Light
Dark

Veillée pascale: le Christ ressuscité «ne permettra pas au mal d’avoir le dernier mot» (texte complet)

Photo : © Vatican Media; la veillée pascale

Le Christ ressuscité « ne permettra pas au mal d’avoir le dernier mot », affirme le pape François dans son homélie pour la veillée pascale.


« Le Pape est spirituellement avec nous », a rappelé le cardinal italien Giovanni Battista Re, 91 ans, doyen du collège des cardinaux, auquel le pape a confié la présidence de la veillée pascale de ce samedi 19 avril 2025, au cours de laquelle 3 catéchumènes ont été baptisés.

Dans le narthex de la basilique du Vatican, le cardinal Re a béni le feu pascal auquel il a allumé le cierge pascal, symbole du Christ, et il y a gravé dans la cire d’abeille, les lettres grecques qui signifient le commencement et la fin: l’Alpha et l’Omega, et il a incisé la cire avec cinq grains d’encens, rappelant les plaies du Christ par lesquelles les baptisés sont sauvés et trouvent guérison.

Au terme de la longue liturgie de la Parole qui rappelle, la nuit de Pâques, les étapes de l’histoire du salut, le cardinal Re a lu l’homélie préparée par François, encore convalescent pour plusieurs semaines, même si le pape a voulu descendre dans la basilique cette après-midi pour saluer des pèlerins notamment du diocèse américain de Pittsburg.

Le Vatican a expliqué, dans un message sur le canal Télégram de la Salle de presse, que le pape s’est en effet rendu dans la basilique Saint-Pierre vers 17h30, pour y prier et se faire « proche des fidèles » qui s’apprêtaient à célébrer la veillée pascale.

Quelque 5000 personnes ont participé à la veillée pascale, dans la basilique ou sur grands-écrans depuis la Place Saint-Pierre.

Dans son homélie, traversée par l’espérance du Jubilé, le pape a rappelé notamment que Dieu est maître de l’histoire des personnes et des peuples: « En Jésus Ressuscité, nous avons la certitude que notre histoire personnelle et le chemin de l’humanité, même s’ils sont encore plongés dans une nuit où les lumières paraissent faibles, sont entre les mains de Dieu. »

Et d’insister sur la victoire du Christ sur le mal dans les vies des personnes: « Dans son grand amour, ne nous laissera pas vaciller et ne permettra pas au mal d’avoir le dernier mot. »

Car la résurrection du Christ c’est le tournant irrévocable de l’histoire vers la résurrection finale et le fondement de toute évangélisation: « Le Christ ressuscité est le tournant définitif de l’histoire de l’humanité. Il est l’espérance qui ne s’éteint pas. Il est l’amour qui nous accompagne et nous soutient. Il est l’avenir de l’histoire, la destination ultime vers laquelle nous marchons, pour être accueillis dans cette vie nouvelle où le Seigneur lui-même essuiera toutes nos larmes « la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur » (Ap 21, 4). Et cette espérance de Pâques, ce “tournant dans les ténèbres”, nous devons l’annoncer à tous. »

Voici le texte complet de cette homélie, dans la traduction officielle du Vatican.
AB


Homélie du pape François


Il fait nuit lorsque le cierge pascal s’avance lentement vers l’autel. Il fait nuit lorsque le chant de l’hymne ouvre nos cœurs à l’exultation, parce que la terre est « inondée d’une si grande splendeur : la lumière du Roi éternel a vaincu les ténèbres du monde » (Exultet de Pâques). C’est vers la fin de la nuit que les événements racontés dans l’Évangile, qui vient d’être proclamé, se produisent (cf. Lc 24, 1-12) : la lumière divine de la Résurrection s’allume et la Pâque du Seigneur a lieu alors que le soleil est encore sur le point de se lever ; aux premières lueurs de l’aube, on voit que la grande pierre placée sur le tombeau de Jésus a été renversée et que des femmes y arrivent en portant le voile de deuil. Les ténèbres enveloppent le désarroi et la peur des disciples. Tout se passe dans la nuit.

Ainsi, la Veillée pascale nous rappelle que la lumière de la Résurrection éclaire le chemin pas à pas, fait irruption dans les ténèbres de l’histoire sans bruit, brille discrètement dans nos cœurs. Et à cette lumière correspond une foi humble, dépourvue de tout triomphalisme. La Pâque du Seigneur n’est pas un événement spectaculaire par lequel Dieu s’affirme et nous oblige à croire en Lui ; elle n’est pas un but que Jésus atteint par un chemin facile, en contournant le Calvaire ; nous ne pouvons pas non plus en faire l’expérience avec désinvolture et sans hésitation intérieure. Au contraire, la Résurrection est semblable à des germes de lumière qui font leur chemin petit à petit, sans faire de bruit, parfois encore menacées par la nuit et l’incrédulité.

