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«Comment un serviteur peut-il être le chef » « d’une Église? », par Paolo Ruffini

Photo : Georges de La Tour, Les larmes de saint Pierre, 1645, Creveland Museum of art

« Comment un serviteur peut-il être le chef d’un peuple? D’une Église? » : c’est sur cette question que Paolo Ruffini, ancien préfet du dicastère pour la communication, médite dans le texte intitulé «Extra omnes!», «Dehors, tous!» et publié le 5 mai dernier par Vatican News. Il médite aussi sur la figure de l’apôtre Pierre, dont le 266e successeur sera élu au cours du conclave qui vient de commencer ce mercredi 7 mai, à la chapelle Sixtine.

Ruffini rappelle que la réponse à la question sur le serviteur est donnée par Jésus lui-même : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur, dit le Christ dans l’Évangile de saint Marc (10, 42-45). Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous: car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Donc, la réponse de Jésus est « servir » : « C’est à cela que les successeurs de Pierre sont appelés à faire, pour diriger l’Église », résume Ruffini.

Les cardinaux, réunis dès aujourd’hui dans la chapelle Sixtine, « sont appelés à entrer dans le mystère », note-t-il. Ils sont appelés « à laisser non seulement tout le monde, mais tout ce qui est en dehors de la chapelle Sixtine: donc eux-mêmes, leurs pensées, leurs raisonnements; et à se vider totalement pour ne laisser place qu’à l’Esprit, à une dynamique qui les transcende et au mystère de Pierre ».

Le mystère de Pierre

Ruffini rappelle que Pierre est « l’apôtre pour lequel, en lui confiant son Église, le Fils de Dieu a prié le Père avec une recommandation spéciale. Pour qu’il le soutienne en portant sur ses épaules un fardeau autrement trop lourd ».

Pierre est donc «  soutenu par cette prière qui s’est répandue à travers le temps et l’histoire, sur ses successeurs pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui ». Il s’agit, selon Ruffini, d’ « une prière concrète, spéciale justement: pour que sa foi ne défaille jamais face aux épreuves qu’il devra affronter, si différentes et si semblables à celles de notre époque, sécularisée, divisée, polarisée, confuse, courroucée; pleine du désir de commander et pauvre en amour, incapable de comprendre la valeur du service et du bien commun, gonflée de certitudes fragiles et de fausses vérités, imprégnée de rancœurs plus que de miséricorde, si souvent désireuse de vengeance plus que de pardon: ‘Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères.’ (Lc 22, 31-32). »

Pierre est « un mystère de miséricorde et d’amour, de communion et d’écoute », il est « un pécheur pardonné », poursuit Ruffini. Dans les larmes de Pierre, écrit-il, « réside tout son mystère » et « le mystère de l’Église » : Pierre « est l’élu qui, avant de se réjouir, a pleuré amèrement après avoir trahi. Comme Judas. Il a pleuré. … Ces larmes sont peut-être les clés du Royaume. Elles sont les clés de Pierre et de son mystère: une fragilité qui est puissante, précisément parce qu’elle ne brille pas de sa propre lumière. Un roc même s’il ne l’était pas. Qui, pour cette raison même, nous confirme tous dans la foi. »

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