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Commission pour la protection des mineurs: Mgr Verny nommé président

Photo : © Vatican Media; le pape Léon et Mgr Verny

Gabriel Klum

Mgr Thibault Verny, français, 59 ans, a été nommé par le pape Léon XIV comme président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, ce samedi 5 juillet 2025, annonce le Vatican. Il succède au cardinal Sean O’Malley, 81 ans, capucin, archevêque émérite de Boston (États-Unis).

Mgr Verny est archevêque de Chambéry et évêque de Saint-Jean-de Maurienne et de Tarentaise (France), depuis 2023, et également jusqu’ici membre de cette commission vaticane. Il conserve ses responsabilités diocésaines. En tant qu’ancien évêque auxiliaire de Paris (2016-2023), il a participé activement à la lutte contre les abus dans l’Église, consacrant du temps à l’écoute et l’accompagnement des victimes et à l’interaction avec les autorités civiles et judiciaires.

Il a été Président du Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie de la Conférence épiscopale française jusqu’en juin dernier. En tant que tel, il a géré, en France, des dossiers de pédocriminalité et de violences sexuelles commises dans l’Église catholique, et, en 2021, il a annoncé la création d’un centre d’accueil pour les hommes d’Église ayant commis des violences sexuelles. C’est Mgr Gérard Le Stang, évêque d’Amiens, qui a été élu pour lui succéder lors de la dernière assemblée plénière.

Dans un entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News, Mgr Verny voit dans sa nomination une forme de reconnaissance du travail réalisé par l’Église de France. Il confie sa réaction à la nouvelle de sa nomination: « Trois mots me sont venus à l’esprit et dans mon cœur. Tout d’abord le mot humilité face à l’importance et à la gravité de la mission et des enjeux qui en découlent. Et puis le mot reconnaissance, vis-à-vis de notre Saint-Père, le Pape Léon XIV, pour la confiance qu’il me manifeste; reconnaissance évidemment aussi vis-à-vis du cardinal O’Malley que j’ai côtoyé au sein de la commission et pour tout son travail. Le troisième mot, c’est détermination pour poursuivre et approfondir ce travail. »

Il revient sur son travail au sein de la CEF pour la lutte contre les abus: « En France, ma mission d’abord au sein du diocèse de Paris et ensuite de la Conférence des évêques m’a permis d’être à l’écoute des personnes victimes et de cheminer aussi avec elles. C’est une expérience décisive. Il m’a également été donné de travailler avec les interlocuteurs de la société civile, en particulier de la justice, avec lesquels nous avons pu mettre au point des protocoles de travail qui ont permis de stabiliser une méthodologie. C’est aussi un effet marquant de pouvoir travailler avec les instances civiles, en sus, bien sûr, de les tous les diocèses de France. »

Mgr Verny souhaite pouvoir favoriser un travail commun transversal entre les différents pays: « Je pense d’abord aux membres de la Commission pour la protection des mineurs et à tous ceux qui y travaillent. Je suis touché de continuer d’approfondir ce travail avec chacun des membres et avec l’équipe en place. Les priorités seront d’approfondir le travail qui a été déjà présenté à travers le rapport annuel, les initiatives auprès des pays qui en ont besoin et à travers l’initiative Memorare pour accompagner les Églises dans l’accueil et l’accompagnement des personnes victimes. Il y aura aussi le référentiel qui devrait bientôt paraître, qui donne des lignes directrices pour l’accompagnement et la protection des mineurs. Un autre point me semble important qui sera de pouvoir mettre en réseau les initiatives. Trop souvent, chaque pays travaille de son côté. Il faut pouvoir s’épauler les uns les autres et pouvoir partager ce qui se fait. »

Il redimensionne le rôle de la Commission pontificale: « La Commission n’est pas là pour se substituer aux structures locales et aux conférences épiscopales. Il s’agit de sensibiliser dans les différents pays les différentes Conférences épiscopales, les différentes congrégations religieuses, sur l’écoute et l’accompagnement spécifiques des personnes victimes. Au sein de la Commission pour la protection des mineurs. Il est décisif qu’il y ait des personnes victimes, des parents de personnes victimes qui apportent leur expérience irremplaçable. Il me semble que c’est toute une mentalité, une culture, qu’il faut que l’on continue d’imprimer au sein des Églises, pour qu’il y ait un état d’esprit de protection des mineurs qui devienne naturel, que ce soit au sein de l’Église, au sein des familles et aussi au sein de la société. »

Il souligne ce qu’il appelle « l’exigence » et les attentes de l’opinion publique: « Exigence de vis-à-vis de l’Église au regard de sa mission, au regard de sa place dans la société, et l’attente d’une Église vraiment exemplaire en mesure de prendre soin des personnes vulnérables et en particulier des mineurs. Il y a cette part d’humilité à avoir de la part de l’Église, la reconnaissance de la vérité pour pouvoir regarder l’avenir. Quant à tout le travail de la commission réalisé depuis sa création, il doit s’approfondir à la fois dans le paysage romain, celui de la Curie Romaine, mais aussi dans le paysage des conférences épiscopales et des congrégations religieuses. À ce titre, le rapport annuel y contribue. »

Enfin, pour ce qui est de la reconstruction de la « confiance », il souligne l’importance de poursuivre le travail: « Je reste prudent. La confiance ne se décrète pas. Elle se mérite et elle se travaille jour après jour. Il y a une tentation de vouloir parler d’autre chose, de vouloir tourner la page. Or, le travail de vérité et d’accompagnement des personnes victimes doit se poursuivre. La protection des mineurs demeure et sera toujours un sujet d’actualité. C’est à cette condition que l’Évangile sera audible et crédible. »

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