Photo : © Domaine public; Gaudi en 1878 par Pablo Audouard Deglaire
Anita Bourdin
La cause de béatification d’Antonio Gaudi, le génial architecte catalan, connu surtout pour son œuvre monumentale inachevée de la « Sagrada Familia » de Barcelone, progresse, avec la reconnaissance du fait qu’il a vécu les vertus humaines et chrétiennes de façon « héroïque », c’est-à-dire évangélique.
Un décret reconnaissant ses « vertus héroïques » fait partie des 6 décrets approuvés par le pape François ce 14 avril 2025, lors de l’audience accordée au cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints.
Antonio Gaudí i Cornet, est né le 25 juin 1852 probablement à Reus et il est décédé le 10 juin 1926 à Barcelone (Espagne).
L’influence de Dom Guéranger
La construction de la Sagrada Familia a constitué pour lui un véritable itinéraire spirituel: y vivant en « ermite », il s’est peu à peu dépouillé, spirituellement et matériellement. Et celui que l’on a appelé le « Dante de l’architecture » est mort pauvre, avec les pauvres.
Pour nourrir son art, il lisait « L’année liturgique » du grand bénédictin français, dom Prosper Guéranger (1805-1875), et espérait communiquer à la Sagrada Familia ce qu’il pressentait de « la Jérusalem céleste ». Dans son art puissant, il alliait sa connaissance de la liturgie et sa connaissance du grand livre de la création. Il disait, en désignant un arbre: « c’est mon maître ».
Il avait passé son baccalauréat aux « Écoles Pies » de Reus, avant de venir étudier à l’Institut d’Enseignement Moyen et à la Faculté des Sciences de Barcelone.
Un art total
C’est en 1873 qu’il est entré à l’École provinciale d’architecture de Barcelone, où il a obtenu son titre d’architecte en 1878. Parmi ses architectes favoris, le Français Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) et l’Anglais John Ruskin (1819-1900). Il se définissait lui-même comme l’un des piliers du « style moderne ». Et comme il considérait l’architecture comme un « tout », il a marqué son empreinte des façades aussi bien que des intérieurs.
Sa vie professionnelle s’est déroulée à Barcelone, où il a réalisé l’essentiel de son œuvre, des immeubles résidentiels et urbains ou des œuvres d’inspiration religieuse. Pour la famille Güell, notamment, il construisit le Palais Güell, la Crypte de la Colònia Güell de Santa Coloma de Cervelló et le Park Güell. À Barcelone aussi, il a réalisé, à part la Sagrada Familia, l’École de Santa Teresa de Ganduxer.
La reconnaissance de ses « vertus héroïques » ouvre le chemin vers sa béatification, qui pourrait survenir si l’un des miracles présumés obtenus par l’intercession de Gaudi était authentifié: les faits et les témoignages font l’objet d’enquêtes exigeantes.
Les autres décrets approuvés par le pape François concernent justement un miracle, puis un martyre et les « vertus héroïques » de trois autres baptisés.
Une future bienheureuse en Inde
Un miracle attribué à l’intercession de la « vénérable servante de Dieu » Eliswa de la Sainte Vierge (née Eliswa Vakayil), est authentifié. Il s’agit d’une religieuse indienne fondatrice de la Congrégation du tiers-ordre des carmélites déchaussées, aujourd’hui « Sœurs carmélites thérésiennes ». Elle est née le 15 octobre 1831 à Ochanthuruth et elle est décédée à Varapuzha (Inde) le 18 juillet 1913. Elle pourra être béatifiée prochainement.
Un prêtre italien martyr au Brésil
Le « serviteur de Dieu » Nazareno Lanciotti, prêtre diocésain italien est reconnu comme « martyr »: le fait de ne pas renier sa foi devant le danger de mort suffit à sa béatification, un autre miracle ne sera pas nécessaire. Il est né le 3 mars 1940 à Rome (Italie) et il est mort le 22 février 2001 à São Paulo (Brésil).
Un prêtre belge et deux prêtres italiens
La reconnaissance des « vertus héroïques » de trois baptisés – un prêtre belge et deux prêtres italiens – fait avancer leur cause de béatification: il faudra ensuite la reconnaissance d’un miracle.
Il s’agit de :
– Pierre-Joseph Triest, prêtre diocésain flamand, quadruple fondateur de congrégations religieuses, attentif aux situations de précarité et au sort des malades. Il est né le 31 août 1760 à Bruxelles et décédé à Gand (Belgique) le 24 juin 1836 ;
– Angelo Bughetti, prêtre diocésain italien, fondateur de l’Institut Sainte-Catherine, né le 27 août 1877 à Imola et décédé le 5 avril 1935 à Bologne (Italie) ;
– Agostino Cozzolino, prêtre diocésain italien, né le 16 octobre 1928 à Resina (aujourd’hui Ercolano) et décédé à Naples (Italie) le 2 novembre 1988.