Photo : © le diocèse italien aux armées (ordinariatomilitare.it); Salvo D’Acquisto
Anita Bourdin
La cause de béatification du jeune carabinier italien, héroïque, Salvo D’Acquisto (1920-1943), a progressé de façon significative, ce mardi 25 février 2025, avec l’approbation par le pape François du décret établissant « l’offrande de la vie » du « Serviteur de Dieu Salvo D’Acquisto, fidèle laïc, né à Naples le 15 octobre 1920 et décédé à Palidoro (Italie) le 23 septembre 1943 ».
Rappelons que « l’offrande de la vie » est une nouvelle voie reconnue par le pape François pour une éventuelle béatification, distincte des itinéraires fondés sur le martyre ou sur le caractère « héroïque » des vertus humaines et chrétiennes d’un baptisé.
Cette troisième voie a été reconnue par le pape François en 2017 pour l’éventuelle béatification de baptisés « qui, suivant de plus près les traces et les enseignements du Seigneur Jésus, ont volontairement et librement offert leur vie pour les autres et ont persévéré dans cette détermination jusqu’à la mort ».
Après les décrets d’« offrande de la vie » ou attestant de leurs vertus héroïques, les « serviteurs de Dieu » sont appelés désormais « vénérables ». Il faudra la reconnaissance d’un miracle pour leur béatification éventuelle, un autre, postérieur, pour leur éventuelle canonisation.
Salvo et un aumônier militaire des États-Unis
Le pape inaugure cette reconnaissance par deux cas, ce 25 février 2025: Salvo D’Acquisto, très populaire en Italie où des casernes de carabiniers ou bien des collèges portent son nom, et des films l’ont encore mieux fait connaître; et le prêtre diocésain des États-Unis devenu aumônier militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, Emil Joseph Kapaun (20 avril 1916 – 23 mai 1951), né à Pilsen (Kansas) et décédé dans le camp de prisonniers de Pyokton (Corée du Nord), de malnutrition et d’une pneumonie. Sa dépouille ayant été identifiée, il repose maintenant dans son État d’origine, le Kansas, à Wichita. Des miracles dus à son intercession pourraient être reconnus.
Pour ce qui est de Salvo D’Acquisto, un communiqué rappelle qu’après un long chemin, souhaité par le diocèse italien aux armées, commencé le 4 novembre 1983 avec l’évêque aux armées d’alors Gaetano Bonicelli, poursuivi ces dernières années avec Mgr Santo Marcianò, selon la pratique établie par le Dicastère pour les causes des saints, le Saint-Père a signé le décret qui reconnaît Vénérable le vice-brigadier des Carabiniers, Médaille d’or de la vaillance militaire, Salvo D’Acquisto, pour la façon héroïque dont il a vécu les vertus théologales chrétiennes, jusqu’à « l’offrande de la vie ». C’est la première et jusqu’à présent la seule cause portée directement par le diocèse aux armées italien.
Déjà, en 2014, le pape François avait souligné la « vocation des Carabiniers » à « servir » et il avait également cité ce héros de la Seconde Guerre mondiale, Salvo D’Acquisto, le 6 juin, Place Saint-Pierre, lors de la Rencontre organisée par les Carabiniers pour le bicentenaire de leur fondation, entourés de leurs familles.
Sa vie offerte pour 22 otages
Le pape résumait ainsi l’héroïsme du jeune carabinier: « À l’âge de 23 ans, ici, près de Rome, à Palidoro, il a offert spontanément sa jeune existence pour sauver de la brutalité nazie la vie de personnes innocentes. »
Originaire de Naples, Salvo D’Acquisto a en effet offert sa vie pour que 22 otages soient épargnés, après la mort de deux soldats allemands du fait de l’explosion d’un dépôt de munitions le 22 septembre 1943. Une explosion accidentelle, causée par les Allemands, mais que les SS attribuèrent à un attentat, et ils menaçaient de représailles si personne ne se dénonçait.
Devant le danger de l’exécution imminente des otages civils, Salvo D’Acquisto, totalement étranger à l’explosion, s’est auto-accusé pour sauver leurs vies. Or, l’officier allemand, qui le tenait en estime, savait qu’il n’avait pas pu commettre d’attentat. Les otages ont cependant été tous libérés sains et saufs, tandis que lui seul était exécuté. Il aurait eu 23 ans, trois semaines plus tard. Il repose dans la basilique Santa Chiara de Naples, connue pour abriter les tombes des rois de Naples et de leurs familles. Sa cause de béatification a été conclue au niveau diocésain en 1991, passant alors à Rome.