Photo : © DP; Mère Teresa de Calcutta
Anita Bourdin
Le pape François le voulait: la fête de sainte Mère Teresa de Calcutta (1910-1997), fixée au 5 septembre de chaque année, est désormais inscrite au « Calendrier du rite romain » en tant que « mémoire facultative », indique le cardinal Arthur Roche qui publie un décret du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements dont il est le préfet. Il explique ensuite la portée du décret, qui vaut pour toute l’Église sur tous les continents.
« Cette insertion voulue par le Saint-Père en réponse aux demandes des évêques, des religieux et des associations de fidèles, et compte tenu du rayonnement de la spiritualité de sainte Teresa de Calcutta à travers le monde, a voulu la proposer comme un témoignage exceptionnel d’espérance pour les laissés-pour-compte de la vie », explique le cardinal Roche.
Le décret s’accompagne des éléments « à ajouter à tous les calendriers liturgiques et aux livres liturgiques pour la célébration de la messe et de la liturgie des heures, ainsi qu’au martyrologe romain ».
Ce sont les Conférences épiscopales qui vont devoir veiller au travail de traduction de l’édition typique en latin: « Il revient maintenant aux conférences épiscopales de traduire, d’approuver et, après confirmation par ce Dicastère, de publier les textes liturgiques pour cette célébration, comme le prévoient les normes en vigueur (cf. Lettre apostolique sous forme de motu proprio Magnum principium). »
Le cardinal Roche rappelle les paroles du pape François lors de la canonisation de Mère Teresa, le 4 septembre 2016, en l’année de la Miséricorde divine: « Le pape François l’a présentée comme un généreux vecteur de la miséricorde divine qui, comme le « sel » qui donne de la saveur à tout et la « lumière » qui illumine les ténèbres, imprégnait tout ce qu’elle entreprenait. »
Surtout, Mère Teresa, rappelle-t-il, est connue pour son service des plus pauvres, des laissés-pour-compte: « Cette servante des plus pauvres d’entre les pauvres est donc une authentique icône du Bon Samaritain. » « Sa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles », comme l’a noté le Saint-Père dans son homélie, “perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres”. »
Le cardinal préfet commente les prières à insérer dans la fête de sainte Teresa: « La prière de la collecte nous ouvre le cœur de sa spiritualité : l’appel à satisfaire la soif de Jésus-Christ sur la Croix en répondant par l’amour aux besoins des plus démunis. C’est pourquoi nous implorons Dieu le Père afin qu’en imitant son exemple, nous puissions servir le Christ présent dans nos frères et sœurs qui souffrent. »
Quant aux lectures de la messe en mémoire de sainte Teresa, le Dicastère par la liturgie a choisi « un texte du prophète Isaïe sur le jeûne agréable à Dieu » (cf. Is 58, 6-11), suivi du psaume 33 : « Je bénirai le Seigneur en tout temps » ».
Quant à l’Évangile, précédé de l’alléluia, il « met en évidence la révélation des mystères du Royaume aux petits (cf. Mt 11, 25) » et il « inclut le beau texte de l’évangile selon saint Matthieu qui, après avoir énuméré les œuvres de miséricorde, contient les paroles suivantes, merveilleusement vivifiées par Mère Teresa : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (cf. Mt 25, 40). »
Enfin, le cardinal Roche évoque les textes de la Liturgie des heures: une « note hagiographique », et pour l’Office des lectures, « un texte tiré de la lettre que la sainte a écrite au père Joseph Neuner en 1960, dans laquelle, en ouvrant son âme, elle manifeste l’obscurité de l’absence de Dieu à travers laquelle elle a vécu pendant de nombreuses années, mais qu’elle a offerte joyeusement à Dieu, afin qu’en supportant fidèlement cette épreuve, beaucoup d’âmes puissent être éclairées ».
Pour ce qui est du Martyrologe romain, il place désormais Mère Teresa « en première position des célébrations du 5 septembre », suivie des autres saints et bienheureux fêtés ce jour-là aussi.
L’intention de cette décision liturgique est, conclut le cardinal préfet, qu’elle aide les baptisés à « contempler cette femme, phare de l’espérance, petite par la taille, mais grande par l’amour, témoin de la dignité et du privilège de l’humble service dans la défense de toute vie humaine et de tous ceux qui ont été abandonnés, rejetés et méprisés même dans le secret du ventre de leur mère ».
Voici la traduction officielle du « décret » du dicastère pour la liturgie publié ce 11 février 2025.
DÉCRET
d’inscription de la célébration de sainte Teresa de Calcutta, vierge,
dans le Calendrier Romain Général
“Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur”(Mc10, 43). En vivant radicalement et en proclamant avec audace l’Évangile, Sainte Teresa de Calcutta est un témoin de la dignité et du privilège de l’humble service. En choisissant d’être non seulement la plus petite, mais la servante du plus petit, elle est devenue un modèle de miséricorde et une icône authentique du bon Samaritain. La miséricorde, en effet, était pour elle le « sel » qui donnait de la saveur à chacune de ses actions, et la «lumière» qui illuminait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance.
Le cri de Jésus sur la croix, « J’ai soif », a pénétré au plus profond de l’âme de Teresa. C’est pourquoi, toute sa vie, elle s’est entièrement consacrée à étancher la soif d’amour et d’âmes de Jésus Christ, en le servant parmi les plus pauvres des pauvres. Remplie de l’amour de Dieu, elle irradiait d’égale manière les autres avec ce même amour.
Inscrit au catalogue des saints en 2016 par le Souverain Pontife François, le nom de Sainte Teresa de Calcutta ne cesse de briller comme une source d’espérance pour tant de personnes en quête de consolation face aux tribulations du corps et de l’esprit.
C’est pourquoi le Souverain Pontife François, accueillant les demandes et les désirs des pasteurs, des religieux et religieuses, ainsi que des associations de fidèles, considérant l’influence exercée par la spiritualité de sainte Teresa de Calcutta dans les différentes régions du monde, a ordonné que le nom de sainte Teresa de Calcutta, vierge, soit inscrit dans le Calendrier Romain Général et que sa mémoire facultative soit célébrée par tous le 5 septembre.
Cette nouvelle mémoire doit être incluse dans tous les calendriers et livres liturgiques pour la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures, en adoptant les textes liturgiques joints à ce Décret, qui doivent être traduits, approuvés et, après confirmation par ce Dicastère, publiés par les Conférences épiscopales.
Nonobstant toute disposition contraire.
Du siège du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 24 décembre 2024.
Arthur Card. Roche, Préfet
Vittorio Francesco Viola, O.F.M., Archevêque Secrétaire