Ce “style” de Dieu nous libère d’une religiosité abstraite, qui s’illusionne en pensant que la résurrection du Seigneur résout tout par magie. Loin de là : nous ne pouvons pas célébrer Pâques sans continuer à nous confronter aux nuits que nous portons dans nos cœurs et aux ombres de mort qui s’accumulent souvent sur le monde. Le Christ a vaincu le péché et détruit la mort mais, dans notre histoire terrestre, la puissance de sa Résurrection est encore en train de s’accomplir. Et cet accomplissement, comme un petit germe de lumière, nous est confié pour que nous le conservions et le fassions grandir.

Frères et sœurs, c’est l’appel que, surtout en cette année jubilaire, nous devons entendre fort en nous : faisons germer l’espérance de Pâques dans nos vies et dans le monde !

Quand nous sentons encore le poids de la mort dans nos cœurs, quand nous voyons les ombres du mal continuer leur marche bruyante sur le monde, quand nous sentons les blessures de l’égoïsme ou de la violence brûler dans notre chair et dans notre société, ne perdons pas courage, revenons à l’annonce de cette nuit : la lumière brille lentement même si nous sommes dans les ténèbres ; l’espérance d’une vie nouvelle et d’un monde enfin libéré nous attend ; un nouveau commencement peut nous surprendre même s’il semble parfois impossible, parce que le Christ a vaincu la mort.

Cette annonce qui ouvre le cœur nous remplit d’espérance. En effet, en Jésus Ressuscité, nous avons la certitude que notre histoire personnelle et le chemin de l’humanité, même s’ils sont encore plongés dans une nuit où les lumières paraissent faibles, sont entre les mains de Dieu ; et Lui, dans son grand amour, ne nous laissera pas vaciller et ne permettra pas au mal d’avoir le dernier mot. En même temps, cette espérance, déjà réalisée dans le Christ, reste aussi pour nous un but à atteindre : elle nous a été confiée pour que nous en devenions des témoins crédibles et pour que le Royaume de Dieu se fraye un chemin dans le cœur des femmes et des hommes d’aujourd’hui.

Comme nous le rappelle saint Augustin, « la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ marque la vie nouvelle de tous ceux qui croient en lui ; et ce mystère de sa mort et de sa résurrection, vous devez le connaître à fond et le reproduire dans votre vie » (Sermon 231, 2). Reproduire la Pâque dans nos vies et devenir des messagers d’espérance, des bâtisseurs d’espérance alors que tant de vents de mort soufflent encore sur nous.

Nous pouvons le faire par nos paroles, par nos petits gestes quotidiens, par nos choix inspirés par l’Évangile. Toute notre vie peut être une présence d’espérance. Nous voulons l’être pour ceux qui manquent de foi dans le Seigneur, pour ceux qui ont perdu leur chemin, pour ceux qui ont abandonné ou qui ont le dos courbé sous les fardeaux de la vie, pour ceux qui sont seuls ou enfermés dans leur souffrance, pour tous les pauvres et les opprimés de la terre, pour les femmes humiliées et assassinées, pour les enfants qui ne sont pas nés et ceux qui sont maltraités, pour les victimes de la guerre. À tous et à chacun, apportons l’espérance de Pâques !

J’aime rappeler une mystique du XIIIe siècle, Hadewijch d’Anvers, qui, s’inspirant du Cantique des Cantiques et décrivant la souffrance due à l’absence de l’être aimé, invoque le retour de l’amour pour que – dit-elle – « il y ait dans mes ténèbres un tournant » (Hadewijch, Poèmes Visions Lettres, Gênes 2000, 23).

Le Christ ressuscité est le tournant définitif de l’histoire de l’humanité. Il est l’espérance qui ne s’éteint pas. Il est l’amour qui nous accompagne et nous soutient. Il est l’avenir de l’histoire, la destination ultime vers laquelle nous marchons, pour être accueillis dans cette vie nouvelle où le Seigneur lui-même essuiera toutes nos larmes « la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur » (Ap 21, 4). Et cette espérance de Pâques, ce “tournant dans les ténèbres”, nous devons l’annoncer à tous.

Sœurs, frères, le temps de Pâques est un temps d’espérance. « Il y a encore la peur, il y a encore la conscience douloureuse du péché, mais il y a aussi une lumière qui perce. […] Pâques apporte la bonne nouvelle que, même si les choses semblent empirer dans le monde, le mal a déjà été vaincu. Pâques nous permet d’affirmer que, même si Dieu semble très loin et que nous restons absorbés par tant de petites réalités, notre Seigneur parcourt le chemin avec nous. […] Il y a beaucoup de rayons d’espérance qui éclairent le chemin de notre vie » (H. Nouwen, Prières du silence. Le chemin de l’espérance, Brescia 2000, 55-56).

Faisons place à la lumière du Ressuscité ! Et nous deviendrons des bâtisseurs d’espérance pour le monde.

© Dicastère pour la communication – Librairie éditrice du Vatican

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *