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Dernier adieu au pape François à travers les rues de Rome jusqu’à Sainte-Marie-Majeure

Photo : © Vatican Media; le 26 avril 2025

Anita Bourdin

Comme il l’a voulu, le pape François repose désormais entre deux chapelles de Sainte-Marie-Majeure, la chapelle Sforza et la chapelle Pauline, où se trouve l’icône de la Vierge Marie, « Sauvegarde du peuple romain », devant laquelle le pape a prié si souvent, avant et pendant son pontificat.

Une tombe simple, dépouillée, comme celle de ses prédécesseurs Benoît XVI, Jean-Paul II, et Paul VI, a accueilli son cercueil de cyprès. Une inscription, son nom, en latin: « Franciscus ».

L’adieu du diocèse
Loin des officiels et des chefs d’États, le cortège a traversé Rome, du Vatican à la basilique mariale: 5km sous les applaudissements de plus de 150 000 personnes. La voiture qui portait le cercueil du pape c’est la « papamobile » qui lui a servi lors de son voyage au Mexique. Le Mexique lui en avait fait cadeau en 2017 à l’occasion du 25e anniversaire des relations diplomatiques entre le Mexique et le Saint-Siège.

Enfin, ce bain de foule qu’il aimait tant! L’évêque de Rome a pu rencontrer son peuple: les Romains, les touristes, les pèlerins, dont ces adolescents venus à Rome pour leur jubilé et qui se sont retrouvés au coeur de cette journée historique. La messe sera célébrée avec eux, dimanche, Place Saint-Pierre.

Car, dès le début de son pontificat, l’évêque de Rome rêvait de passer à pied la frontière du Vatican, pour aller acheter son journal et rencontrer ses diocésains, mais le gendarme en faction lui a fait respectueusement remarquer qu’en tant que Chef d’un État étranger il ne pouvait pas y aller.

Quand il a voulu changer ses verres de lunettes, au centre de Rome, chez un opticien de la Via del Corso, le 3 septembre 2015, un attroupement s’est tout de suite formé: mieux valait que la sécurité italienne ait été mise au courant de l’escapade papale en Ford Escort, accompagné de son chauffeur. La monture était en bon état: le pape ne voulait pas en changer, juste les verres. De même lorsqu’il a dû changer ses chaussures orthopédiques, le 21 décembre 2016, pour résoudre ses problèmes de dos.

Autrefois, les papes faisaient venir au Vatican les personnes qui pouvaient répondre à leurs besoins. Mais le pape François – et auparavant l’archevêque de Buenos Aires – a souvent répété qu’il était à leur service et non pas eux à son service.

Et il a aussi confié que cela lui manquait de ne pas pouvoir sortir du Vatican, de façon anonyme, dans les rues, simplement par exemple pour aller manger une pizza.

Les roses blanches du pape des pauvres
La basilique construite sur la colline de l’Esquilin, par le pape Libère à la suite d’un songe et d’une chute de neige miraculeuse qui a marqué l’emplacement, le 5 août 358. La via Merulana qui y conduit avait rassemblé des milliers de personnes, à l’ombre des grands platanes ou sous le soleil d’avril et ce ciel d’un bleu romain légendaire. Dès 10h des écrans géants leur avait permis de suivre les obsèques.

Face à la basilique, les habitants ont tendu un immense calicot pour exprimer leur gratitude: « Merci François », « Grazie Francesco ».

Le cortège funèbre a été accueilli sur les marches du parvis de Sainte-Marie-Majeure par une quarantaine de personnes démunies, une rose blanche à la main: dix personnes réfugiées aidées par la Caritas, cinq détenus de la maison d’arrêt de Rebibbia, rencontrée en décembre 2024 lors de l’ouverture d’une Porte Sainte en prison, des familles en difficulté, des sans-abris, des personnes transgenres et des femmes victimes de la traite des êtres humains, accompagnés par des associations religieuses et laïques. Presque toutes avaient naguère rencontré le pape François.

Au chant des psaumes, la procession accompagnant le cercueil, porté par 14 appariteurs, a progressé dans la nef centrale avant de s’arrêter, dans la nef latérale gauche, devant la Chapelle pauline, où est vénérée l’icône de Marie. Quatre enfants, deux filles et deux garçons, sont allés déposer deux paniers de roses blanches au pied de l’autel, sous l’icône, de la part du pape François, qui apportait toujours des fleurs lorsqu’il venait s’y recueillir.

Le pape François a voulu une tombe « dans la terre, simple, sans décoration particulière, et avec la seule inscription : Franciscus ».

Une inhumation « en famille »
La cérémonie de l’inhumation, privée, s’est déroulée à 13h, pendant environ une demi-heure, en « famille », sous la présidence du cardinal camerlingue, Kevin Farrell.

Huit autres cardinaux étaient présents: le doyen, italien, du Collège cardinalice, Giovanni Battista Re, Roger Michael Mahony, des États-Unis, le protodiacre Dominique Mamberti, originaire de Corse, l’archiprêtre de la basilique Sainte-Marie-Majeure, le Polonais Stanisław Ryłko, l’archiprêtre coadjuteur, Rolandas Makrickas, un Lituanien, l’ancien secrétaire d’État, Pietro Parolin, le vicaire de Rome, Baldassare Reina, et un autre Polonais, très proche du pape, l’aumônier pontifical, Konrad Krajewski.

Autour du cercueil papal se trouvaient aussi le substitut de la secrétairerie d’État Mgr Edgar Peña Parra, du Venezuela, le vice-camerlingue, un Brésilien, Mgr Ilson de Jesus Montanari, le régent de la Maison pontificale, un Italien, Mgr Leonardo Sapienza, les chanoines de Sainte-Marie-Majeure et les confesseurs – dominicains, en cape noire -, ainsi que les secrétaires du pape François.

Puis le cercueil de cyprès a été déposé devant le caveau où le pape a choisi de reposer. Il a d’abord été scellé, au son de l’orgue, avec de la cire rouge, par le cardinal Farrell – sceau du camerlingue -, par Mgr Sapienza – sceau de la préfecture de la Maison pontificale -, par le cérémoniaire – sceau du Bureau des célébrations liturgiques pontificales -, et par le cardinal archiprêtre de sainte Marie-Majeure, Makrickas – sceau du Chapitre de la basilique.

Une fois placé dans le caveau, le cercueil a reçu l’aspersion d’eau bénite, par le cardinal Farrell, au chant de l’antienne mariale du temps liturgique de Pâques, le Regina Coeli.

Enfin, un « acte authentique » de l’inhumation a été rédigé puis lu devant les personnes présentes. Et il a été signé par quatre des témoins, le cardinal camerlingue, le régent de la Maison pontificale, le maître des célébrations pontificales et le notaire.

La basilique n’a été rouverte au public qu’à 21h, pour la prière du chapelet pour le pape François, en de premier jour des neufs jours de prière pour le défunt pape, le « novemdiales ». Sainte-Marie-Majeure sera de nouveau ouverte dimanche matin pour permettre aux Romains et aux visiteurs de se recueillir sur le tombe du pape François. Elle sera fermée à 16h. Mais désormais le Ministère italien de l’intérieur a annoncé qu’il était inutile de se mettre dans la file: les visiteurs ne pourront pas entrer dans la basilique, tellement ils sont déjà nombreux…

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