le Christ » , vous devenez «mères par l’esprit» (Ordo consecrationis virginum, n 16.) en coopérant avec amour à l’évangélisation et à la promotion de l’homme « (Jean-Paul II, Discours aux participantes du Rassemblement International « Ordo Virginum« , pour le 25e anniversaire de la promulgation du Rite de Consécration , 2 Juin 1995, n ° 5-7).
Une prière de saint Bernard de Clervaux (1090-1153) :
Souvenez-vous ô Très Miséricordieuse Vierge Marie
Qu’on n’a jamais entendu dire
Qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection,
Imploré votre assistance,
Réclamé votre intercession
Ait été abandonné
Animé d’une pareille confiance,
Ô Vierge des Vierges, ô ma mère,
J’accours, je viens à vous, je me prosterne à vos pieds,
Ô Mère du Verbe Incarné,
Ne méprisez pas mes prières,
Mais écoutez-les favorablement
Et daignez les exaucer
Amen.