Photo : © Vatican Media; le 13 avril 2025, Place Saint-Pierre
Anita Bourdin
En ce dimanche des Rameaux, 13 avril 2025, le pape François est venu saluer la foule, Place Saint-Pierre, au terme de la messe présidée par le cardinal argentin Leonardo Sandri, vice-doyen du collège des cardinaux. Il s’est ensuite rendu, pour la seconde fois en une semaine, au mémorial de Benoît XV (1854-1922), pape de la paix.
D’une voix encore enrouée, le pape, en fauteuil, sans canules nasales pour l’oxygène, a réussi à dire, en italien: « Bon dimanche des Rameaux et bonne semaine sainte ! », sous les ovations de quelque 25 000 visiteurs. Le fauteuil du pape était poussé, comme lors des apparitions publiques précédentes, par son infirmier personnel, Massimiliano Strappetti.
Le pape est ensuite passé auprès des cardinaux et des personnes présentes sur le parvis, ne s’arrêtant que pour les petits enfants, son assistant distribuant des bonbons. Certains cherchaient à lui serrer la main ou à toucher sa soutane blanche. Le pape semblait toujours avoir du mal à lever les bras, il se contentait de signes de la main.
L’appel constant à la fin des conflits
Le Vatican précise que le pape s’est ensuite rendu dans la basilique Saint-Pierre pour s’arrêter à prier sur la tombe de Saint-Pierre et, comme le 10 avril, il s’est recueilli devant le monument dédié à Benoît XV, défini par Benoît XVI comme un pape de la paix, ayant utilisé toutes les ressources de la diplomatie vaticane pour tenter d’empêcher la Première Guerre mondiale.
Dans son message pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2006, le pape Benoît XVI confiait en effet qu’il souhaitait mettre son pontificat au service de la paix dans le sillage de celui dont il avait repris le nom: « Le nom même de Benoît, que j’ai choisi le jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en faveur de la paix. J’ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de l’Europe, inspirateur d’une civilisation pacificatrice dans le continent tout entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna la Première Guerre mondiale comme « un massacre inutile » et qui a tout mis en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous. »
Benoît XV correspond ainsi par son engagement aux préoccupations du pape François dont les messages, pendant toute son hospitalisation, se sont aussi concentrés sur des appels à la fin des conflits.
Ce dimanche encore, son message écrit pour l’angélus exprime ce souci constant de la paix: « Je vous demande de confier avec moi au Seigneur toutes les personnes qui souffrent, spécialement celles qui sont touchées par la guerre, la pauvreté ou les catastrophes naturelles. En particulier, que Dieu accueille dans sa paix les victimes de l’effondrement d’un club à Saint-Domingue et qu’il réconforte leurs familles. »
Il a spécialement confié son souci pour la paix au Soudan, au Liban, en Ukraine, en Palestine, en Israël, en RDC, en Birmanie, au Soudan du Sud: « Le 15 avril marquera le deuxième triste anniversaire du début du conflit au Soudan, qui a fait des milliers de morts et contraint des millions de familles à fuir leur foyer. La souffrance des enfants, des femmes et des personnes vulnérables crie vers le ciel et nous supplie d’agir. Je renouvelle mon appel aux parties impliquées, pour qu’elles mettent fin à la violence et s’engagent sur la voie du dialogue, et à la communauté internationale, pour que l’aide essentielle aux populations ne manque pas. Et souvenons-nous aussi du Liban, où la tragique guerre civile a commencé il y a cinquante ans : avec l’aide de Dieu, qu’il vive dans la paix et la prospérité. Que la paix vienne enfin pour l’Ukraine martyrisée, la Palestine, Israël, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Soudan du Sud. »
« Que Marie, Mère des Douleurs, nous obtienne cette grâce et nous aide à vivre la Semaine Sainte avec foi », conclut le message du pape.
Des « cyrénéens », aujourd’hui
Méditant sur l’évangile de la Passion de Jésus, lu ce dimanche des Rameaux dans toutes les églises, le pape s’est aussi adressé à ceux qui sont tentés par le découragement: « Nous avons tous des peines, physiques ou morales, et la foi nous aide à ne pas céder au désespoir, à ne pas nous enfermer dans l’amertume, mais à les affronter, en nous sentant enveloppés, comme Jésus, par l’étreinte providentielle et miséricordieuse du Père. »
Le pape a aussi exprimé sa gratitude pour les prières formulées pour sa santé et il a confié son attitude spirituelle : « Sœurs et frères, je vous remercie infiniment pour vos prières. En ce moment de faiblesse physique, elles m’aident à sentir encore plus la proximité, la compassion et la tendresse de Dieu. »
Dans son homélie (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2025/documents/20250413-omelia-palme.html), confiée au cardinal Sandri, le pape a invité à se faire des « cyrénéens » les uns des autres: « La passion de Jésus devient compassion lorsque nous tendons la main à ceux qui n’en peuvent plus, lorsque nous relevons ceux qui sont tombés, lorsque nous embrassons ceux qui sont découragés. Frères et sœurs, pour vivre ce grand miracle de la miséricorde, choisissons pendant la Semaine Sainte comment porter la croix : non pas autour du cou, mais dans le cœur. Non seulement la nôtre, mais aussi celle de ceux qui souffrent à nos côtés ; peut-être celle de cet inconnu que le hasard – mais est-ce vraiment un hasard ? – nous a fait rencontrer. Préparons-nous à la Pâque du Seigneur en devenant des Cyrénéens les uns pour les autres. »
Le pape avait fait une apparition surprise au terme de la messe du Jubilé des malades, dimanche dernier, 6 avril, Place Saint-Pierre, mais son apparition publique précédente remontait au 23 mars, au moment de quitter l’hôpital Gemelli, après 38 jours d’hospitalisation pour une double pneumonie.
Il a aussi fait deux apparitions par surprise cette semaine, l’une dans la basilique vaticane pour un pèlerinage au tombeau de S. Pie X et au mémorial de Benoît XV déjà, jeudi 10 avril, et l’autre à Sainte-Marie Majeure, samedi 12 avril, pour prier Marie à la veille de la Semaine Sainte.
La présence précédente du pape Place Saint-Pierre remontait au dimanche 9 février, soit cinq jours avant son hospitalisation, à l’angélus, à l’occasion du Jubilé des forces de l’ordre, qui a rassemblé quelque 30 000 personnes.
C’est mardi prochain, 15 avril, que le Vatican devrait apporter des précisions sur les cardinaux qui présideront les célébrations du triduum pascal.