Photo : © Diocèses de Savoie – 2025; p. Camille Costa de Beauregard
Gabriel Klum
Le p. Camille Costa de Beauregard (1841-1910), prêtre savoyard né à Chambéry, a été béatifié dans la cathédrale de sa ville natale, ce samedi 17 mai 2025, à 15h: une béatification suspendue avec le décès du pape François mais confirmée par le pape Léon XIV. La célébration a été présidée par son envoyé spécial, le nonce apostolique à Paris, Mgr Celestino Migliore. La guérison d’un petit orphelin de cinq ans, blessé à l’œil, a permis la béatification.
Le p. Camille est le fondateur de l’orphelinat du Bocage, d’où son surnom de “père des orphelins”. Aujourd’hui un lycée agricole Costa de Beauregard (https://www.fondationdubocage.org/lycee.html) et une maison d’enfants portent encore son nom, sous l’égide de la « Fondation du Bocage ».
Le miracle qui a permis la béatification est la guérison « inexplicable » par la science actuelle, selon l’expression technique, est survenu en 1910. La guérison a été consignée par écrit et une enquête a été faite par sept médecins – leur avis positif est une condition sine qua non – , des historiens, des théologiens et des cardinaux.
Le pape François avait reconnu l’authenticité du miracle, le 14 mars 2024.
Selon l’agence salésienne ANS, cette guérison s’est produite le 28 octobre 1910, alors que le p. Camille était décédé le 25 mars de la même année. Le bénéficiaire, c’est « le petit René », de Chambéry, qui avait subi un « traumatisme oculaire d’un fruit de bardane avec lésion de la cornée et blessure de la conjonctive ». En effet les jolies fleurs de bardane donnent ensuite des fruits épineux.
Le garçon guéri était né le 16 octobre 1899 et, à l’âge de 5 ans, en 1904, il était entré à l’« Orphelinat du Bocage » de Chambéry fondé par le p. Camille. Le 26 septembre 1910, alors qu’il était en route vers Chambéry avec ses compagnons, jouant à lancer les fruits de bardane, épineux. Frappé à l’œil droit, René racontera comment il a vécu l’événement: « À l’époque, je pensais que j’étais aveugle, n’ayant pas pu ouvrir l’œil pendant longtemps tant la douleur était forte. » Dès son retour à l’Institut, il avait immédiatement reçu un lavage oculaire et l’application d’une pommade iodoformée. Des soins prodigués par la sœur infirmière, Joséphine Rigaud, Fille de la Charité de Saint Vincent de Paul.
Dès le lendemain, 27 septembre, le Dr Antoine Denarié, médecin traitant, a examiné l’œil, approuvant les soins apportés par la sœur.
Le 1er octobre 1910, ne constatant aucune amélioration, sœur Rigaud a accompagné René chez l’ophtalmologiste, Amédée Denarié, cousin du médecin de l’orphelinat, qui a trouvé la situation grave. Les jours suivants, il a constaté la persistance des phénomènes inflammatoires « avec une ténacité obstinée ».
Le 20 octobre, alors que la gravité de la blessure à l’œil persistait, sœur Rigaud a lancé une neuvaine de prière pour invoquer l’intercession du fondateur de l’Institut. Le jeune René et toute la communauté y ont participé.
Au septième jour de la neuvaine, le 26 octobre, la sœur a constaté que l’état de l’œil s’était aggravé. Le lendemain, elle a appliqué sur l’œil blessé un morceau de tissu qui avait touché les objets utilisés par le regretté le p. Camille, décédé quelques mois plus tôt.
Deux jours plus tard, dernier jour de la neuvaine, le 28 octobre au matin, quand la sœur a retiré le tissu avec lequel elle avait fait le pansement, elle constata que l’œil était guéri.
Le 2 novembre 1910 à 9h30, l’ophtalmologiste Denarié a à son tour constaté la guérison: « L’œil est complètement guéri : aucune trace d’inflammation sur la conjonctive qui a retrouvé sa couleur blanche normale, la cornée a retrouvé sa brillance et son aspect naturel. »
Le 5 novembre suivant, l’ophtalmologiste Denarié a examiné à nouveau l’œil du petit René certifiant que « la guérison restait complète ».
C’est la première fois qu’une béatification a lieu à Chambéry depuis la réforme de Benoît XVI, qui a repris la tradition des béatifications dans les régions où le nouveau bienheureux a vécu, pour permettre la participation du peuple de Dieu. Les canonisations ont lieu à Rome. Et c’est la seule béatification en France en 2025.
Pour tout savoir sur la béatification du p. Camille:
