Photo: © Vatican Media; le 8 mai 2025
Anita Bourdin
« Que la Paix soit avec vous tous! » : ce sont les premières paroles prononcées par le nouveau pape, Léon XIV, ce jeudi 8 mai 2025, depuis la loggia des bénédictions de la façade de la basilique Saint-Pierre devant une foule de quelque 100 000 personnes accourues dès la nouvelle de la « fumée blanche » qui s’échappait de la cheminée de la chapelle Sixtine dès 18h13.
Un pape qui a prononcé 10 (dix) fois le mot « paix » en quelques minutes: une paix « désarmée », « désarmante », « humble ». Mais aussi les mots « dialogue », « justice », « synodalité », « marche ensemble », au cours d’une allocution centrée sur le Christ et la mission.
Il a aussi proclamé sa confiance dans le Christ Jésus: « Le Christ nous précède! » Et dans la Vierge Marie, en ce jour de fête au sanctuaire du rosaire de Pompéi (https://www.santuario.it/) dû au bienheureux Bartolo Longo, qui pourrait être bientôt canonisé.
Les cardinaux réunis en conclave ont élu le 267e pape en plus de 24 heures, et au 4e tour de scrutin, comme pour Benoît XVI et Jean-Paul Ier. Il avait fallu 5 scrutins pour le pape François et 3 pour le Pie XII en 1939. Dix tours pour Jean XXIII, 6 pour Paul VI, 8 pour Jean-Paul II.
À 19h12, le cardinal proto-diacre Dominique Mamberti est apparu à la loggia, pour proclamer en latin, sous les ovations: « Je vous annonce une grande joie: nous avons un pape! » Tous attendaient son nom. Le cardinal Mamberti a annoncé, toujours en latin, le nom du cardinal élu et le nom qu’il a choisi comme pape: « Robert Francis cardinal de la Sainte Église romaine Prevost, qui a choisi comme nom Léon XIV ».
Le pape Léon XIV, 69 ans, s’est alors avancé, sous les ovations de la place Saint-Pierre, revêtu de la soutane blanche et de la calotte blanche des papes, et sur ses épaules le camail rouge et l’étole rouge et or des bénédictions solennelles.
Visiblement ému, en faisant de grands signes pour saluer la foule, le nouveau pape s’est adressé à tous en italien et en espagnol. Originaire de Chicago, c’est le premier pape venu des États-Unis, mais il est aussi de nationalité péruvienne. Il a tenu à saluer son ancien diocèse de Chiclayo. En somme, il unit en lui tout le continent américain. Plus encore, d’origine française, italienne et espagnole, il réunit l’Amérique et l’Europe.
Il était depuis avril 2023 préfet du Dicastère pour les évêques: il a accompagné le pape François à Marseille et à Ajaccio. C’est le pape François qui l’a nommé évêque et qui l’a ensuite « créé » cardinal le 30 septembre 2023 et nommé président de la Commission pour l’Amérique latine. Il est un religieux de l’Ordre de Saint-Augustin et il a été « prieur général » de son ordre.
Il n’a pas manqué de placer sa bénédiction dans la continuité de celle du pape François, et de son message de Pâques pour la paix.
Le cardinal Prevost a choisi le nom de Léon XIV, c’est-à-dire qu’il met aussi ses pas dans les pas de Léon XIII (1810-1903), connu comme le pape de la première encyclique sociale, Rerum Novarum (1891). Il a également condamné l’esclavage et la traite humaine. C’est le pape que sainte Thérèse de Lisieux est allée trouver à Rome pour demander de pouvoir entrer au carmel à 15 ans… Pape marial (12 encycliques), il a aussi promu l’amour du Cœur du Christ, avec une encyclique sur la consécration du genre humain au Sacré-Cœur: un point commun avec le pape François. Et beaucoup d’autres initiatives, lui qui a été élu pape à 67 ans, et l’a été pendant plus de 25 ans.
Son nom renvoie aussi clairement à saint Léon le Grand (v. 400-461), « leo » signifiant, en latin, le « lion »! Il a fait proclamer la foi dans le Christ vrai Dieu et vrai homme au concile de Chalcédoine (451) et qui a réussi à sauver Rome menacée par Attila. Il insistait sur la force du baptême en disant cette phrase bien connue: “Souviens-toi, ô chrétien, de ta dignité ! Souviens-toi de quelle Tête et de quel Corps tu es membre par ton baptême.”
