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L’héritage de François: «Miséricorde, fraternité et synodalité, trois réalités reliées au cœur de l’Évangile»

Photo : © annemariepelletier.com; Anne-Marie Pelletier

« Miséricorde, fraternité et synodalité sont trois réalités qui nous sont léguées par le pape François comme feuille de route pour l’avenir de l’Église, affirme la théologienne française et lauréate du prix Ratzinger, Anne-Marie Pelletier. Trois réalités reliées au cœur de l’Évangile. Un héritage qui devrait être source d’une grande gratitude et fonder notre confiance en l’avenir. »

Dans un texte publié dans La Vie le 22 avril dernier, Anne-Marie Pelletier réfléchit sur les trois « grands thèmes » du pontificat du pape François dans une tentative de répondre à la question « qui enfle » depuis la mort du pontife : « Et maintenant, quel avenir pour l’Église ? »

En cherchant la réponse, la théologienne note qu’il n’y a « pas d’autre avenir que l’Évangile de la Résurrection, où la vie de Dieu se révèle plus forte que toutes les puissances de mort ». Elle rappelle que « c’est bien à cet Évangile du Christ que le pape François n’aura cessé de nous reconduire depuis les premières heures de son pontificat jusqu’à son terme ». « Voilà la réalité qui importe aujourd’hui par-dessus tout », souligne-t-elle.

Pour le pape François, affirme Pelletier, l’Évangile « ce fut d’abord la miséricorde, l’un des grands thèmes de ce pontificat, qui nous a valu un jubilé de la Miséricorde en 2016 ». « La miséricorde est le nom même de Dieu », cite-t-elle les paroles du pontife argentin. Le pape percevait cette notion comme une « réalité fondamentalement théologique », « la source de toute la pastorale » : la miséricorde « n’est pas un rattrapage pour les vies en difficulté, explique la théologienne. Elle est au principe de l’existence de l’Église, de l’identité de tout chrétien. »

Cette approche a bousculé « sérieusement les consciences croyantes, qui mettent leur confiance dans des fidélités rituelles, ou qui font de leur fidélité un motif d’exclusion des autres, irréguliers et pécheurs ». Cependant, l’Évangile même peut scandaliser et provoquer certains croyants : « Voyez Jésus à la table des publicains, rappelle Pelletier. Voyez, en réponse aux pharisiens scandalisés, la parabole du Publicain et du Pharisien. Ainsi, la charge de provocation des gestes et de la parole du pape François aura été bien souvent, et tout simplement, la charge de provocation de l’Évangile, qui aura accompagné le ministère de Jésus et aura conduit celui-ci jusqu’à son procès et sa condamnation. »

Ensuite, la théologienne aborde un « autre grand motif qui aura occupé constamment la prédication de François, et qui aura inspiré nombre de ses gestes et de ses rencontres : la fraternité, ce cœur de l’Évangile ». Ce « motif », soutient-elle, n’a pas été inventé par le pape François : « La fraternité qui commande le chemin de Jésus, le conduisant tout spécialement jusqu’aux périphéries, qui ne sont donc nullement une spécialité de François ! Cette fraternité, dont la Première Lettre de saint Jean enseigne la dimension mystique, puisqu’aimer Dieu et aimer l’autre, c’est tout un, puisque l’un ne peut se faire sans l’autre. »

Pour Anne-Marie Pelletier, « miséricorde et fraternité sont les deux appuis de l’avenir de l’Église, dont le pape François a été au long de ces années le grand témoin, à l’occasion dérangeant, en enseignant aux chrétiens la véritable radicalité, qu’il leur revient de reconnaître et de vivre dans l’Église et pour le monde ».

Et puis, la théologienne s’arrête sur « le dernier grand chantier ouvert par François, dont nous ne mesurons pas encore vraiment l’importance » : celui de « la synodalité ». Ici, note-t-elle, il y a « tout un programme à remplir » : « Qu’il nous reste d’ailleurs à concrétiser, en faisant que les communautés chrétiennes soient vraiment mobilisées par cette nouvelle configuration de l’Église, fondée sur la reconnaissance que celle-ci est un corps, où nous sommes tous participants à égalité de la grâce baptismale. »

Enfin, Pelletier évoque « la question brûlante de la réforme de l’institution Église, que François mentionnait dès le départ ». Elle est certaine que « sur ce sujet brûlant, les langues vont aller bon train – d’autant qu’il y a incontestablement des motifs de déception » et « de l’impatience accumulée, alors que le début de ce pontificat permettait de rêver ».

Elle cite « deux Lettres au peuple de Dieu, en 2018 » qui « avaient courageusement ouvert le procès du cléricalisme ». Cependant les forces d’inertie et de résistance dans l’Église sont puissantes et « les pesanteurs cléricales continuent à freiner des évolutions nécessaires, qui ne trahissent pas l’Évangile, mais qui, au contraire, pourraient déployer la liberté et la générosité du message chrétien ».

Ainsi, l’héritage laissé par le pape François est une source de réflexion et une source du travail pour l’Église.

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