Photo : © Vatican Media; le pape Léon visite Borgo Laudato si’ à Castel Gandolfo; le 29 mai
Gabriel Klum
Les lectures bibliques pour la messe votive “pro custodia creationis”, pour « la sauvegarde de la Création », ont été présentées au Vatican, le 3 juillet 2025, avec une insistance particulière sur la responsabilité des baptisés dans la sauvegarde de la Création.
Le pape Léon XIV présidera cette messe pour la première fois, dans le « Borgo Laudato si’ », mercredi prochain, 9 juillet 2025, au cours de ses vacances à Castel Gandolfo.
La responsabilité des baptisés
Dans sa présentation de cette liturgie, le cardinal canadien Michael Czerny, jésuite, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, a insisté sur la responsabilité humaine, en disant notamment, rapporte Vatican News: « Nous sommes les administrateurs de ce que Dieu nous a confié »
L’élaboration de la liturgie de cette messe avait été lancée sous le pontificat de François, avec une collaboration interdicastérielle. Elle s’inscrit dans le cadre des « messes pour différentes nécessités et occasions » – Missae “pro variis necessitatibus vel ad diversa” – du Missel romain, qui compte déjà 49 formulaires de messes : 20 concernent l’Église, 17 les nécessités civiles, et 12 différentes circonstances.
Les nouveaux textes sont publiés à l’occasion de deux anniversaires, a souligné le cardinal Czerny: le « Message révolutionnaire pour la Journée mondiale de la paix », publié par saint Jean-Paul II il y a 35 ans, en 1990, et intitulé « La paix avec Dieu Créateur, la paix avec toute la Création », et le 10e anniversaire de l’encyclique du pape François Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune (2015) et qui appelle de ses vœux une écologie humaine « intégrale » et non pas « superficielle ou apparente ».
Le cardinal canadien a cependant rappelé que « le thème de la Création (…) est toujours présent dans la liturgie catholique », parce que « l’Eucharistie unit le ciel et la terre, embrasse et pénètre toute la Création. Et quand on la célèbre, tout le cosmos rend grâce à Dieu ». La nouvelle messe entend donc apporter « un soutien liturgique, spirituel et communautaire pour le soin dont nous devons tous faire preuve à l’égard de la nature, notre maison commune ».
Le cardinal canadien a aussi rappelé que dans son message à l’occasion de la 10e Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, Léon XIV a salué l’héritage de l’encyclique Laudato si’. Il s’agit, a-t-il expliqué d’« un grand acte de foi, d’espérance et de charité », d’une invitation « à répondre avec soin et amour, dans un sentiment toujours croissant d’émerveillement, de respect et de responsabilité ».
En effet, a conclu le cardinal, « nous sommes tous appelés à être de fidèles administrateurs de ce que Dieu nous a confié, dans nos choix quotidiens et dans les politiques publiques, ainsi que dans la prière, dans le culte et dans la façon dont nous vivons dans le monde ».
Le point de vue de la liturgie
Pour sa part, l’archevêque franciscain Vittorio Francesco Viola, secrétaire du dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements, a rappelé que « la liturgie célèbre à chaque moment de l’Année liturgique le mystère de la Création »: par exemple lors de la Veillée pascale, la première lecture est le récit de la Création; dans le baptême est récitée la prière de bénédiction de l’eau; dans la Liturgie des Heures « le thème de la création est très présent ». Et « dans l’expérience chrétienne, le dimanche est avant tout une fête pascale, entièrement illuminée par la gloire du Christ ressuscité. C’est la célébration de la “nouvelle Création” ».
Tous ces éléments, a expliqué le prélat, « favorisent la prise de conscience croissante de l’importance de la sauvegarde de la Création, dont le sens profond est révélé dans le mystère pascal que la célébration rend présent »: aujourd’hui, « également grâce au magistère du Pape François, nous sommes davantage conscients de nous trouver dans une situation de grave crise » écologique et environnementale.
Du point de vue de la liturgie, a-t-il encore précisé, les fêtes des « Rogations » et les « Quatre-Temps », c’est-à-dire les quatre séries de trois jours de jeûne et d’abstinence instituées par l’Église et célébrées au début des quatre saisons de l’année, confèrent une importance particulière à la Création: désormais, elles seront « régies par les Conférences épiscopales, tant en ce qui concerne le moment que la façon de les célébrer » afin qu’elles s’adaptent « aux diverses situations locales et aux nécessités des fidèles ».
L’archevêque a lui aussi appelé les baptisés à la responsabilité: « Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée » et « aujourd’hui, nous devons rejeter avec force que le fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et le mandat de soumettre la terre puisse signifier une quelconque domination absolue sur les autres créatures ».
Sauvegarder, a-t-il expliqué, « signifie protéger, prendre soin, préserver, conserver, veiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre être humain et nature. Chaque communauté peut prendre de la bonté de la terre ce dont elle a besoin pour sa survie, mais elle a également le devoir de la protéger et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures ».
Or, aujourd’hui, « l’harmonie entre le Créateur, l’humanité et toute la Création a été détruite, car nous avons prétendu prendre la place de Dieu, refusant de nous reconnaître comme créatures limitées », car « le péché se manifeste dans toute sa force de destruction dans les guerres, dans les diverses formes de violence et de mauvais traitements, dans l’abandon des plus fragiles, dans les atteintes contre la nature ».
Au contraire, a expliqué l’archevêque franciscain, « l’harmonie avec toutes les créatures ne peut que naître d’une expérience de réconciliation qui rend la communion avec Dieu et avec nos frères possible ».
Les lectures bibliques choisies pour la « Missa pro custodia creationis » offrent diverses pistes de réflexion, a continué Mgr Viola: le Livre de la Sagesse (13, 1-9 : S’ils ont suffisamment appris à explorer le monde, comment se fait-il qu’ils n’aient pas plus facilement trouvé son maître ?) « invite à reconnaître la beauté du Créateur dans les créatures »: « Cette page est reprise par le Psaume responsorial (18, 2-3 ; R. Les cieux racontent la gloire de Dieu), qui unit l’assemblée à la création qui chante la gloire de Dieu. L’hymne de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens (1, 15-20 : Tout a été créé par lui et pour lui) propose une lecture christologique de la création. Le Psaume responsorial (103, 1-2a. 5-6 10.12. 24.35c ; Refrain : Que le Seigneur se réjouisse de toutes ses créatures) est un chant de bénédiction pour l’œuvre créatrice de Dieu. »
Pour ce qui est des deux passages évangéliques proposés (Mt 6, 24-34 : « Regardez les oiseaux du ciel… Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice » ; Mt 8, 23-27 : « Il se leva, menaça les vents et la mer, et il y eut un grand calme »), « ils représentent, d’une certaine manière, un « défi » et une opportunité de mettre en pratique cette herméneutique correcte des textes bibliques, faute de quoi – comme le souligne LS 67 – on pourrait finir par soutenir des positions incompatibles avec les données de l’Apocalypse, comme par exemple l’attitude que LS 69 qualifie d’« anthropocentrisme déviant » », a expliqué Mgr Viola.
Avec Vatican News