Une fois la prière à Marie achevée, le pape est resté encore un moment à saluer la foule qui a encore scandé un moment le nom de « Léon » en italien: « Le-o-ne! ».
Comme c’est la tradition le lendemain d’une élection, demain, vendredi 9 mai, Léon XIV présidera la messe avec les cardinaux dans la chapelle Sixtine. Il devrait choisir sa résidence: Sainte-Marthe, plus moderne, ou les appartements pontificaux, assez austères et isolés?
Il devrait aussi fixer la date de l’inauguration de son pontificat: le 13, Notre Dame de Fatima, semble un peu tôt, le 14, fête de l’apôtre Matthias, le 16, saint Honoré d’Amiens, le 17, saint Pascal Baylon, nommé par Léon XIII le patron des Congrès eucharistiques ou le 18, anniversaire de Jean-Paul II, (mais cela semble un peu loin de l’élection)? Le pape François, élu le 13 mars, avait choisi la solennité de saint Joseph, le 19 mars. Benoît XVI, élu le 19 avril avait inauguré son pontificat le 24.
Prochain rendez-vous public: dimanche, 11 mai, pour l’angélus de midi, Place Saint-Pierre. Lundi 12 mai, le pape recevra les membres des médias accrédités qui ont couvert les événements de ces dernières semaines. Le pape François avait aussi consacré sa première audience à la presse internationale. On parle de quelque 5 000 journalistes du monde entier ayant demandé une accréditation pour le conclave.
Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution, en majeure partie préparée, prononcée par le pape Léon XIV, en italien et en espagnol. Il a ensuite donné la bénédiction solennelle « Urbi et Orbi », à la ville et au monde.
Allocution du pape Léon XIV
(en italien)
Que la Paix soit avec vous tous! Très chers frères et sœurs, c’est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Berger qui a donné sa vie pour le troupeau du Seigneur. Moi aussi je voudrais que cette salutation de paix entre dans votre cœur, qu’elle rejoigne vos familles, toutes les personnes, où qu’elles soient, tous les peuples, toute la terre. Que la paix soit avec vous!
(ovations de la foule: Le-o-ne, Le-o-ne, Le-o-ne!)
C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante et persévérante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous, de façon inconditionnelle.
Nous gardons encore dans nos oreilles la voix faible mais toujours courageuse du pape François qui bénissait Rome.
(applaudissements)
Le pape qui bénissait Rome donnait sa bénédiction au monde, au monde entier, au matin du jour de Pâques.
Permettez-moi de donner une continuation à cette même bénédiction: Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne l’emportera pas. Nous sommes tous dans les mains de Dieu. Donc, sans peur, unis, la main dans la main avec Dieu au milieu de nous, et au milieu de nous, nous allons de l’avant. Nous sommes disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de lui comme le pont pour être rejointe par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, et puis les uns les autres, à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. Merci au pape François!
Je veux remercier aussi tous les confrères cardinaux qui m’ont choisi moi pour être Successeur de Pierre et pour marcher ensemble avec vous, comme Église unie en cherchant toujours la paix, la justice, en cherchant toujours à travailler en tant qu’hommes et femmes fidèles à Jésus Christ, sans peur, pour proclamer l’Évangile, pour être des missionnaires.
(ovations)
Je suis un fils de saint Augustin – un Augustin -, qui a dit: « Avec vous je suis chrétien, et pour vous évêque. » Dans ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers cette patrie que Dieu nous a préparée.
A l’Église de Rome, une salutation spéciale!
(applaudissements)
Nous devon chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, le dialogue, toujours ouverte à recevoir comme cette place les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence: le dialogue et l’amour.
(en espagnol)
Et si vous me permettez aussi, un mot, une salutation à tous ceux, en particulier à mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi, et a donné tellement, tellement, pour continuer à être l’Église fidèle de Jésus-Christ.
(en italien)
A vous tous, frères et soeurs de Rome, d’Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche toujours à être spécialement proche de ceux qui souffrent.
C’est aujourd’hui le jour de la Supplique à la Vierge de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche, nous aider par son intercession et par son amour.
Alors je voudrais prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère.
[Ave Maria]
© Traduction de vaticaninfo.com
