Photo : © Vatican Media; le card. Fernàndez Artime
« J’attends que vous réveilliez le monde, parce que la note qui caractérise la vie consacrée, c’est la prophétie »: par ces mots du pape François, le cardinal espagnol Fernàndez Artime a salué l’engagement des personnes consacrées lors de la célébration eucharistique pour le pape défunt, au huitième jour des « novemdiales », à 17h, samedi 2 mai 2025, dans la basilique vaticane, en présence de représentants de la vie consacrée.
Le cardinal salésien Ángel Fernández Artime, ancien pro-préfet du dicastère pour la vie consacrée, a cité, dans son homélie, les enseignements du pape François mais aussi de Benoît XVI et de Jean-Paul II, mais aussi saint Athanase, saint Benoît et son invitation à « ne rien préférer à l’amour du Christ », et le saint curé d’Ars. La vie consacrée est aussi « présence prophétique », « dévouement évangélique », « service », au cœur du Peuple de Dieu et du monde, a-t-il souligné.
Voici notre traduction du texte italien publié par le Vatican.
AB
Homélie du card. Artime
Chers frères et sœurs, saint Alphonse-Marie de Liguori enseigne que prier pour les morts c’est la plus grande œuvre de charité. Lorsque nous aidons matériellement nos prochains, nous partageons des biens éphémères, mais lorsque nous prions pour eux, nous le faisons avec des biens éternels. Le saint curé d’Ars, patron universel des prêtres, a vécu de la même manière. Prier pour les morts signifie donc d’aimer ceux qui sont morts et c’est ce que nous faisons maintenant pour le pape François, rassemblés en tant que Peuple de Dieu, avec les pasteurs et d’une manière particulière ce soir avec une présence très significative d’hommes et de femmes consacrés.
Le Saint-Père François se sentait très aimé par le peuple de Dieu et il savait que ceux qui appartiennent à des différentes expressions de la vie consacrée l’aimaient aussi ; qu’ils priaient pour son ministère, pour la personne du pape, pour l’Église, pour le monde. En ce troisième dimanche de Pâques, tout invite à se réjouir, à exulter.
Le motif de cela est donné par le Seigneur Ressuscité et par la présence de l’Esprit Saint. Saint Athanase affirme que Jésus-Christ ressuscité fait de la vie de l’homme une fête continuelle. Et c’est pour cela que les Apôtres – et Pierre le premier – n’ont pas eu peur de la prison, ni des menaces, ni d’être à nouveau persécutés. Et en fait, ils déclarèrent avec courage et franchise : « De ces choses, nous sommes témoins, ainsi que l’Esprit Saint, que Dieu a envoyé à ceux qui lui obéissent. »
Je me demande, disait le pape François, dans une de ses catéchèses sur ce même passage – où les premiers disciples trouvent la force de leur témoignage. Non seulement cela, mais d’où leur venait la joie et le courage de l’annonce malgré les obstacles et la violence?
Il est clair que seule la présence, avec eux, du Seigneur ressuscité et l’action de l’Esprit Saint peuvent expliquer ce fait. Leur foi était fondée sur une expérience si forte et si personnelle du Christ, mort et ressuscité, qu’ils n’avaient peur de rien ni de personne. « Aujourd’hui comme hier, Les hommes et les femmes de la génération actuelle ont un grand besoin de rencontrer le Seigneur et son message de salut libérateur », disait saint Jean-Paul II, à l’occasion du Jubilé de la vie consacrée, le 2 février 2000 (https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/consecrated_life/documents/hf_jp-ii_mes_20000202_consecrated-life-day.html), en s’adressant à des religieux et à des religieuses du monde entier, et il ajoutait :
« J’ai pu me rendre compte de la valeur de votre présence prophétique pour tout le peuple chrétien (…) et je rends volontiers hommage, également en cette circonstance, à l’exemple de dévouement évangélique généreux offert par vos innombrables confrères et consoeurs, qui travaillent souvent dans des conditions difficiles. Ils se prodiguent sans réserve, au nom du Christ, au service des pauvres, des exclus, des laissés-pour-compte. »
Frères et sœurs, il est vrai que nous tous, toute cette assemblée en tant que baptisés, nous sommes appelés à être témoins du Seigneur Jésus, mort et ressuscité. Mais il n’est pas moins vrai que nous, hommes et femmes consacrés, nous avons reçu cette vocation, cet appel à la vie de disciple qui nous demande de témoigner de la primauté de Dieu par toute notre vie. Cette mission est particulièrement importante lorsque, – comme aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde -, on fait l’expérience de l’absence de Dieu ou que l’on oublie trop facilement son caractère central. Alors, nous pouvons assumer et faire nôtre le programme de saint Benoît Abbé, résumée dans la maxime: « Ne rien préférer à l’amour du Christ ».
C’est le Saint-Père Benoît XVI qui nous a interpellés de cette manière : au sein du Peuple de Dieu, les personnes consacrées sont comme des sentinelles qui aperçoivent et annoncent la vie nouvelle déjà présente dans notre histoire (cf. Message du 2 février 2006, https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2006/documents/hf_ben-xvi_hom_20060202_presentation-lord.html). Nous sommes appelés, en raison de notre baptême et de notre profession religieuse, à témoigner que Dieu seul donne la plénitude à l’existence humaine et que, par conséquent, notre vie doit être un signe éloquent de la présence du Royaume de Dieu pour le monde d’aujourd’hui.
Nous sommes donc appelés à être dans le monde un signe crédible et lumineux de l’Évangile et de ses paradoxes. Sans nous conformer à la mentalité de ce siècle, mais en nous transformant et en renouvelant notre engagement en permanence. Dans l’Évangile, nous avons entendu que le Seigneur ressuscité attendait ses disciples sur le rivage de la mer. Le récit dit que lorsque tout semblait fini, un échec, le Seigneur s’est rendu présent, qu’il est allé à la rencontre des siens qui – pleins de joie – ont réussi à s’exclamer par la bouche du disciple que Jésus aimait : « C’est le Seigneur. » Dans cette expression, nous saisissons l’enthousiasme de la foi pascale, pleine de joie et d’étonnement, qui contraste fortement avec le sentiment d’égarement, de découragement, let d’impuissance présent jusque-là dans l’esprit des disciples.
C’est seulement la présence de Jésus ressuscité qui transforme toute chose : les ténèbres sont vaincues par la lumière ; le travail inutile devient de nouveau fécond et prometteur ; le sentiment de fatigue et d’abandon laisse la place à un nouvel élan et à la certitude qu’il est avec nous. Ce qui s’est passé pour les premiers témoins privilégiés du Seigneur peut et doit devenir pour nous tous un programme de vie.
Le pape François a dit à l’occasion de l’Année de la vie consacrée : « J’attends que vous réveilliez le monde, parce que la note qui caractérise la vie consacrée, c’est la prophétie » (cf. https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/papa-francesco_lettera-ap_20141121_lettera-consacrati.html). Et il nous demandait d’être des témoins du Seigneur comme Pierre et les Apôtres, même face à l’incompréhension du Sanhédrin d’autrefois ou des aréopages sans Dieu d’aujourd’hui. Il nous demandait d’être comme la sentinelle qui veille sur nous pendant la nuit et sait quand l’aube arrive. Il nous demandait d’avoir un cœur et un esprit suffisamment purs et libres pour reconnaître les femmes et les hommes d’aujourd’hui, comme nos frères et sœurs, en particulier les plus pauvres, les laissés-pour-compte, les rejetés, parce que le Seigneur est en eux et à la mesure de notre passion pour Dieu, pour le Royaume et pour l’humanité, nous pourrons, comme Pierre, répondre au Seigneur : « Seigneur, tu sais tout ! Tu sais que je t’aime. »
Que Marie, Mère de l’Église, nous accorde à tous la grâce d’être aujourd’hui des disciples missionnaires, témoins de son Fils dans cette Église qui est la sienne et qui – sous la conduite de l’Esprit Saint -, vit dans la l’espérance, parce que le Seigneur ressuscité est avec nous jusqu’à la fin des temps. Amen.
© Traduction de vaticaninfo.com